Harrison junior était un beau garçon.

C'était ce qu'on lui disait tout le temps. Qu'il était un beau garçon. Il avait les mêmes yeux bleus céruléens que son père, et les mêmes traits dignes d'une statue grecque que sa mère. Il était toujours grand pour son âge, toujours athlétique, toujours souriant. Il y avait quelque chose de dérangeant dans ses sourires, quand on les voyait pour de vrai, car on avait toujours l'impression qu'ils étaient tirés de photos, que son visage était surnaturellement immobile. Mais après tout, c'était ce qu'on demandait de lui donc personne ne s'en étonnait vraiment.

Sa vie était d'ores et déjà orchestrée. Écrite comme la composition d'un grand morceau de musique. Tout d'abord, les altos, tout doucement, pour la naissance au sein de sa famille de fous; famille de fous, certes, mais aimante. Enfance typique, imaginez cela: grande maison, grand jardin, trois chiens, deux frères, un père, une mère, des longues après-midi à courir et à rire, des matinées insupportables sur les bancs de l'église. Et puis, un peu inquiétantes, les bronzes, qui se mettent à souffleter, litanique, l'enfance perturbée, la rébellion de la durée d'un été, le quaterback du lycée, le président de la classe, les joints fumés en cachette, les voitures de sport coupées. Et puis, on revient sur quelque chose de plus monotone, les notes cristallines d'un piano, qui résonnent de quelque part, alors qu'il va à l'université, qu'il récolte les bonnes notes et se licencie en commerce et en droit, pour pouvoir reprendre l'entreprise du père quand le temps sera venu.

Mais le chef d'orchestre a fait une erreur, une seule!, de parcours. Le chef d'orchestre — son père, un homme froid et dur, dont Julian se souvient qu'avec son grand costume bleu et ses yeux acier sévères — lui a donné François.

François avait de longues mains aux longs doigts fins et nerveux. Il tenait son épée avec une grâce médiévale, un raffinement incroyable. L'arqué de son sourcil, même, était élégant quand il lui faisait la moue lorsque son jeu de jambes n'était pas assez performant. François était son professeur d'escrime mais aussi son maître en toute autre chose qu'il estimait importante, comme le langage des fleurs ou l'idée esthétique des statues grecques.

Il changea tout.

_____________

“ Ah! Junior! Enfin! Tu m'avais beaucoup manqué, mon fils. ” Harrison senior était un homme détestable, mais son fils se força à sourire tout de même en se laissant passer le bras autour des épaules, et en se laissant ébouriffer les cheveux. Il avait l'impression d'être de nouveau le garçon de quinze ans qui avait goûté à la liberté trop vite, et à qui elle avait été arraché. Il se souvenait encore une mémorable sermon de son père, le jour où il avait jeté François hors de la maison; ses sourcils froncés; son haleine empestant le whisky; son gros doigt boudiné tapant la mesure sur son torse et lui assénant: je ne tolérerai pas ceci dans ma maison! Mon propre fils! Tu as un avenir, Harrison Julian Arlington, et il est de ton devoir de t'y soumettre! Tu es un Arlington, bon de dieu! Son crime? Cracher sur son nom de famille, hurler à la mort dès que son père le touchait, souhaiter que François soit son père, le vrai, ne pas se satisfaire dans sa peau, ne pas savoir endosser son nom.

“ À moi aussi, papa, ” dit-il d'une voix blanche, un grand sourire sur les lèvres néanmoins, dardant les personnes en face d'un regard brûlant et peu avenant. “ Monsieur Bolton, miss Bolton, toujours un plaisir. ” En même temps, le politique et sa fille le saluèrent à grand renfort de sourires maladroits. “ Je resterai bien, mais j'ai promis à maman de lui tenir compagnie ce soir. Je vous recroiserai peut-être. ”

Ces soirées étaient tout ce qu'il détestait. La fausseté, l'argent, l'odeur d'alcool, l'oisiveté. Ça puait. Ça puait. Il avait envie de s'en aller en courant pour ne plus jamais revenir.

Il trouva sa mère quelque part dans le jardin du manoir dans lequel avait lieu la réception. Elle observait les étoiles, silencieuse et sculpturale. Il la prit par surprise en posant ses deux larges mains sur ses épaules. En se retournant, Carolyn Arlington lui adressa un sourire mince, son visage pâle seulement éclairé par l'onyx brillant de ses yeux. La foulard qu'elle portait avait glissé et laissait voir la peau encore plus blanche de son crâne imberbe. Il le remit lentement en place. “ Mon beau Julian, ” murmura-t-elle, et il se pencha pour l'embrasser. Elle l'enlaca de ses bras noueux, avant de se reculer sur le siège de son fauteuil roulant. “ Tu vas tellement, tellement me manquer. ” Il sentit les larmes lui venir aux yeux mais n'en dit rien, préférant les tourner vers les cieux.

__

“ Julian, le sauveur du monde, ” ironisa Nicole en lui faisant signe de retirer sa chemise. Il grogna comme toute réponse, se laissant tomber sur son canapé pour découvrir la plaie à son épaule. La balle était encore à l'intérieur. “ Je fais de mon mieux. ” Généralement, elle ne disait rien de plus. Elle se contentait de le soigner en maugréant et c'était tout. Mais pas ce soir. “ De ton mieux? Et tu crois quoi, réparer les torts de ton père, réparer les torts de ta race, racheter ta vie ou juste t'amuser? Tu me saoûles, Julian, tu me saoûles et tu me fais pitié. ” Elle fourrageait dans la plaie maintenant, sans délicatesse aucune, alors qu'il buvait la bouteille sans fin de whisky qu'il avait dans la main. Elle n'arrivait pas à trouver la balle.

Lui ne disait rien. Ses muscles absolument géniaux (il essaya de ne pas être amer; il pensait à sa mutation comme une malédiction, un devoir) ne l'empêchait pas de sentir la douleur et en cet instant précis, c'était tout ce qui existait dans le monde. La douleur qui irradiait de son épaule mais aussi de son poing cassé; la douleur, qui remontait ses nerfs, solaire, venait de partout et de nulle part à la fois. Nicole continuait de parler mais il n'entendait rien, l'alcool faisant vite son chemin dans son organisme. Pour la première fois depuis des mois, il se demanda pourquoi.

Il se souvenait de la nuit où François était mort. La nuit où ils étaient venus, masqués et vêtus de noir, pour tuer la seule figure paternelle qui avait jamais vraiment figuré dans sa vie. La nuit où il pensait enfin qu'il aurait le courage de fuir, ce pays, cette vie, ce monde, à l'autre bout de la terre. En Europe, peut-être? Il trouverait bien un petit métier pour commencer, serveur dans un café ou quelque chose comme ça. On l'oublierait bien vite. Il pourrait tout recommencer, comme il se devait, en bas de l'échelle.

Et puis l'injustice l'avait rattrapé, en même temps que l'envie de vengeance, quand tous les adversaires s'étaient affaissés autour de lui et que seul lui importaient les derniers souffles de son père, de son mentor, de son frère.

Que cherchait-il vraiment, toute la nuit levé, à carapahuter sur les immeubles pour rentrer dans les résidences des riches cons, pour leur voler leurs affaires, les revendre ou les redonner? Que cherchait-il vraiment, à détruire les vases et les armoires et les miroirs chez les autres, pour faire passer tout ça pour un cambriolage et non une simple revanche?

Son pouvoir était grisant. Sentir ses muscles vibrer sous sa peau était grisant. Être le plus puissant était grisant.

Et la Quête ne finissait jamais.

Et les derniers mots de son maître, murmurés à son oreille: “ Trouve l'oeil et l'âme, Julian. Tu es le dernier espoir. ”

Bienvenue chez les HOMO SUPERIOR.

En vrai j'ai vraiment trop trop aimé ta fiche pour Julian elle était vraiment parfaite, j'ai tellement hâte pour le sarulian je te dis pas VIVEMENT CE WEEK-END.

time to have fun. Maintenant que tu es validé, tu peux commencer par aller recenser différentes choses, comme ton métier ou ton pouvoir si tu en as un. Tu peux aussi te chercher des copains sur le forum, c'est à dire poster ta fiche de liens. Si ton personnage est du genre à passer son temps sur son téléphone ou sur le net, tu peux aussi te rendre sur la webosphère.
Nous t'encourageons fortement à te rendre dans la chat box pour y faire la rencontre des autres membres, si tu le souhaites ! Sinon, tu peux aussi aller te créer un scénario. Quoi qu'il arrive, n'hésite pas à te faire ton trou par chez nous, on te souhaite bien des RPs et une belle et longue aventure sur TNA !

ENJOY !