Cassandra Lang faisait partie de la guilde des voleurs. C’était une gamine dynamique et un peu gauche. Élevée par son père depuis sa naissance, la malheureuse n’avait jamais connu sa mère, morte en couche. Scott Lang était un voleur de longue date, habile, malin et soucieux de pouvoir transmettre ses astuces à sa descendance. Il avait un peu fait la gueule en constatant que sa femme lui avait donné une fille et non un fils, mais en tira rapidement un grand avantage. Les filles étaient beaucoup plus petites et agiles. Cassandra avait toujours vécu au sein de cette guilde, elle était presque la mascotte, mais également la hantise de ses instructeurs. Cassandra était très maladroite et trop spontanée. Il était difficile pour ses professeurs de la rendre attentive à un exercice plus de deux minutes alors quand ils accueillirent Aedan Holmes au sein de la guilde et que les deux enfants en sont venus à s’apprécier… ce fut l’enfer. Les deux formaient un duo de catastrophes et une seule question pendait aux lèvres des membres de la guilde : comment ont-ils fait pour se retrouver dans cette situation ? Aussi furent-ils tous très angoissés le jour où les deux jeunes gens durent passer leur test d’admission en cambriolant un château. On les avait briefés pendant des semaines sur la marche à suivre, les objets convoités par la guilde et le chemin à emprunter.

Pour en arriver là, à ce moment précis.

Cassandra baissa la tête sur les indications que le chef des voleurs avait griffonnées sur le bout de parchemin. Elle avait la désagréable impression qu’Aedan et elle s’étaient totalement trompés d’endroit, mais elle ne saurait pas dire pourquoi. Elle passa une main nerveuse derrière sa nuque et grimaça. « Il avait pas dit que ça devait être un château normalement ? » Ils avaient pourtant bien suivi le plan qu’on leur avait donné. Même si Cassandra ne savait pas lire une carte et qu’elle était presque sûre qu’Aedan c’était la même chose. Ils avaient hoché la tête pour éviter de décevoir les instructeurs de la guilde des voleurs. Ils auraient peut-être du tourner à droite à la précédente clairière… parce qu’au lieu d’être face au prestigieux château du seigneur Doe, ils étaient face à une cabane légèrement miteuse, perdue au milieu des bois. « J’comprends pas où on a foiré, Aedan. » Soupira-t-elle en rangeant le parchemin dans la poche de son pantalon. « Qu’est-ce qu’on fait ? » Demanda-t-elle à son ami en se mettant au même niveau que lui. Elle n’avait pas franchement envie de rebrousser chemin parce qu’ils allaient encore plus se perdre dans la forêt, elle le sentait et ils allaient mettre des jours à retrouver leur chemin jusqu’à la guilde. De plus, elle n’avait pas encore envie de voir la déception dans le regard de tous les membres (et surtout son père). « On pille quand même cet endroit en disant à Benhr* qu’on est tombé sur un chouette endroit et qu’on s’est dit qu’on ne pouvait pas passer devant cette occasion ? » Aedan et elle étaient très forts pour trouver des excuses pour le fait d’avoir raté leur mission, mais pour le coup, la jeune fille n’avait vraiment pas envie de passer des jours à chercher ce maudit château et avec un peu de chance, ils allaient pouvoir trouver quelque chose de sympathique dans cette cabane.

Spoiler:

bad thievesSi je fais mon tour pas dans le même sens que vous, ça annule. Mais si je le fais dans le même sens que vous, ça le double !


Aedan ne se souvenait plus vraiment comme il s'était retrouvé dans la guilde. En fait, il se rappelait vaguement qu'alors qu'il essayait de voler un homme, celui-ci l'avait attrapé. C'était un voleur faisant partie d'une guilde et il devait trouver de nouvelles recrues. Pour le jeune homme, c'était un peu un signe du destin. La guerre avait détruit sa famille : il ne savait pas si ses frères et soeurs étaient vivants ou morts mais à quoi bon les chercher dans ce monde si vaste ? Il avait alors décidé d'essayer de s'en sortir avant toute chose. C'est comme ça qu'il avait commencé à voler à droite et à gauche. Franchement, il n'était pas très doué mais il était une véritable anguille : rapide et prêt à s'en sortir à n'importe quel moment. Il arrivait facilement à échapper aux personnes qui voulaient lui foutre la correction de sa vie - heureusement pour lui.

Finalement, l'homme l'avait ramené à sa guilde. Aedan se souvient d'ailleurs que c'était pour de force que de gré mais bon... Il avait maintenant un toit au dessus de sa tête, de quoi manger tous les soirs et une amie - Cassie, la meilleure - alors franchement il n'allait pas se plaindre. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, elle et le jeune homme s'entraînaient comme des dingues pour arriver à passer le test d'admission pour intégrer réellement la guilde. Il fallait dire que ça n'avait pas été simples : les deux jeunes gens avaient le sens d'orientation d'un bulot et leur maladresse commune était tellement légendaire que tout se demandait comment ils pouvaient encore être en vie et ce qu'ils avaient fait dans une vie antérieure pour être ainsi malchanceux. Mais il se soutenaient et formaient, malgré tout ça, un duo dynamique et complémentaire qui souhaitait bien faire. C'est pourquoi le chef de guilde avait pris une grande décision : il était temps pour eux de passer le test. Le jeune homme se souvenait encore de l'air ravi que le visage de Cassie et le sien avaient affichés. Ils avaient réussis ! Ils s'étaient sautés dans les bras. Oui, bon, certes ils n'étaient pas encore "officiellement" dans la guilde mais c'était déjà un grand pas pour eux d'accéder à cette étape.

Seulement tout ne s'était pas passé comme prévu.

Cassie regardait encore une fois le parchemin où toutes les informations étaient indiquées pendant qu'Aedan se grattait la nuque, perplexe. Il ne savait pas pourquoi mais il sentait que cette vieille cabane branlante n'était pas vraiment le château du seigneur Doe - ou alors c'était vraiment un seigneur très pauvre, ou radin. Il tourna son attention vers la jeune femme qui grimaçait.  « Il avait pas dit que ça devait être un château normalement ? » Le jeune homme imita sa grimace avant d’acquiescer. « Beeen si... Soit c'est seigneur radin, soit il est pas si riche que ça ? Peut-être qu'ils nous ont donnés une mission... facile ? » Même lui n'y croyait pas quand il prononça ses mots. Nan, ils s'étaient planté, c'était tout. Encore. « J’comprends pas où on a foiré, Aedan. » soupira-t-elle en rangeant le parchemin dans la poche de son pantalon. « Qu’est-ce qu’on fait ? »  Le jeune apprenti haussa les épaules, sceptique face au spectacle que donnait le vieux baraquements. « Franchement, Cassie, ce coup-ci c'est pas ma faute. Tu avais la carte : ta responsabilité ! » Il le va les mains et plongea son regard dans celui de son amie tout en lui envoyant un sourire en coin insolent. Bon, okay, la dernière fois c'était sa faute : il voulait bien le reconnaître. Mais là, nope, pas lui. Il avait même pas touché à la carte.

Il retourna son attention sur la vieille cabane. Peut-être qu'ils pourraient tenter de voir ce qu'il y avait à l'intérieur ? Peut-être qu'il y avait quelque chose d'intéressant après tout. Comme on dit, l'habit ne fait pas le moine, non ? Aedan grimaça à nouveau : il ne croyait pas un traître mot de ce qu'il pensait pour se rassurer. Comme faisant écho à se pensées, Cassie prit la parole.  « On pille quand même cet endroit en disant à Benhr qu’on est tombé sur un chouette endroit et qu’on s’est dit qu’on ne pouvait pas passer devant cette occasion ? » Un petit rire échappa à Aedan alors qu'il tournait son visage vers la jeune femme avec un sourcil levé. « Sérieusement, Cass' ? Je pense que c'est la pire excuse qu'on pouvait trouver ! » Il désigna d'un bras la vieille maisonnette à qui il tournait le dos. « Qui voudrait voler ce... truc plutôt qu'un château ? » Il jeta un regard aux alentours et soupira avant de relever à nouveau les mains en l'air. « Bon, c'est pas comme si on avait le choix hein ? Allons visiter ce palace ! » dit-il avec ironie. Il se dirigea calmement vers la maison, espérant secrètement que le toit ne leur tombe pas sur la tête vu l'état pourri du bois qui la composait.

Mission facile. Elle n’était pas sûre, mais elle espérait dans le fond, c’était plus rassurant de tomber sur une cabane comme celle-ci que sur un immense château où ils mettraient des heures à trouver ce dont ils avaient besoin pour valider la mission. Elle se mordit la lèvre inférieure nerveusement. Son père allait finir par la tuer si elle continuait à se comporter aussi sottement. Ils devaient vraiment réussir cette mission. Pour leur bien à tous les deux. Elle se voyait déjà mendiante ou pire, rachetée par un bordel de la ville et ça lui collait des frissons de profond dégoût. Non, ils se devaient de prouver leur valeur à la guilde. Ils pouvaient être doués, ils le savaient. C’était toujours la situation qui ne s’y prêtait pas, voilà tout. Elle tira la langue à Aedan lorsque ce dernier rejeta la responsabilité sur elle puis elle finit par grogner de mauvaise foi. « Je sais pas lire une carte et toi non plus j’te rappelle. Donc la faute est à nous deux. » Elle donna un léger coup à l’épaule de son meilleur ami avant de lui faire un clin d’œil.

« Sérieusement, Cass' ? Je pense que c'est la pire excuse qu'on pouvait trouver ! » Elle haussa les épaules. Ils n’avaient rien de mieux malheureusement. Enfin si, ils pouvaient toujours faire l’effort de revenir sur leurs pas pour retrouver le château, mais encore une fois, ils avaient plus de chance de se perdre dans cette immense forêt que de trouver le domaine. « Qui voudrait voler ce... truc plutôt qu'un château ? Bon, c'est pas comme si on avait le choix hein ? Allons visiter ce palace ! » « Nous, je suppose ? » Elle emboîta le pas de son meilleur ami, non sans jeter des coups d’œil aux alentours, guettant si quelqu’un arrivait. Ils grimpèrent les trois marches qui menaient à la porte d’entrée. Aedan resta face à la porte pendant que Cassandra regardait par les fenêtres pour voir s’il y avait quelqu’un, mais pas âme qui vive. Un bon point pour les deux voleurs qui pourront visiter les lieux sans déranger qui que ce soit. Ou fuir comme des dératés, poursuivis par les habitants de cette vieille cabane miteuse. « Y a personne. » Fit-elle en revenant près de son meilleur ami qui était occupé à déverrouiller la porte avec ses outils. Elle le regarda faire et cinq minutes plus tard, ils entendirent un déclic qui les fit sourire tous les deux. Aedan avait réussi. Ils poussèrent la porte et entrèrent à l’intérieur. Il y avait une odeur abominable et Cassie dut prendre sur elle pour ne pas sortir vomir tant ça puait. C’était un mélange de bois pourri et humide, de renfermé et de cadavre. A en croire les quelques poils qui se trouvaient sur le sol, ce devait être une cabane de chasseur. Cassandra poussa un soupir. « Bon c’est clairement pas ici qu’on trouvera notre bonheur, mais… sait-on jamais. » Elle haussa les épaules et se mit à la recherche d’un quelconque coffre ou d’un objet de valeur. « J’fais l’étage, tu restes là et on voit ? » Elle avait déjà un pied sur l’escalier.

bad thievesSi je fais mon tour pas dans le même sens que vous, ça annule. Mais si je le fais dans le même sens que vous, ça le double !


Cassie le bouscula gentiment en lui faisant un clin d’œil quand il l'embête par rapport à la carte. Il lui sourit avant de continuer à avancer vers la cabane tandis que son amie la suit. Il observa la serrure quelques instants avant de sortir ses instruments pour ouvrir la porte. La jeune femme, elle, observe par la fenêtre et Aedan attend son feu vert pour commencer à ouvrir la porte. « Y a personne. » Fit-elle en revenant vers lui. Il acquiesça et s'activa sur la serrure, espérant l'ouvrir rapidement. Cette mission tournait vraiment au ridicule... Il suffirait qu'il donne un coup d'épaule dans la porte et celle-ci cèderait sous sa force mais ils sont là pour utiliser leurs capacités de voleur, non ?

Après cinq minutes à s'acharner, le cliquetis satisfaisant se fit entendre. Aedan tourna son regard vers son amie avec qui il échangea un sourire de connivence. Il poussèrent la porte et l'intérieur n'était pas mieux que l'extérieur : une odeur abominable les prit à la gorge et Aedan dû respirer par la bouche afin de ne pas vomir. Il prit le temps d'observer les alentours et les poils présents sur le sol confirma l'idée que c'était une cabane de chasseurs. Depuis quand était-elle abandonnée ou laissée de côté ? Longtemps vu l'odeur... La jeune femme poussa un soupir attirant l'attention de son ami. « Bon c’est clairement pas ici qu’on trouvera notre bonheur, mais… sait-on jamais. » Aedan eut un reniflement sarcastique. Ouais, ça c'était sûr ! Mais bon... Peut-être que s'ils avaient un peu de chance (enfin), ils trouveraient quelque chose qui valait le coup. Il observa Cassie qui haussa les épaules avant de commencer à avancer vers l'escalier.  « J’fais l’étage, tu restes là et on voit ? » Elle posa déjà un pied sur l'escalier, sans attendre son approbation mais le jeune homme se permit de lui hurle une dernière chose, penché vers l'escalier. « Ouais, c'est ça ! Laisse moi m'occuper de l'endroit où ils dépecèrent les animaux ! Amie indigne ! » Il soupira alors qu'il entendit le léger rire de Cassie qui continue à monter en l'ignorant.

« Tss... » Il observa ce qui devait servir de salon et s'approcha de la table où une tâche brunâtre s'y trouvait. « Nope, le sang séché sur la table, ce n'est pas du tout glauque. » murmura-t-il pour lui-même alors qu'il continuait son exploration. Il fouilla rapidement les placards et y découvrit des objets en fer, rien de folichon mais ça pourrait toujours être revendu pour quelques pièces de cuivre. C'était mieux que rien ! Il se dirigea vers la porte présente à gauche et qui donnait sur une espèce de pseudo cuisine. Il y trouva d'autres ustensiles en fer et Aedan eut un soupir désabusé : ils ne trouvaient définitivement pas grand chose dans cette cabane miteuse. Il continua cependant son exploration. Il lui restait une dernière pièce à visiter. Il prit tous les objets trouvés et les déposa sur la table présente dans le salon. Il les fourra rapidement dans un sac en toile de jute qu'ils avaient emporté au cas où. Posant son regard sur la dernière porte, il alla pour la fouiller quand la voie de Cassie se fit entendre. « Aed' ! Ramène-toi » Le jeune homme grogna et roula des yeux, relâchant la poignet avant de se diriger vers l'escalier du haut. « Ouais, j'arrive ! »

« Ouais, c'est ça ! Laisse moi m'occuper de l'endroit où ils dépecèrent les animaux ! Amie indigne ! » Elle ne put s’empêcher de laisser échapper un rire avant de passer sa main dans les cheveux pour les remettre en arrière et escalader les escaliers disparaissant de la vue d’Aedan. L’étage devait être aussi glauque que le reste de la cabane. Il y avait juste un lit dans le coin d’une pièce et un coffre contenant probablement les effets personnels de l’habitant de cette cabane. Elle se dirige dans cette direction en prenant garde à ne pas poser un pied sur une planche pourrie pour éviter qu’elle ne tombe sur la tête d’Aedan juste en-dessous. Elle ouvrit le coffre sans problème, trouva deux lames rouillées, une cape miteuse et une bourse. Elle la souleva, la soupesa faisant clinquer ce qu’il y avait à l’intérieur et se décida finalement à ouvrir. Là, elle écarquilla les yeux et poussa une petite exclamation de joie suivi d’un rire victorieux. Des pièces en cuivre, de la petite monnaie. S’il y avait ça ici, il était possible que le chasseur cache de l’or quelque part. Avant de prévenir Aedan, elle fit le tour de la pièce, gardant la bourse contre elle pour être sûre qu’elle n’allait pas la perdre de façon stupide. Il n’y avait rien de plus, pas même sous le matelas miteux. Elle n’osait pas trop toucher le lit de peur d’attraper une saloperie. Elle finit par se redresser et appela Aedan finalement. « Aed' ! Ramène-toi » Il y eut un moment de silence avant qu’elle n’entende son ami lui répondre. « Ouais, j'arrive ! » Elle vint se poster en haut des escaliers avec un grand sourire victorieux. Elle n’attendit pas qu’il arrive jusqu’en haut pour s’exclamer. « Regarde ce que j’ai trouvé ! » Elle tendit ses mains en avant, tenant toujours la petite bourse en cuir entre ses doigts. « Y a des pièces en cuivre dedans, c’est pas un gros trésor, mais c’est déjà ça. » Puis elle fit le tour de la pièce avec le regard. « Mais à part son coffre, y a rien d’autre. T’as trouvé quoi, toi ? » Peut-être qu’Aedan avait été plus chanceux de son côté et avait trouvé la cachette où le chasseur planquait le reste de son or. Ils redescendirent ensemble dans le salon, Cassandra ayant planqué la bourse dans une pochette qui pendait à sa ceinture juste à côté de celle contenant ses outils de voleur.

Ce n’était définitivement pas le jackpot de leur vie. Cassie récupéra la carte qu’elle avait utilisée un peu plus tôt et la déplia sur la table crasseuse. Elle ne put s'empêcher de grimacer en remarquant des tâches de sang séché par endroit et elle souhaitait qu’ils n’aient pas à rencontrer le propriétaire de cet endroit. Elle essaya de réétudier la carte, essayant de comprendre les indications de leur chef de guilde sur le chemin à suivre. Leur maigre butin allait provoquer la colère de la guilde et ils ne pouvaient pas se le permettre alors malgré toutes les pensées de Cassie sur le fait qu’ils avaient plus de chance de se perdre qu’autre chose, elle essaya de faire un effort pour comprendre le chemin à emprunter. « Faudrait qu’on reparte par là et qu’on tourne sur la gauche à la rivière. » Marmonna-t-elle en suivant le trait bleu qui symbolisait le cour d’eau. « Hé Aed… » Il était figé non loin d’une porte dans le fond. « Aedan ? » L’appela-t-elle soudaine inquiète.

bad thievesSi je fais mon tour pas dans le même sens que vous, ça annule. Mais si je le fais dans le même sens que vous, ça le double !


Son amie se posta en haut des escaliers et Aedan leva un sourcil interrogateur. Pourquoi l'avait-elle appelé ? Son sourire victorieux intrigua le jeune homme. Alors qu'il se trouvait à la moitié de l'escalier son amie tendit son ses mains en avant, montrant une petite bourses en cuir entre ses doigts. « Regarde ce que j’ai trouvé ! Y a des pièces en cuivre dedans, c’est pas un gros trésor, mais c’est déjà ça. » Aedan lui lança un sourire à son tour. Peu importe que ce soit pas grand chose : franchement il s'attendait à moins en voyant l'extérieur de cette vieille bicoque. Cassie se releva afin de faire le tour de la pièce d'un regard. « Mais à part son coffre, y a rien d’autre. T’as trouvé quoi, toi ? » Il haussa les épaules. « Pas grand chose. Quelques objets en fer à revendre pour quelques pièces de cuivre si on négocie bien. »

Il redescendirent ensemble dans le salon alors que Cassandra planquait la bourse dans une des pochettes présentes à sa ceinture. Aedan la vit s'approcher de la table afin de déposer la carte dessus. Le jeune homme posa le sac contenant les objets à côté d'elle. Il lui montra rapidement ce qu'il avait trouvé avant de jeter un regard par dessus son épaule, observant la porte de la pièce qu'il n'avait pas encore visité. Il s'éloigna de la jeune femme, concentrée, qui ne le vit pas marcher vers le fond de la cabane. « Faudrait qu’on reparte par là et qu’on tourne sur la gauche à la rivière. » l'entendit-elle marmonner de là ou il était mais il n'y fit pas attention. « Hé Aed… » Il redressa la tête vers elle. « Aedan ? » Sa voix se fit inquiète et le jeune homme la regarda avant de passer une main dans ses cheveux qui commençaient à devenir long. « Ah, euh, ouais. Désolée. C'est juste que...  » Il porta à nouveau son regard sur la porte. « J'ai pas encore visité cette pièce. Tu m'as appelé avant que je l'ouvre. J'me dis qu'il y a peut-être quelque chose.  » Cassie acquiesça avant de rouler à nouveau la carte et la coincer dans sa ceinture. « Du coup, on tente ? » Il lui lança un sourire en coin avant de se rapprocher, portant sa main à la poignet. Il l'ouvrit d'un coup et un silence oppressant lui répondit. Il observa la pièce pendant quelques instants, cherchant à voir à travers la pénombre de l'endroit qui ne possédait pas de fenêtres. Doucement, un grognement commença à se faire entendre avant qu'un aboiement sonore ne résonne. Aedan écarquilla les yeux en voyant la gueule du chien - non plus gros qu'un chien, c'est sûr - et referma la porte d'un coup, attrapant une chaise avant de bloquer la sortie. Ses yeux écarquillés de peur se tournèrent vers son amie. « Cours ! La porte ne va pas le retenir longtemps ! » Il la poussa vers la sortie avant d'attraper le sa contenant les objets qu'il avait récupéré. Il tourna sa tête vers Cassie. « VITE ! Je te rejoins ! » Il pouvait entendre le bois pourri de la porte commencer à craquer. Il n'attendit pas et commença à courir. Quand il atteignit enfin le porche, il entendit la porte craquer avant que le bruit des pattes de l'animal  tapant sur le sol ne se fasse entendre derrière lui. « COURS CASSIE ! COURS !  »

« Ah, euh, ouais. Désolée. C'est juste que... » Elle haussa un sourcil en suivant le regard de son meilleur ami qui se porta de nouveau sur cette porte. « J'ai pas encore visité cette pièce. Tu m'as appelé avant que je l'ouvre. J'me dis qu'il y a peut-être quelque chose. » Sa bouche forma un o de surprise, acquiesça et replia le parchemin avant de le rejoindre. « Du coup, on tente ? » Elle répondit à son sourire de la même façon. Il pressa la poignée et ouvrit le battant. Le silence. L’obscurité. C’était tout ce qu’il y avait dans cette pièce. Cassandra essaya de plisser les yeux pour tenter d’apercevoir quelque chose. Elle allait s’avancer à l’intérieur lorsqu’un grognement à glacer le sang la figea dans son geste. Grognement bientôt suivi d’un aboiement à faire trembler toute la cabane. « Oh mon dieu. » Murmura-t-elle, attrapant le bras d’Aedan sous la surprise. Elle fit un pas en arrière en voyant le museau d’un chien pointer dans la lumière de la pièce. Cassandra déglutit avec difficulté, ses yeux ouverts en grand. Dans un réflexe, Aedan referma la porte brusquement et la bloqua avec une chaise. Aedan finit par se tourner dans sa direction. « Cours ! La porte ne va pas le retenir longtemps ! » Il la poussa en direction de la porte alors que la blonde allait protester qu’elle ne le laisserait pas tout seul dans cette pièce. « VITE ! Je te rejoins ! » Elle poussa la porte d’entrée en hochant la tête et descendit les marches, se retrouvant dans la verdure. Elle riva un regard inquiet en direction de la porte lorsqu’elle entendit les craquements du bois se faire plus fort et les aboiements du chien plus féroces. « Aedan ! Sors vite toi aussi ! » Elle vit finalement son meilleur arriver rapidement et le bois finit par craquer définitivement. Le bruit des pattes se résonna jusqu’à eux. « COURS CASSIE ! COURS ! » Elle hocha la tête et se mit à courir comme une dératée, jetant des coups d’œil derrière elle pour s’assurer qu’Aedan suivait. C’était là qu’elle le vit. Énorme. Imposant. Noir. Un loup. Ce chasseur avait un loup enfermé chez lui. Et il était énorme. Tellement énorme. Elle ralentit un instant pour attendre Aedan et attrapa sa main lorsqu’il arriva à son niveau. « Là ! » En le traînant dans les bois. Elle entendait toujours les pattes fouler le sol à une vitesse hallucinante. Il allait être rapidement sur eux si ça continuait. Cassie manqua de tomber trois fois, mais l’adrénaline lui permettait de se reprendre rapidement et de poursuivre sa course. Elle n’avait pas envie qu’ils finissent dans l’estomac d’un loup. « Faut qu’on grimpe sur un truc, un arbre, j’en sais rien ! » Fit-elle. Les loups ne grimpaient pas dans les arbres, c’était connu. Cassandra sentait que bientôt le souffle viendrait à lui manquer, déjà qu’elle avait deux points de côtés qui la faisaient grimacer de douleur, elle sentait qu’elle ne pourrait pas continuer longtemps.

Alors qu’ils courraient toujours comme si leur vie était en jeu (oh wait…), Cassandra glissa et dévala une bute suivie par Aedan qui tomba à sa suite. Elle grogna de douleur en sentant son genou cogner contre un rocher. Elle ne perdit pas de temps, entendant toujours le hurlement du loup qui n’était pas trop loin. Cassandra redressa son meilleur ami. « Ça va ? » Aedan allait répondre lorsqu’ils entendirent un autre grognement. Ils redressèrent la tête pour voir la tête massive de l’animal qui les dévisageait. La blonde se baissa et ramassa un gros caillou, prête à lui lancer dessus si jamais il tentait de les attaquer.

bad thievesSi je fais mon tour pas dans le même sens que vous, ça annule. Mais si je le fais dans le même sens que vous, ça le double !


Il la voit courir comme une folle devant lui et il peut entendre le bruit du poids de l'animal s'abattre sur le sol sans discontinue. Il a presque l'impression de sentir l'haleine fétide du chien - du loup ? - sur sa nuque mais il sait que ce n'est que son imagination débordante qui fait encore des siennes - il prie pour que ce ne soit que son imagination débordante. Il vit Cassie jeter des coups d'oeil dans sa direction avant de commencer à ralentir. « Qu'est-ce que tu fous, Cassie ?! Cours, merde ! » Mais elle lui attrape seulement la main dès qu'elle est à sa hauteur afin de le tirer à sa suite. « Là ! » Elle indique les bois et Aedan ne réfléchit même pas avant de la suivre. Bordel, ils n'ont pas le temps pour réfléchir à ce niveau-là. Ils doivent juste courir, courir et courir.

Les pattes foulant le sol à une vitesse hallucinante se font encore entendre derrière eux et le jeune homme comprend clairement qu'ils n'arriveront pas à le semer. Ils fatigueront même carrément avant lui, c'est clair. Il aide la jeune femme à ne pas tomber trois fois de suite et il remercie tous les dieux quand Cassie balance son idée à voix haute. « Faut qu’on grimpe sur un truc, un arbre, j’en sais rien ! » Il acquiesce, pas le temps de tergiverser. C'est clairement leur seule chance de s'en sortir vivant. Il sent déjà son corps lui faire défaut. Il est entraîné mais pas au point de distancer un loup ou de garder une distance de sécurité suffisante entre eux. Il se retourne rapidement vers l'animal dont les crocs paraissent luisants et tranchants. Bordel, depuis combien de temps cet homme n'a pas nourri cette bête ?!

Dès la fin de sa penser, il sent la gravité le rappeler à lui et il dévale une bute, tombant lourdement à côté de Cassie qui grogne de douleur comme lui. Le hurlement du loup se fit entendre et il est proche, bien trop proche. La jeune femme le redresse d'un geste pressé. « Ça va ? » Il s'apprête à répondre, à lui dire que non, ça ne va pas, qu'il peut sentir les bleus se former et que du sang coule de sa tempe mais il n'en a pas le temps car un grognement se fait entendre, encore plus proche. Ils se retournent et observent la tête massive de la bête qui les dévisagent. Cassie ramasse un gros caillou, maigre arme contre ce monstre  mais ont-ils d'autres choix ? Aedan se redresse, essuyant de sa manche le sang qui coule de son arcade, puis, d'un coup, il se souvient du sac qui se trouve à ses pieds, tombés durant leur chute. Alors il se penche, doucement et ramasse la poêle en fer avant d'en tendre une autre à son amie. « Remercie moi d'avoir pris ce foutu sac... » Il regarde rapidement derrière et voit un chêne énorme, gigantesque, les narguer. Il ne sont qu'à une centaine de mètres d'eux - presque rien, en soit - mais là, la distance lui paraître immense. Il se retourne vers la bête qui s'avance doucement, presque tranquillement, vers eux jaugeant son futur repas. Il s'abaisse et attrape un autre objet en cuivre. « Okay, dès que je dis trois, tu cours vers l'arbre derrière nous, okay ? » Il lève l'objet, n'attendant même pas que son amie acquiesce. « Un... Deux... Trois ! » Il le lance violemment au visage de l'animal qui secoue la tête, désorienté. « Garde ta putain de poêle et cours ! » Il attrape le bras de Cassie quand il la voit boiter et cours comme il ne l'a jamais fait. Il ne se savait même pas capable de telles prouesses physiques et il remercierait presque leur entraîneur de s'être acharné sur eux durant les exercices. « S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît... » Il prie tous les dieux qu'il connaît de les laisser vivre. Ils sont jeunes bordels ! Ils ne méritent pas de mourir comme des cons comme ça, putain ! Ils ne sont qu'à quelques mètres de l'arbre mais le grognement se rapproche. « Il est bien trop près... » Il s'accroche à Cassie, ne voulant pas la lâcher, et jette un regard derrière eux. Apparemment, le loup s'est repris plus vite qu'il ne pensait et est proche. « Okay, dès qu'on arrive, je te jette littéralement sur une branche du haut et tu m'aideras à monter, d'accord ? » Une fois là-bas, il donne de l’élan à la jeune femme et elle arrive à une branche. Aedan reprend difficilement son souffle. Il attrape les mains que la jeune femme lui tend d'une main et de l'autre s'agrippe à l'écorce de l'arbre. Mais, alors qu'il allait rejoindre son ami, il peut sentir les crocs se refermer sur son mollet. Il hurle de douleur avant de lancer son autre pied dans la tête de l'animal. Il doit s'y reprendre plusieurs fois avant qu'elle ne lâche sa prise et il finit par rejoindre son amie. Son cœur bat à cent à l'heure. Il est presque sûr que ce traître va lâcher s'il continue à battre aussi vite. Il regarde en dessous d'eux la bête grogner et faire des allers-retours, attendant que l'un deux tombe. « Je... » Il reprend difficilement son souffle. « J'arrête tout ça... J'vais devenir boulanger. Ouais, c'est bien fermier. Ça m'étonnerait qu'il y ait des loups chez un boulanger. » Il lâche un petit rire alors qu'il sent la douleur au niveau de son mollet se réveiller. Il tourne son regard vers Cassie. « Espérons qu'il se lasse vite... »

Aedan se baissa et fouilla dans le sac qu’il avait piqué dans la cabane du chasseur pour en sortir deux poêles. Il lui en tendit une, gardant l’autre pour lui. « Remercie moi d'avoir pris ce foutu sac... » Cassandra s’en saisit, gardant son gros caillou dans l’autre main au cas où. La jeune fille reporta son attention immédiatement sur lui et glapit de peur en le voyant s’approcher lentement. « Okay, dès que je dis trois, tu cours vers l'arbre derrière nous, okay ? » Aedan avait ramassé un autre objet et elle hocha la tête. « Un... Deux... Trois ! » L’objet en cuivre vola jusqu’à la tête de l’animal qui finit par se secouer. « Garde ta putain de poêle et cours ! » Cassandra sentit ses pieds se mettre en mouvement d’eux-mêmes et la main d’Aedan se refermer sur son bras, l’entraînant à sa suite. Son genou lui arracha des grimaces de douleur, mais elle devait prendre sur elle pour ne pas finir dans la gueule du loup. Elle avait la trouille de sa vie et s’en voulait de ne pas avoir mieux suivi les leçons qu’on leur donnait pour apprendre à lire les cartes. C’était de sa faute s’ils étaient dans cette situation et s’il arrivait quelque chose à Aedan, elle ne pourrait pas se le pardonner. « S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît... » La course continuait pour atteindre l’énorme arbre qui se trouvait derrière eux, mais l’animal avalait les mètres en un rien de temps. « Il est bien trop près... Okay, dès qu'on arrive, je te jette littéralement sur une branche du haut et tu m'aideras à monter, d'accord ? » « Ok. » Souffla-t-elle, évitant de jeter des coups d’œil par-dessus son épaule. Elle avait peur de voir les dents luisantes de l’animal vraiment trop proches. Arrivés près du tronc, ils ne soufflèrent pas une seule seconde. Aedan donna l’élan suffisant à Cassandra pour que celle-ci arrive à attraper la branche la plus proche. Elle s’y agrippa et se mit à califourchon prête à aider son ami à grimper à son tour. Elle lui tendit la main. « Aedan, dépêche-toi ! Attrape ma main ! » Elle hurla presque. Leurs doigts se frôlèrent à plusieurs reprises et elle crut l’attraper, mais l’animal était sur lui et il avait refermé sa gueule sur la jambe du jeune homme. Le cri que poussa son meilleur ami glaça le sang de Cassandra. Elle attrapa son bras et le tint comme elle put pendant que l’animal tirait de l’autre côté. Aedan batailla à son tour, donnant des coups dans la gueule du loup avant qu’il ne daigne à lâcher prise. Le jeune homme rejoignit la jeune fille. « Je... J'arrête tout ça... J'vais devenir boulanger. Ouais, c'est bien fermier. Ça m'étonnerait qu'il y ait des loups chez un boulanger. Espérons qu'il se lasse vite... » Cassandra avait les larmes aux yeux et elle ne put s’empêcher de serrer son ami dans ses bras. « J’ai eu si peur, Aedan. » Le grondement de l’animal en bas ne l’importait plus, Aedan s’en était sorti, maintenant il n’avait plus qu’à attendre.

Plus le jour baissait, plus la fatigue harassait la jeune fille. Le loup était toujours là, tournant autour de l’arbre en grondant. « Je vais finir par devenir cinglée. » Soupira-t-elle. Ça faisait des heures qu’ils étaient perchés là tous les deux et que l’animal ne semblait pas se lasser. Elle en venait à espérer que le chasseur passe par là et s’aperçoive que son loup était dehors. Ce fut presque le cas. Quand les étoiles commencèrent à apparaître dans le ciel, le loup dressa sa tête et partit. Cassandra donna un coup de coude à Aedan. « Hé ! Je crois… je crois qu’on est tranquille ! » Ils attendirent encore une vingtaine de minutes avant de descendre de l’arbre. Cassandra aida Aedan avec sa jambe. « Autant qu’on rentre. On va expliquer ce qu’il s’est passé à mon père. Tu es blessé. » Fit-elle en voyant l’état de la jambe de son meilleur ami. Il avait besoin de soin, au diable la mission, les deux jeunes gens avaient eu suffisamment peur pour le restant de leurs jours. De toute évidence, ils n’étaient pas encore totalement prêts pour être de vrais voleurs.