America ne se sent jamais plus vivante que dans ces moments-là. Frapper, éviter un poing, donner un coup de pied dans un genou, voir ses adversaires tomber à terre comme des mouches. C'est son activité préférée, et les autres pensent qu'elle ne fait ça que parce qu'elle est accro au combat, et qu'elle cherche à prouver qu'elle est invincible. Oh, elle ne mentira pas : il y a un peu de ça. D'ailleurs, elle est invincible, elle vous le dira sans le moindre doute et sans humilité. Mais ce ne sont pas les seules raisons pour lesquelles elle descend dans les rues de New-York pour poursuivre ceux qui foutent la merde. Il y a des choses que les autres ne voient pas, ne comprennent pas. America n'a rien dit de qui elle est. Ils ne peuvent pas savoir. Il ne sauront jamais, et ça vaut mieux comme ça. Elle préfère être incomprise que percée à jour. Elle préfère être détestée que devoir supporter la pitié ou la compassion des autres. America n'a besoin de personne, elle n'a jamais eu besoin de personne. Elle a erré à travers les dimensions depuis ses dix ans et s'en est toujours sortie seule. Elle s'est construite toute seule, et a refusé l'aide de tous ceux qui lui tendaient la main. Personne ne s'inquiète pour elle, et elle pense que c'est la plus belle vie dont on puisse rêver. Il n'y a personne pour l'empêcher de faire les choses dont elle a envie, aucun parent pour l'influencer, aucune barrière qui la retient. Elle aime sa liberté, et celle-ci est d'ailleurs sa meilleure amie depuis qu'elle a quitté Utopie à la mort de ses mères. Mais ce n'est pas pour se prouver qu'elle peut s'en sortir seule ou pour confirmer son invincibilité qu'elle se bat ainsi avec un air satisfait et quelques bonnes punchline adressées à ses ennemis. Non. America le fait parce que ça la fait se sentir vivante. Il n'y a rien qui vous rappelle mieux que vous êtes réel que la douleur, et le fait de sauver des vies. Après avoir parcouru les mondes, les futurs, les passés, America a parfois du mal à se rendre compte de sa propre réalité. Elle a sa place partout, elle n'a sa place nulle part. Elle est un électron qui défie toutes les lois, toutes les habitudes humaines. Il n'y a personne pour lui rappeler qu'elle a un lien avec les univers dont elle foule les sols. Personne. La seule chose qui lui rappelle qu'elle existe, et qu'elle a un pouvoir, même minime, sur les mondes, c'est sauver des vies. Alors elle le fait, tous les jours. Elle anticipe, frappe, menace, détruit. Elle efface de la surface de la terre ceux qui n'ont aucun espoir de rédemption, puis fait de même avec leurs doppelgängers dans les dimensions parallèles, s'ils ne valent pas mieux. Elle observe, et agit. Parce que c'est le sens qu'elle a décidé de donner à sa vie quand elle a fui le monde dans lequel elle était princesse, sans espoir de retour.
C'est sur Hell's Kitchen qu'elle a jeté son dévolu ce soir. Le quartier est réputé pour sa délinquance et ses réseaux louches. Alors oui, c'est le terrain de Daredevil, mais sous sa capuche, America en fait son terrain de jeu pour la soirée, elle n'a pas grand-chose à faire du justicier masqué. Elle ne le croisera d'ailleurs sûrement pas, il y a beaucoup de boulot ici. Cela fait déjà plusieurs heures qu'elle erre dans le quartier, elle a déjà déjoué quelques crimes ici et là, quand elle trouve trois hommes dans une ruelle, qui sont apparemment en train de discuter. Doucement, elle s'élève et vient se poster légèrement au-dessus de leurs petit groupe, les regarde par-dessus une benne à ordure. C'est là qu'elle la voit, la femme. Elle ne l'avait pas vue jusque-là parce qu'elle était cachée par les silhouettes massives des trois agresseurs. Miss America ne réfléchit même pas, elle fait un atterrissage héroïque digne de ce nom, et commence à provoquer les trois hommes qui, visiblement, étaient en train de dépouiller la femme de tous ses bijoux. Des bagues et un collier tombent par terre. Deux des hommes ont un mouvement de recul. L'autre non. America penche la tête sur le côté. Il n'a pas peur. Elle plisse les yeux. C'est un comportement qu'elle rencontre de plus en plus. Les deux complices de l'homme, qu'elle identifie comme le leader, prennent leurs jambes à leur cou, et elle les regarde avec mépris, les bras croisés sur sa poitrine. « So, what's it gonna be? » lance-t-elle à celui qui est resté, sur le ton du défi. Elle arme déjà ses poings, voyant dans son regard qu'il ne va pas lâcher l'affaire. C'est là que les poings de l'homme s'enflamment. Littéralement. Elle hausse les sourcils. Un méta-humain. Voilà pourquoi il n'a pas cillé. Elle lève les yeux et lui envoie un sourire un poil moqueur. Le feu ne l'atteint pas. Il peut bien essayer. Le combat commence doucement. Bien sûr, elle a rapidement le dessus. Comme d'habitude. Jusqu'au moment où il joint ses mains et qu'elles produisent une explosion qui la fait valser contre le mur. Sa tête heurte violemment le mur, et elle se retrouve par terre avec des étoiles qui dansent devant les yeux. Les explosions, elle déteste ça. Elle essaie de se relever, mais son corps a du mal à répondre. C'était plutôt violent, comme chute. Et l'homme se rapproche. Il lui faut juste quelques minutes. De toute manière, elle va gagner ce combat. Elle gagne toujours.
« Oh allez, Cass, viens. Tu vas voir, tu vas bien t’amuser ! » Résultat elle se faisait chier comme un rat mort. Elle avait du mal à supporter les amis de Rupert qui n’avaient que le mot médecine en bouche ou qui appréciaient parler de leurs relations sexuelles avec les petites internes. Cassandra gardait son regard rivé sur sa bouteille de bière pendant que Rupert passait une main rassurante dans son dos. Lui faisant l’effet totalement inverse. Elle sentait qu’elle angoissait et pour une fois, elle aurait vraiment voulu que Kate soit là avec elle. Les amis de Rupert se fendaient d’un rire gras lorsque l’un d’entre eux raconta comment il avait retourné une petite blonde avec un fessier d’enfer. Cassandra eut un sourire jaune. Elle avait tellement envie de lui casser les dents en l’entendant parler des filles comme ça. Rupert glissa un baiser dans son cou et elle eut un mouvement de recul. « Ça va pas ? » Elle vit la lueur inquiète dans son regard et se radoucit. « Je suis un peu fatiguée. » Immédiatement les potes lourds de Rupert se mirent à rire, l’imitant avec une voix fluette. Cassandra fronça les sourcils, se redressa et envoya le restant de sa bière à la figure du plus insupportable. « Je vais rentrer. Pas envie de rester avec une bande de loosers. » Elle rassembla ses affaires et sans un regard en arrière, elle sortit de l’appartement. Alors qu’elle descendait les escaliers, Rupert la rattrapa. Il lui prit le bras, la serrant un peu plus fort qu’il n’aurait voulu. « Cass, qu’est-ce tu fous ? » « Lâche-moi ! » Gronde-t-elle. « Y a que tes potes sont des sombres connards et que j’ai pas envie de rester une minute de plus avec eux. Alors j’me casse, Rupert. Je rentre et j’ai pas besoin de toi pour ça. Je vais appeler mon père et il viendra me chercher alors retourne les voir. » Rupert se passa une main dans ses cheveux et mordit sa lèvre inférieure. Il ne comprenait pas ce qui prenait à sa petite-amie depuis quelques temps. Elle s’énervait pour rien, le repoussait sans cesse et maintenant ça. « On se voit demain. » Il n’obtint aucune réponse, elle descendait les marches à toute vitesse et claqua la porte de l’immeuble avec force.
Dans la rue, Cassandra libéra sa respiration qui compressait sa poitrine. Elle sécha ses larmes maudissant cette hypersensibilité qui la faisait pleurer pour rien à chaque fois qu’elle ressentait une émotion trop forte. Elle avait eu peur également que son pouvoir se déclenche face à Rupert. Elle connaissait sa haine pour tous les superhumains qui existaient alors s’il venait à apprendre que Cassandra faisait partie de cette branche de l’humanité… elle redoutait tellement sa réaction et c’était pire lorsqu’il avait un peu d’alcool dans le sang. Elle calma les battements de son cœur et vérifia si elle avait pris quelques centimètres de plus ou non et par chance ce n’était pas le cas. Elle allait devoir rendre visite aux amis de Kate pour voir si l’un d’eux pouvait l’aider à contrôler ce pouvoir quelque peu dérangeant. Elle enfonça ses mains dans les poches de sa veste et commença à remonter le quartier de Hell’s Kitchen avec ses dizaines de restaurants aux vitrines éclairées d’où s’échappaient les rires des clients et les voix parfois trop fortes. Cassie serra le taser que son père lui avait offert lorsqu’elle devait rentrer seule le soir contre ses doigts et baissa la tête, concentrée à calmer l’affolement de son cœur.
Elle passa juste à côté d’une ruelle. Une explosion la fit sursauter et ce fut à ce moment précis qu’elle vit enfin la scène. Un homme était en train de s’en prendre à une fille qui était déjà au sol. Cassandra ne réfléchit pas et s’avança rapidement. « Hé ! » Fit-elle d’une voix forte. Le gars se retourna et elle eut juste le temps de sortir son taser de l’enclencher. Les fils allèrent se ficher dans le bras de l’agresseur et elle appuya de nouveau pour envoyer la décharge. Elle ne le relâcha qu’en le voyant tomber au sol, inconscient. Essoufflée et choquée par ce qu’elle venait de faire, elle resta un moment sans rien faire ou dire puis elle se précipita vers la fille en question. Elle se mit à genoux et l’aida à se redresser. « Tout… tout va bien ? Il vous a rien fait ? » Avant de s’apercevoir qu’elle devait avoir son âge. « Je vais peut-être appeler la police pour qu’ils embarquent cet enfoiré. »
L'homme se rapproche un peu plus chaque seconde, et pourtant, America n'arrive pas à faire un geste. Son corps ne répond toujours pas correctement. Sa tête a du heurter plus violemment le mur que ce qu'elle le pensait. Elle commence à jurer entre ses dents, et au moment où elle a l'impression qu'elle peut enfin se relever, une voix se fait entendre, à quelques mètres. « Hé ! » La vision de Miss America est toujours un peu floue, elle arrive juste à saisir le fait que l'homme convulse. Quelques secondes plus tard, il se retrouve à terre, juste à côté d'elle, inconscient. America se relève doucement sur ses coudes, sa tête la lance encore beaucoup. Elle entend des bruits de pas qui sonnent comme un tremblement de terre à ses oreilles, et pourtant, c'est une jeune femme, petite et mince, qui se penche vers elle. La brune prend machinalement la main que la fille lui tend, et se redresse en chancelant un peu, une main sur la tête. « Tout… tout va bien ? Il vous a rien fait ? » America fronce les sourcils et se frotte les yeux. La voix est douce et inquiète. « Je vais peut-être appeler la police pour qu’ils embarquent cet enfoiré. » Bon, il faut le dire, l'utopienne n'est pas particulièrement de bonne humeur. Elle déteste perdre, et elle déteste surtout qu'on vienne l'aider. Ses combats sont ses combats, et être aidée, c'est être attaquée de plein fouet dans sa fierté. « Je l'avais, bordel! » lance-t-elle entre ses dents, un peu brusque. « Pourquoi vous vous en êtes mêlée, je l'av- » Elle s'interrompt tout de suite. Maintenant qu'elle a retrouvé une bonne vue, que le choc commence à passer, elle peut voir clairement la personne en face d'elle. Soudain le visage de l'héroïne s'adoucit – ce qui, entre nous, arrive une fois tous les trois ans seulement, c'est un phénomène rare que peu ont pu observer – et elle détaille de ses yeux sombres le visage de la jeune femme. America trouve beaucoup de femmes jolies, dans la vie de tous les jours. Elle est un peu un bourreau des cœurs, n'hésite pas à faire du rentre-dedans quand ça l'amuse, même auprès des femmes qu'elle sait ne pas être intéressées. Mais là, quand elle voit cette fille, c'est comme si le ciel avait répondu à toutes ses prières.
Il n'y a plus que les bruits des voitures un peu plus loin, des sirènes qui résonnent dans Hell's Kitchen, pendant quelques secondes. America ne peut s'empêcher de dévisager cette fille qui ressemble à un ange tout droit tombé du ciel. On dirait que le démiurge l'a créée de toute pièce et l'a mise sur son chemin de manière complètement volontaire. « Pardon. » se rattrape l'héroïne. America qui s'excuse, ça aussi, on voit ça que tous les trois ans. Et encore. La brune esquisse un petit sourire, quelque chose qui semblerait étrange à toute personne la connaissant. « Pardon. Je suis un peu sur les nerfs. » concède-t-elle, comme si ce n'était pas son état constant. « Merci. » Elle veut se persuader qu'elle s'en serait sortie sans l'intervention de la jolie fille, mais au fond d'elle, elle sait qu'elle aurait été dans une mauvaise posture. America ne peut s'empêcher de penser que le démiurge a un rôle dans tout ça. Il faut que le jour où elle est sur le point de perdre, il y ait quelqu'un pour l'aider, et que ce soit une fille magnifique au visage d'ange. Tout ça est bien louche. Elle a un regard vers le ciel, peut-être un peu étrange aux yeux de sa sauveuse, avant de reposer les yeux sur le mutant à terre. Il est toujours inconscient. « Joli coup. » félicite-t-elle avec un nouveau sourire la jeune fille aux cheveux châtain clair. Bon, elle a encore mal partout, America, mais ce beau visage constitue un joli médicament. Son corps se régénère doucement, mais sûrement, elle peut le sentir. « Merci. » Elle regarde aux alentours. Elles sont seules. « On ferait bien de filer avant qu'il se réveille. » America fronce les sourcils, pas très sûre de devoir faire ça devant la jeune femme mais... Elle finit quand même par donner un bon coup sur la cheville du mutant. Comme ça, s'il se réveille, il ne pourra pas les suivre. Est-ce que c'est trop tôt pour la faire voler? Sûrement. America se contente de prendre le poignet de sa sauveuse et de l'entraîner derrière elle, afin qu'elle quittent la ruelle et se retrouvent dans un endroit plus exposé, plus sûr. « Qu'est-ce que vous faisiez, toute seule dans les parages? C'est pas très sûr, il aurait pu vous arriver quelque chose... » fait America une fois qu'elles sont dans la rue, et que les lampadaires lui offrent une vision plus claires encore de ce visage parfait. Cette fille est encore plus magnifique encore. America en a presque le souffle coupé, pour la deuxième fois de la soirée.
Les yeux de Cassandra allaient de la main de la jeune femme qu’elle avait sauvée à son corps entier pour vérifier qu’elle n’avait pas de blessure apparente. « Je l'avais, bordel! » Ah bah de rien. Ne pouvait-elle s’empêcher de penser. Cassie fit une moue contrariée et fronça les sourcils. « Pourquoi vous vous en êtes mêlée, je l'av- » Elle finit par croiser le regard de la jeune femme et elle se glaça sur place. Elle avait l’air vraiment en colère l’instant d’avant alors que là… là c’était autre chose. Son visage se transforma, les traits se détendirent et Cassandra crut un instant qu’elle avait en face d’elle une psychopathe prête à la zigouiller parce qu’elle la trouvait suffisamment à son goût. Autant dire que Cassandra était en train de flipper. « Pardon. » Le cœur de Cassandra se mit à battre un peu plus fort dans sa poitrine. Elle essaya de le calmer tant bien que mal. Elle avait réussi à apaiser sa colère en sortant de chez l’ami de Rupert, autant qu’elle évite une autre forte émotion. Ce serait mal vu de changer de taille juste en face de quelqu’un d’autre. L’inconnue lui sourit et elle ne put s’empêcher de faire de même. Sourire un peu hésitant, essayant toujours de calmer ses émotions. « Pardon. Je suis un peu sur les nerfs. Merci. » « C’est rien, vous avez été agressée après tout. Et de rien. » La jeune femme avait eu beaucoup de chance que Cassandra passe par cet endroit. Elle n’aurait pas imaginé ce que ça aurait donné si elle était restée auprès de Rupert et ses beaufs de copains. « Joli coup. Merci. » Cassandra se mit à rire. Ça faisait la deuxième fois qu’elle la remerciait. « Faut dire merci à ça surtout. » Fit-elle en désignant le taser qu’elle avait toujours dans la main. « Je ne pense pas qu’à moi toute seule j’aurai pu le mettre K.O. » Ce qui n’était pas faux, après tout, Cassandra était assez frêle comme fille. « On ferait bien de filer avant qu'il se réveille. » Elle le vit lui donner un coup de pied dans sa cheville et écarquilla les yeux quand elle vit celle-ci prendre un angle vraiment flippant. Elle avait une sacré force. Cassandra sentit les doigts de l’autre fille s’enrouler autour de son poignet et l’entraîner à sa suite. Elle jeta un dernier coup d’œil à son agresseur et la suivit sans dire un mot. « Qu'est-ce que vous faisiez, toute seule dans les parages? C'est pas très sûr, il aurait pu vous arriver quelque chose... » Cassandra lui sourit. « J’allais me poser dans un endroit pour que mon père vienne me chercher. » Il était inutile qu’elle parle du fait qu’elle avait fui un appartement chargé de testostérones pour son propre bien et qu’elle avait probablement froissé la fierté de son copain. « Puis j’ai mon taser comme je vous l’ai dit. C’est très efficace pour dissuader quiconque voudrait m’agresser. » Fit-elle en souriant. Puis elle avait toujours sa force surhumaine et sa taille qui changeait aussi. Même si elle ne maîtrisait pas du tout ses dons, ils étaient juste là, prêts à se déclencher tout seul.
Elles s’arrêtèrent sous un autre lampadaire et Cassandra posa enfin ses yeux sur elle pour l’examiner à la lumière. « Il vous a pas fait trop mal au moins ? » Demanda-t-elle alors. « Vous êtes sûre de ne pas vouloir appeler les autorités ? Ils pourront l’arrêter et le mettre en prison… » L’inconnue était vraiment jolie. Son visage exprimait un fort caractère et Cassandra était sûre qu’elle devait faire des ravages auprès des garçons. C’était peut-être ça l’objet de sa discorde avec son agresseur. Il aurait été un peu trop insistant et elle aurait essayé de se défendre. Le poing de Cassandra se serra. Elle espérait qu’elle n’était pas trop traumatisée. « Qu’est-ce qu’il s’est passé avec lui ? » Demanda-t-elle malgré elle. Elle n’était pas flic, ce n’était pas à elle de poser ce genre de questions, mais elle n’avait pas non plus envie de la laisser livrer à elle-même après ça. « Je peux vous raccompagner si vous voulez. Mon père peut vous déposer chez vous si c’est trop loin d’ici en plus. » Pour sûr si elle expliquait la situation à Scott il comprendrait et il ferait ça sans attendre que sa fille lui pose la question.
La jeune femme sourit. « J’allais me poser dans un endroit pour que mon père vienne me chercher. » dit-elle. America hausse les sourcils. Autant dire qu'elle n'aime pas trop l'idée que cette jolie fille attende seule dans un endroit aussi mal famé. Hell's Kitchen n'est pas qu'un nid de criminels, mais il est hors de question que l'utopienne laisse la blonde toute seule pendant qu'elle attend. « Puis j’ai mon taser comme je vous l’ai dit. C’est très efficace pour dissuader quiconque voudrait m’agresser. » America fait une moue un peu sceptique. Elle ne va rien dire, pour ne pas effrayer son interlocutrice, mais malheureusement, avec ce qui rôde ces derniers-temps sur terre, elle n'est pas sûre qu'un taser suffise à lui éviter des agressions. Certains mutants sont complètement immunisés contre ce genre de choses... Alors ne parlons même pas des mutés et des aliens. Mais bon, encore une fois, inutile de lui faire peur. Il serait dommage qu'elle rende son ange tombé du ciel complètement paranoïaque et que du coup, elle ne la recroise plus jamais. « Il vous a pas fait trop mal au moins ? » finit par demander la blonde quand elles s'arrêtent sous un lampadaire. La brune fait un mini-check-up pour la forme, observant ses quelques égratignures qui commencent déjà à se refermer. Elle relève la tête vers la jeune femme. « Non, tout va bien aller. Ce n'était qu'un petit coup. J'ai la tête dure. » fait-elle en remontant sa veste aux couleurs de l'amérique sur ses épaules. « Vous êtes sûre de ne pas vouloir appeler les autorités ? Ils pourront l’arrêter et le mettre en prison… » Non, il ne vaut mieux pas non. America est toujours techniquement une clandestine, sur terre. Pas d'identité, pas de papiers, rien du tout. Elle n'existe pas. Alors il ne vaut mieux pas qu'elle se retrouve entre les pattes de la police. Et puis elle a une mission à mener à bien, alors elle ne peut pas se retrouver ralentie parce que les autorités de cette dimension ne comprennent rien à son existence. « Je pense qu'il a eu sa petite leçon. » dit la brune en esquissant un sourire fier. « Je pense qu'il vaut mieux laisser tomber. Vu le choc qu'il s'est pris, je doute qu'il essaie de réitérer l'expérience de si tôt. » Elle hausse les épaules. Si la jeune femme n'avait pas été là, America aurait attrapé l'homme par le col, et l'aurait emmené en haut d'une montagne ou au beau milieu de l'océan, sur un îlot, pour lui faire comprendre comment les choses fonctionnent avec elle. Mais il ne fallait pas effrayer sa jolie petite sauveuse.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé avec lui ?» demande la blonde, visiblement curieuse. America jette un coup d'oeil derrière elles et hausse de nouveau les épaules. « La routine. » dit-elle sans vraiment réfléchir. « Il était en train de racketter une femme avec deux compères quand je suis arrivée. Ses deux copains ont pris peur, la femme a réussi à fuir, mais lui était coriace. Certains pensent qu'ils sont les rois du monde. » Elle a dit ça en levant les yeux au ciel, visiblement exaspérée. La jeune femme en face va sûrement trouver ça très étrange. Mais America a vu tellement d'hommes se prendre pour les rois du monde, les plus forts du pays depuis qu'elle est arrivée ici... Décidément, il y a beaucoup trop d'hommes, sur cette terre. Toutes les dimensions devraient être comme Utopie, uniquement peuplées de femmes. Le monde s'en trouverait bien mieux organisé, bien plus heureux, bien moins sombre, elle n'en doute pas une seconde. « Je peux vous raccompagner si vous voulez. Mon père peut vous déposer chez vous si c’est trop loin d’ici en plus. » America hausse presque les sourcils à cette proposition. On ne lui a pas proposé quelque chose d'aussi gentil depuis... Eh bien depuis très longtemps. Le temps d'un instant, elle est tentée de lui dire que c'est inutile, puisqu'elle sait voler et qu'elle peut rentrer chez elle en moins d'une minute mais... Elle est là, avec son petit visage fin, sa peau de pêche et ses jolis yeux.. America ne raterait une minute avec elle pour rien au monde. « Oh, merci. Ça ne le dérangerait pas? » fait-elle, avec un air gentil. America. Avec un air gentil. Le monde va véritablement de travers, ce soir. Elle n'est pas du genre à demander la permission ou à s'inquiéter que ça dérange les autres, en temps normal. Elle commence elle-même à se poser des questions sur son comportement. Elle a fait plein de concessions pour de jolies filles. Mais là, quand même, c'est un peu extrême, surtout pour une fille qu'elle vient à peine de rencontrer. « Je vais attendre avec toi, de toute manière. » Nouveau sourire. Heureusement que ses compères Young Avengers ne sont pas là pour la voir, pense-t-elle. Ils ne comprendraient rien. « Je m'appelle America. America Chavez. » dit-elle en tendant la main. Bien sûr qu'elle attend son nom en retour. Il lui faut son nom. Et peut-être son numéro de téléphone, aussi, mais ça, c'est plus compliqué à demander. Elle va commencer avec ce qu'il y a de plus basique.
Cassandra la trouvait un peu étrange cette fille. Elle ne voulait pas aller à l’hôpital, ne souhaitait pas contacter les autorités pour faire enfermer ce pauvre type dans la ruelle. Et elle ne ressemblait en rien aux autres filles de son entourage. Elles étaient toutes un peu particulières, mais elles ne dégageaient pas énormément de charisme. Là, c’était différent. Quelque chose l’intimidait chez cette fille sans savoir quoi. Peut-être était-ce parce qu’elle n’avait eu peur de s’en prendre à plusieurs gars en même temps pour sauver une autre femme ? Oui, Cassie avait des pensées féministes. C’était une féministe de manière générale alors rester avec les amis totalement beaufs de Rupert lui donnaient toujours des envies de meurtre. Elle ne s’imposait jamais parce qu’elle n’était pas taillée pour ça, mais désormais qu’elle savait qu’elle avait un pouvoir, c’était différent. Et elle sentait que cette rencontre allait lui apporter quelque chose de nouveau aussi. « Oh, merci. Ça ne le dérangerait pas? » Elle secoua la tête pour signifier que ça n’était pas un problème. Scott était un chouette papa. « Je vais attendre avec toi, de toute manière. Je m'appelle America. America Chavez. » America, c’était un prénom original. Elle avait connu des Dakota, des Arizona, mais jamais d’America. Elle aimait bien et ça allait bien à la jeune fille. « Cassandra Lang, mais j’ai plus l’habitude qu’on m’appelle Cassie. » Fit-elle en prenant la main d’America dans la sienne et la serrant légèrement. Elle ne l’avouera pas comme ça, mais elle était contente qu’elle attende son père avec elle. Hell’s Kitchen la mettait vraiment trop mal à l’aise et elle était sûre que c’était à cause de la réputation que ce quartier avait. « J’ai donné rendez-vous à mon père un peu plus loin, on peut y aller pour l’attendre. » Scott avait dit à sa fille qu’il mettrait une vingtaine de minutes pour arriver. La moitié s’était déjà écoulée, elles n’auraient pas beaucoup à attendre.
Elles allèrent au point de rendez-vous. Les rues étaient sombres et tellement peu rassurantes. Elle songea à Rupert dans l’appartement de son ami, peut-être qu’elle devrait lui envoyer un sms pour lui dire de dormir chez lui ce soir et éviter d’emprunter des chemins dangereux. Rupert tenait assez mal avec l’alcool alors si jamais il tombait sur quelqu’un de mal avisé, il avait de grande chance de finir avec un couteau dans le ventre ou pire. Elle sortit son téléphone et pianota un rapide message pour lui. Il était bien possible qu’il prenne mal son initiative, mais tant pis. Elle pouvait s’inquiéter pour lui. Elle soupira et rangea son portable dans sa poche. « Désolée j’envoyais un texto à un ami. » Oui, petit ami plutôt, mais bon. Elle sourit à America. Cassandra s’installa sur un muret non loin du trottoir et poussa un soupir de soulagement. « J’ai tellement mal aux pieds. » Elle avait hâte de rentrer chez son père pour prendre une douche et se glisser sous sa couette. Elle renversa sa tête en arrière et ferma les yeux quelques secondes en s’imaginant dans son havre de paix (oui son lit, un problème ?). Elle revint brusquement à la réalité quand elle entendit une bagarre démarrer un peu plus loin. Cassie fronça un peu les sourcils avant de reporter son attention sur la jeune fille qui l’accompagnait. « T’es à quelle école ? » Demanda-t-elle brusquement à America. Elle la voyait dans une fac de sport ou de commerce, elle avait la carrure pour les deux de toute façon. « C’est vers où que tu habites au fait ? » Demanda Cassie au bout d’un moment. Elle aussi était passée du vouvoiement au tutoiement sans s’en rendre compte. Elle ne comprenait pas pourquoi elle l’avait vouvoyé au départ, elles devaient avoir à peu près le même âge toutes les deux en plus.
« Cassandra Lang, mais j’ai plus l’habitude qu’on m’appelle Cassie. » America sourit. Ça lui va vraiment très bien, Cassie. Ça a quelque chose de très doux, parfaitement en adéquation avec son visage. La jeune femme lui serre la main. « J’ai donné rendez-vous à mon père un peu plus loin, on peut y aller pour l’attendre. » L'héroïne acquiesce, et elles se mettent en route pour le point de rendez-vous. La brune sent que Cassie est fébrile. Les rues ne sont pas particulièrement rassurantes pour des personnes lambda, à Hell's Kitchen. Elle est bien placée pour le savoir... Combien de soirées a-t-elle passées ici à essayer de se débarrasser de la vermine récalcitrante? Seule ou en compagnie des autres Young Avengers, d'ailleurs. Seulement, Cassie ne court aucun danger, même si elle ne le sait pas. Elle a à côté d'elle le meilleur garde du corps qui soit, et très franchement, ça brûle la langue d'America de le lui dire. Techniquement, rien ne l'empêche d'en parler, d'autant plus qu'elle n'a jamais été du genre à ne pas assumer ce qu'elle est, Miss America. D'habitude, elle ne se pose même pas la question d'ailleurs, et n'hésite pas à balancer immédiatement toutes les infos. Un certain nombre de dates lui ont filé entre les doigts à cause de ça. Dans cette dimension, il existe encore beaucoup de gens méfiants, effrayés par les héros et les mutants... Alors si en plus elle ose dire qu'elle vient d'ailleurs, c'est la catastrophe. Elle a toujours estimé que les filles qui n'étaient pas capable de faire face à tout ça n'avaient aucun intérêt, mais bon, parfois, c'est difficile de voir un physique de rêve lui tourner le dos. Très difficile. Et elle n'a pas du tout envie de faire fuir Cassie. Alors pour l'instant, elle joue les filles normales, et elle verra bien où ça la mène. C'est plutôt inhabituel, pour l'instant, et pas franchement désagréable, à vrai dire. Aussi absurde que cela lui paraisse. Cassie pianote quelques instants sur son téléphone, et America en profite pour observer les alentours, s'assurer qu'aucun débile ne viendra perturber ce moment privilégié qu'elle a la chance de partager avec la jolie blonde. « Désolée j’envoyais un texto à un ami. » America hausse légèrement les sourcils. Un ami? Ça ne lui plaît pas beaucoup. Mais elle ne dit rien, observe plutôt Cassie qui s'installe sur un petit muret, le long de la route. « J’ai tellement mal aux pieds. » Encore une fois, America pourrait carrément l'aider. La prendre dans ses bras, et la ramener chez elle par les airs. Ce serait tellement plus simple, et ça lui éviterait un peu de souffrance. Mais bon, il ne faut pas la faire flipper. Pas dés le début. Parce que oui, c'est le début, l'héroïne le sait. Elle va revoir Cassie. Elle se fout que ce ne soit pas les plans du destin, elle s'en fout complètement. Même s'il ne souhaite pas les remettre sur le même chemin, America trouvera forcément le moyen de tomber sur la blonde, forcément. Personne n'arrête Miss America quand elle veut un date. Pas même le destin.
Cassie balance la tête en arrière, ferme les yeux. Le brune darde ses yeux sombres sur elle, incapable de détourner le regard. Elle est belle. Elle est vraiment trop belle. Tellement qu'America a de nouveau l'impression qu'elle n'est pas réelle. Oh, elle en a vu des jolies filles, dans des dizaines de dimensions, dans des milliers d'endroits et des milliers de situations. Mais Cassie, wow. Cassie lui fait ressentir un truc qu'elle n'a jamais ressenti avant. Et du coup, elle la veut. Elle fera tout pour l'avoir. C'était déjà décidé au moment où elle a levé les yeux sur elle pour la première fois.« T’es à quelle école ? » demande finalement Cassie. America se dit qu'elle a besoin de parler pour oublier les cris de la bagarre qu'elle viennent d'entendre commencer un peu plus loin. Elle essaie de se rassurer. La brune ne peut s'empêcher de trouver ça super mignon. Jusqu'au moment où elle se rend compte qu'il faut qu'elle réponde à cette question, et que les choses se compliquent soudain beaucoup. « C’est vers où que tu habites au fait ? » ajoute Cassie, ce qui lui donne un moment de répit, le temps de trouver une réponse qui fasse un minimum de sens. « Je vis dans un ancien entrepôt à cinq blocs d'ici. On l'a aménage avec des... amis à moi. C'est plus ou moins une grande colocation. » Bordel qu'est-ce qu'elle est en train de raconter? Amis, ces loosers? « Pas toujours facile. » ajoute-t-elle, pour donner du relief, et un peu plus de vérité, à ce qu'elle vient de dire. « Quant à mes études... » Il faut qu'elle réfléchisse, et vite. « Astronomie. » Sérieusement? Bon, techniquement, elle s'y connaît super bien en astronomie, America. Parce que les planètes et les astres, elle les a visités, elle a foulé beaucoup des sols de la galaxie. Mais bon. Astronomie selon ses termes, et astronomie selon les termes de la terre, c'est.. Pas la même chose. « Et je donne des cours de self-defense à domicile. » Ça par contre, ça peut devenir parfaitement vrai. Surtout si Cassie demande à prendre des cours. Elle ne serait pas contre, vraiment pas contre. Pas du tout, du tout contre. « Et toi, qu'est-ce que tu fais? » dit-elle avec un grand sourire sur les lèvres. Bon, elle s'en est pas trop mal sortie, pour l'instant. « Tu vis depuis longtemps à New-York? »
« Je vis dans un ancien entrepôt à cinq blocs d'ici. On l'a aménage avec des... amis à moi. C'est plus ou moins une grande colocation. Pas toujours facile. » » En cet instant, Cassandra enviait America. Elle avait suffisamment d’amis pour faire une colocation géante dans un entrepôt. Elle, elle avait juste son père et Rupert et les amis de Rupert. Ces derniers, elle pourrait parfaitement s’en passer. Elle avait Kate aussi, mais Kate… Kate ça semblait tellement compliqué avec elle. « Quant à mes études... Astronomie. » Cassandra écarquilla les yeux. Elle était impressionnée. L’Astronomie avait toujours été un domaine qui faisait rêver n’importe qui. « Et je donne des cours de self-defense à domicile. » Cette fille a tout pour plaire. Les joues de la jeune fille se colorèrent de rouge à ces pensées avant qu’elle ne secoue la tête pour se reprendre. « Et toi, qu'est-ce que tu fais? Tu vis depuis longtemps à New-York? » Elle sourit. « Rien d’aussi prestigieux. J’étudie la physique, j’aimerai bien travailler dans une grande boîte style Oscorp ou Stark. Et un peu de droit aussi parce que ça me semble important quand on veut faire de la recherche. » Et tout ça, ça lui prenait beaucoup de temps ce qui l’empêchait de sortir bien souvent et de profiter. « Et je vis à New York depuis ma naissance. » Elle avait toujours connu les rues de New York, ses parents avaient déménagé de Long Island peu après sa naissance.
« Et wow, tu fais de l’astronomie donc ? Je suis assez admirative je dois dire. » Elle hésitait à lui demander si elle prenait encore des élèves pour les cours de self-défense. Si elle arrivait à faire ce qu’America avait fait aujourd’hui, elle n’aurait plus besoin d’un tazer. Elle se pinça les lèvres, elle ne la connaissait que depuis quelques minutes, elle ne pouvait pas lui demander un truc pareil. Des phares de voiture vinrent les éclairer. L’un un peu moins vivace que l’autre et c’était grâce à ça que Cassandra la reconnut. C’était le véhicule de son père. Combien de fois lui avait-elle dit de s’occuper de ce phare ? Ça pouvait lui attirer des ennuis voire lui coûter son permis. Cassie soupira. La voiture s’arrêta à leur hauteur et une vitre se baissa pour laisser passer le visage joyeux de Scott Lang. « Bonsoir. » - « ’soir papa. Je te présente America, elle… » Elle hésita un instant. Qu’est-ce qu’elle pouvait raconter à son père ? S’il savait que Cassie avait assisté à une agression, il ne la laisserait plus sortir toute seule et encore moins quitter Rupert aussi facilement. « C’est une amie. Tu peux la déposer tu penses ? » Scott étira le cou pour voir America et il lui fit un signe de la main. « Oui, évidemment. Montez toutes les deux. » Cassandra sourit et se tourna vers America. « On va pouvoir rentrer, viens. » Elle lui ouvrit la porte arrière de la voiture de son père et la laissa s’engouffrer avant de faire le tour pour monter à sa place de copilote. « Alors, vous vous connaissez d’où ? » Fit-il à l’adresse d’America en regardant à travers son rétroviseur intérieur. Sans attendre réellement de réponse, il démarra et s’éloigna de la rue où elles étaient. Cassandra sortit son téléphone et envoya rapidement un message à Rupert. Pour le rassurer. Et pour qu’il arrête de la harceler. La soirée avait été riche en émotion. Elle ne s’était pas attendue à se disputer et tenir tête à son petit ami, ni à rencontrer une jeune fille aussi… forte qu’America. Mais c’était une rencontre positive.
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Dim 5 Juin - 17:22
