Je me penche sur la voiture, ça sent l'essence mais aucune étincelle aux alentours qui risquerait de tout faire péter pour l'instant. Je penche le haut de mon corps sur celui de Cathy qui a manifestement rebondi contre le pare-brise et le volant avant de retomber sur son siège. e passe la main contre son front rougi, le sang a envahi son regard, le rideau de ses paupières est baissé sur ses yeux. Je glisse ma main contre son cou et sens un pouls. C'est bien, c'est bien. J'esquisse un sourire puis jette un œil sur le reste de son corps. Un os par ici dans une fracture ouverte, et je n'ose pas penser à l'état de son dos. Si je la sors, je risque de la paralyser. En même temps, je ne pense pas que ce taré puisse créer du feu. Quant à l'autre gars... je jette un œil, il est dans une position qui me fait penser à une poupée cassée.
Je m'écarte doucement de la voiture, après avoir dit à la jeune femme que je reviendrai m'occuper d'elle. Pour une fois, c'est dit dans le bon sens... Je me recule quand j'entends des coups de feu. Cette abrutie risque de nous faire exploser. Je soupire puis regarde autour de moi si je peux trouver quelque chose pour caler son cou. Fait chier ! Je vais dans le coffre et fouille. Il y a un bordel pas possible. Je me saisis du triangle de signalisation puis rejoins Cathy. Je retire ma veste et essaie d'accrocher l'objet sur le haut de son dos, assez pour que la nuque soit vaguement calée contre quelque chose de dur. Je serre, sans l'étrangler, juste assez pour que ce soit à peu près stable. J'écarte la portière qui résiste. Je lâche un juron et m'y prends à deux mains. Quand je vois que je peux passer – ça sert d'être une crevette finalement – je glisse une main dans son dos et l'autre sous ses jambes. Je lui chuchote quelque chose à l'oreille et la lève du mieux que je peux. Je ne sens rien craquer, se disloquer, mais sa jambe pendant dans le vide avec l'os qui me dit coucou... ce n'est pas beau à voir. Je la garde précieusement contre moi puis la pose plus loin, là où elle ne sera pas touchée en cas d'explosion. Quoique...
Je la dépose, tire un morceau de tôle au-dessus d'elle puis laisse mes lèvres une seconde sur son front avant d'aller chercher mon arme. Elle est peut-être à l'abri, mais mes trois camarades de jeu peut-être pas... Je ramasse mon arme et observe la scène. Ellen semble dans une posture ma foi plutpot facheuse. Tant mieux. Je me retiens de sourire, tout de même puis les regarde. Finalement, mon pantin se fait lamentablement abattre par l'agent – je suppose – qui accompagne Ellen. Un de moins. Je m'écarte, considère la distance entre eux et la voiture. Je me recule assez. L'homme qui l'accompagne est passé de l'état de steak haché à... parfaitement sain. Ma politique est de ne m'en prendre qu'aux mutants, mais ce n'est pas non-plus comme s'il était tout à fait normal non-plus... Mais s'il résiste aussi à ça, je serai dans la merde. Je garde mon arme à la main, parce qu'il aura suffi qu'il lève les yeux pour déjà la voir. Je m'approche d'eux et sans plus d'introduction, je demande à l'homme : « Vous avez de quoi prévenir des secours ? Mon amie a aussi besoin d'aide. » Je mets l'arme à ma ceinture et m'accroupis de l'autre côté d'Ellen. « Le danger est écarté, allez chercher de l'aide s'il vous plaît » Ne vous inquiétez pas, je vais veiller sur elle....
Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra
Elle manquait d'air. Elle avait un mal de chien à respirer. Ce n'était pas du qu'à la poussière qui avait bien du mal à redescendre mais bel et bien à cause du pouvoir qu'elle venait de s'accaparer. L'énergie qu'il engendrait semblait se puiser dans sa propre énergie vitale, dans l'énergie même de son système. Du mal à respirer, sentir son cœur battre plus que de raison, avoir la sensation que son cerveau n'était capable que de se concentrer sur la production d'électricité. Bordel de merde, comment il faisait le Henry pour supporter ça? Pour sûr que chez lui, ça s'était réveillé depuis longtemps et qu'il avait appris à vivre avec. De son côté, Ellen se prenait les conséquences d'un tel don de plein fouet, incapable de le maîtriser, incapable de l'éteindre, incapable de le contenir malgré ses efforts. Alors pourquoi avait-elle fait ça? La question de Liam était légitime. Le canon sur sa tempe tout autant. Si elle était incapable de lui répondre - bien que consciente mais les dents serrées par la douleur - dans son esprit, la réponse était claire. Depuis qu'elle avait tout perdu, sa vie valait moins que celle d'un autre. Henry était peut-être taré, Henry était peut-être dangereux pour le reste de la société s'il n'était pas sous contrôle mais Henry était un homme. Henry était un homme seulement oppressé par ses délires. Henry était un homme avec une famille certainement. Henry était surtout innocent. Si elle pouvait donner sa vie pour sauver celle d'un innocent qui a seulement besoin d'aide, elle se devait de le faire. La mort faisait partie intégrante de sa vie depuis qu'elle s'était engagée dans l'armée. La sienne, à un moment donné, lui semblait plus qu'évidente. Elle était faite pour protéger les autres, c'était son Leitmotiv.
Seulement cette fois, Henry elle n'a pas pu le sauver. Liam avait fait son choix, celui du dernier recours. Ôter la vie de cet homme. Le dernier espoir de voir la mutation s'envoler totalement. C'était chose faite. Dès l'instant où le cerveau d'Henry avait cessé de fonctionner, dès l'instant où son cœur avait donné son dernier battement, l'énergie électrique s'était éteinte, absorbée une dernière fois par le corps d'Ellen en souffrance. C'était fini. Son souffle entièrement retrouvé, elle avait pris par réflexe une grande inspiration pour remplir ses poumons, se mettant instantanément à tousser à cause de la poussière grattant ses voies respiratoires. Elle était prête à mourir, elle était prête à rejoindre les siens, véritablement et l'instant d'après, toutes ses constantes revenaient à la normale. Elle respirait correctement, son palpitant avait retrouvé un rythme plus normal. Elle en ressortait seulement avec un mal de crâne mais rien d'affreusement notable, elle avait vaincue pire. Elle avait seulement besoin de retrouver ses esprits, un moment que Jeremiah trouvait opportun pour enfin venir à eux... il était bon comédien ce salaud-là! Oui probablement que son amie avait besoin d'aide mais Ellen n'était pas dupe. Elle n'avait rien entendu mais elle avait tout vu et tout compris. Il avait d'abord retourné Henry contre eux avant de la laisser dans la panade sans rien faire. Sans Liam, elle serait probablement morte de la rage qu'Henry pensait avoir envers elle.
Il était hors de question qu'elle reste seule avec lui désormais. Si elle ne pouvait pas lui foutre une balle dans le crâne parce que sa propre éthique lui refusait et parce qu'il avait cette putain de chance d'avoir le statut de frère de Lewis, ça ne l'empêchait pas de lui lancer son regard empli de colère avec une pointe d'incompréhension. Pourquoi? Ça, elle l'ignorait mais pour sûr qu'il en avait après elle. Elle se redressait, d'abord assise, s'accrochant à Liam - probablement pour s'aider mais surtout pour l'empêcher de se barrer - alors qu'elle ne lâchait pas Jeremiah du regard, méfiante. Elle lui accordait seulement quelques mots. « Ils sont déjà probablement en route. » Parce qu'un hôpital psychiatrique qui s'effondre et un quartier aux structures fragilisées ne pouvaient pas passés inaperçu au regard des autorités, autant de la sécurité que ceux de la santé. Les pompiers, ambulanciers et autres corps médicaux étaient sûrement déjà en chemin.
D'ailleurs la sirène des flics se faisait déjà entendre à ses oreilles alors qu'elle se remettait sur ses deux pieds, appuyée contre Liam, ses muscles encore douloureux d'avoir tant subit. Elle était sale, fatiguée mais elle restait persuadée que la présence du brun n'était pas de bonnes intentions. Peut-être qu'elle fabulait, peut-être qu'elle interprétait mal les choses mais elle s'en fichait. Si elle était prête à mourir des mains de Liam, elle ne l'était pas pour celles de Jeremiah qu'elle pensait être son ami, encore plus maintenant qu'il n'y avait plus de raison valable. « Retourne au chevet de ton amie et ne tente rien que tu pourrais regretter. » Comme prendre cette arme qu'il avait à la ceinture. Elle connaissait les réflexes militaires de Liam et elle connaissait assez le bonhomme pour savoir que d'hésitation, en cas de danger, il n'en avait aucune pour tirer. Jeremiah serait perdant sur ce coup-là, pour sûr. « Allons-nous-en. » adressait-elle simplement à Liam. S'éloigner mais jamais lui tourner le dos, oh non, jamais. Son ami l'avait probablement compris à la froideur qu'elle adressait au Reagan, à la méfiance dont elle faisait preuve et bon Dieu ce qu'elle était grande, la déception encore plus et la peine également.
Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan
A peine la balle avait-elle ravagé le reste de cervelle de ce taré que l'électricité autour d'Ellen s'estompait. Il crevait, elle survivait, c'était bon pour moi. Elle reprenait constance assez rapidement et je m'assurais qu'elle ne sombre pas à nouveau, je l'aidais à s'asseoir quand l'autre gars, Jeremiah, revenait. - « Le danger est écarté, allez chercher de l'aide s'il vous plaît » - Ellen lui répondait immédiatement mais au ton qu'elle employait, à la pression de sa main sur moi, je sentais que quelque chose clochait. - Ils sont déjà en chemin. - Et ça j'en étais certain. L'alerte que j'avais reçu sur mon téléphone, qui m'avait confirmé que le problème venait d'Henry, c'était le SHIELD qui me l'avait retransmis. Les sirènes de polices n'étaient qu'un protocole de la ville, le SHIELD était aussi de la partie et des ambulances seraient sur place en un rien de temps. J'aidais Ellen à se relever, chancelante, la gardant avec moi pour la tenir debout. Elle le tutoyait, elle le connaissait. Elle ne l'appréciait pas. Ou même plus? C'était pas difficile à voir. Lorsqu'elle tournait les talons j'obéissais, m'éloigner de ce type ne me dérangeait pas. Je ne le connaissais pas mais j'avais scruté son visage, j'en connaissais chaque détail. J'avais vu ce qu'il avait fait avec Henry, je n'en avais seulement pas encore conscience.
On s'éloignait mais Ellen restait sur ses gardes alors je prenais la méfiance sur moi et la forçais à marcher droit pendant que je surveillais nos arrières. Rejoindre la rue parmi les débris, trouver un coin tranquille en dehors du nuage de poussière. Les voitures de flics étaient secondes sur les lieux, je remarquais déjà quelques véhicules du SHIELD. Banalisés. Je savais seulement les reconnaître. Le cadavre du mutant serait récupéré, mis dans un sac, autopsié puis rendu à sa famille ou incinéré. Il n'y avait pas grand chose à en dire et mes yeux feraient office de rapport. - C'était stupide. - Je posais Ellen à l'arrière de la première ambulance que je trouvais pendant que les secouristes étaient ailleurs et déballait une couverture de survie que je passais sur ses épaules sans vraiment de douceur. - Les trucs stupides c'est moi qui les fait, pas toi, tu m'entend? - Ton sec, moralisateur. Moi je pouvais survivre à la plupart des conneries que je faisais. Je levais le regard et balayais ce qui m'entourait. Lui. Là. - Attend moi là. - Je faisais un pas puis me retournait. - Tu restes là! - Hors de question qu'elle refasse la forte à aller faire un tour et crever.
Je contournais le cul de l'ambulance et rejoignais un grand type, une tête de plus que moi, qui observait la scène depuis l'autre côté des bandes jaunes, un peu isolé du reste des passants. Son attitude trompait peut être les non initiés mais ce type était un agent du SHIELD envoyé en observateur. Ils ne pouvaient pas vraiment intervenir comme ça en plein jour, en plein public et en pleine vue. Je suppose que s'ils voulaient se procurer le corps du mutant, ils le feraient directement en le volant à la morgue. Je me foutais devant lui et captait son regard. Rien à foutre de sa discrétion. - C'est le mutant sous surveillance qui a fait ça, il est mort, ça risque de mériter un petit nettoyage. - D'abord il feintait l'incompréhension puis prenais un air menaçant. Je n'avais ni badge, ni carte, ni étiquette sur mon front pour prouver mon affiliation avec le SHIELD aussi je répondais à son air menaçant par un regard noir. - Fait ton rapport. - Une tête de plus... Je l'emmerde moi sa tête. Sans plus de cérémonie je revenais à l'ambulance et à Ellen. - Ça va mieux? - Fallait pas qu'elle nous fasse un état de choc en plus.
Au regard qu'Ellen se met à me lancer, je me dis que le moment n'est finalement plus idéal pour lui tordre le cou. Et pourtant, plus les jours passent et plus je me dis que j'aurais déjà dû en finir avec elle. C'était une erreur de croire qu'elle pouvait être utile. Oh petite Ellen... tout aurait été différent si tu n'avais pas été une mutante. Ce n'est pas ce visage-ci que je t'aurais offert. C'est dommage. Mais je me suis habitué à ne plus te voir comme un être humain. La Ellen que j'admirais, que je convoitais, que j'appréciais, elle a disparu à mes yeux. Tout ce qui te rendait fragile, douce, mystérieuse, ça a disparu avec toi. Il ne reste qu'une mutante. J'aurais dû en finir avec toi depuis bien longtemps...
Je croise les bras sur mon torse alors qu'elle prend appui sur son ami, ne manquant pas de me suivre du regard. Je sais que je devrais rejoindre Cathy mais il y a cette petite chance... cette toute petite chance de profiter d'un instant d'absence. Je la fixe, mon vrai visage, c'est celui-ci. Je joins les mains devant moi, lance une œillade vers Liam puis repose le regard sur Ellen. « Retourne au chevet de ton amie et ne tente rien que tu pourrais regretter. » Je ne regretterai rien te concernant en tout cas... Elle s'éloigne, sans me quitter du regard. Le temps qu'elle seule soit tournée vers moi, je caresse mon arme du bout des doigts sans la prendre en main. Je reste immobile. Je pourrais lui tirer dessus mais je n'ai pas envie de mourir bêtement maintenant ou d'être arrêté. Ce n'est pas prévu. Ce n'est pas encore prévu, au moins. Mais elle a bien vu que sa vie n'a plus aucune valeur pour moi, alors je me permets cet avertissement. Bientôt, Ellen. Bientôt...
Finalement, elle se tourne et c'est l'homme qui se met à scruter les environs. J'imagine que je fais partie de ces environs. Je m'éloigne de leur champ de vision alors que les ambulances arrivent, le temps d'orienter les secours vers Cathy. Je les regarde s'occuper d'elle. À la question de savoir si je suis un proche, je réponds que non. J'espère simplement qu'elle s'en sortira. Mais vois Cathy, ton mutant est mort. Contrairement à la mienne...
« Tu restes là ! » Je soupire. Certaines occasions sont vraiment trop belles.
Je marche d'un pas lent, le temps qu'il disparaisse de mon champ de vision... et pour moi d'apparaître dans celui de la mutante. Je m'appuie à la porte de l'ambulance laissée ouverte. Je fais un pas rapide vers Ellen laissée seule et d'un mouvement brutal, j'écarte ses jambes pour me glisser contre elle. Je la pousse en arrière, seules ses jambes pendent dans le vide. J'entends son dos claquer contre le sol du véhicule et je grimpe à califourchon sur elle. Prévenant toute tentative de meurtre sur ma personne, avec ma propre arme notamment, je lui attrape les bras. « Bonsoir Ellen, fin de journée un peu chargée n'est-ce pas ? » Je lui joins les poignets que je tiens avec une seule main, profitant notamment du fait qu'elle ne soit pas encore totalement remise de sa précédente expérience. Je pose ma main libre contre sa bouche, jette une œillade derrière pour voir si quelqu'un nous rejoint. La multitude des victimes fait que j'ai quelques minutes devant moi. Je me penche tout contre elle et lui chuchote à l'oreille : « Oui tu as raison... Ce que tu penses avoir vu, tu as raison. Ça m'étonne que tu aies mis autant de temps pour voir combien tu me dégoûtes. Vous les mutants... Tu sèmes la destruction et la mort sur ton passage. Tu pensais sauver qui ? Ce taré qui a failli détruire tout le quartier ? Même lui... tu n'as pas été capable de le sauver. Tu es seule, désespérément seule. Et tu es dangereuse. Personne ne t'aime Ellen. Et tu n'aimeras plus jamais autant que tu as aimé. » Je la maintiens et éloigne mon visage quelques instants. Je la regarde prise sous mon corps et mes mains. J'aime bien la voir comme ça. Elle est vulnérable. « Allez, la bise. »* Je me redresse et la lâche, m'en allant sans me retourner. Ah si, quand je vois que son ami l'a rejoint, je leur lance : « Surveille-la, elle est un peu palote. » Et je m'en vais sans plus de discours... Elle a entendu ce que je devais lui dire.
Spoiler:
* Parce que ça m'a fait tripper quand jsais pu qui avait dit ça quelques fois dans une convo skype xDD
Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra
Il était avenant. Il était souriant. Il était attendrissant. Il était compatissant.
Il était.
A présent, ce n'était plus le cas. A présent Jeremiah avait un visage fermé, des expressions dures sur le visage. Ses traits fins avaient disparus, son sourire avec. Elle ignorait s'il avait simplement retiré son masque de faux semblants ou s'il avait simplement changé. Le résultat était le même. Il la détestait. Il la détestait au point qu'elle s'en méfiait comme de la pire des vermines et ça faisait mal, foutrement mal. Ça faisait mal parce qu'elle les pensait amis, parce qu'il faisait partie de son entourage au travers de Lewis. Elle ne comptait plus le nombre de fois où ils avaient été amené à passer du temps ensemble pour discuter, pour se souhaiter de bonnes fêtes. Elle avait même encore une babiole qu'il lui avait acheté pour un noël. Un cadeau inattendu mais qui trônait toujours sur l'un de ses meubles de salon. Ce type, elle l'avait toujours apprécié, estimé et si elle avait remarqué qu'elle le voyait de moins en moins, s'il n'était même pas venu à l'enterrement de ses proches, elle avait mis cela sur le dos du hasard, sur le dos des circonstances. Aujourd'hui, elle comprenait que non. Ce n'était en rien le hasard, c'était un choix. Il avait choisi de lui-même de s'en aller, de s'éloigner. Il avait choisi de la haïr pour ce qu'elle était devenue, à cause des nouvelles capacités qui s'étaient réveillées chez elle. Oui, elle avait changé mais ce n'était pas les méfaits d'une quelconque mutation mais bel et bien à cause du deuil. Elle aurait aimé le savoir à ses côtés parce qu'il avait toujours été d'un certain réconfort. C'était fini désormais, raison de plus pour ne pas aimer ce don qu'elle avait déjà fortement du mal à accepter.
En sécurité, posée à l'arrière d'une ambulance, elle écoutait les sermons de Liam, attrapant son genou gauche dans les mains pour le masser doucement de ses pouces. Elle était probablement mal retombée en attaquant Henry. « C'était nécessaire. » avant d'être stupide. C'est ainsi qu'Ellen voyait les choses et si son ami voulait s'attribuer les choses stupides, elle s'attribuait le nécessaire. Nécessaire de stopper Henry en lui retirant ses capacités, nécessaire de contenir au maximum une vague électrique, nécessaire de se préparer à mourir pour la survie d'un innocent - et même de plusieurs en estimant le quartier, nécessaire finalement qu'elle lui vole son don pour que Liam puisse l'approcher et l'abattre, les balles ne l'éteignant pas sans cela. Menacée de quelques mots, Ellen ne bougeait pas de sa place, cherchant seulement du regard dans l'ambulance si une bouteille d'eau traînait par là, elle avait foutrement soif. C'est dans cet instant d'inattention qu'elle se sentait poussée en arrière, bien incapable de se débattre comme elle le ferait d'habitude, ses muscles toujours endoloris par les minutes précédentes. Ce n'était que lorsqu'elle était enfin immobilisée et forcée au silence qu'elle se rendait compte que c'était Jeremiah. Elle aurait pu le mordre, hurler, le frapper, attraper n'importe quel objet pour lui faire du mal. L'adrénaline aurait pu lui permettre tout ça si la nécessité d'écouter n'avait pas été là. Certes, elle cherchait toujours a dégagé ses bras de son emprise - c'est qu'elle avait de la force la crevette - mais chacun de ses mots la rendaient un peu plus vulnérable, un peu moins combative. Il soulignait sa dangerosité, son inutilité dans tout ça mais surtout sa solitude qui se creusait de jour en jour depuis que son deuil avait commencé, que sa mutation s'était réveillée. Elle s'isolait d'elle-même, pour éviter bien des désagréments mais il n'empêchait qu'il avait raison. La douleur se réveillait dans sa poitrine mais elle ne lui ferait pas le plaisir de lâcher la moindre larme, c'était hors de question. A la place de ça, elle se laissait submergée par la colère, par l'envie de lui coller son poing dans la gueule comme dirait Liam.
Bientôt libérée, elle se redressait, l'observant s'éloigner, les yeux fixés sur lui. Sa mâchoire serrée, elle se promettait bien des choses. Des choses peu glorieuses pour Jeremiah, qui alimenteraient certainement son message que les mutants ne sont que des monstres mais sur le coup, elle s'en fichait pas mal, tout autant que son statut de frère de Lewis. Quand elle aura la possibilité de le priver d'air, quand elle sera en capacité de l'empêcher de réfléchir, de nuire, elle le fera. C'était lui ou elle, elle le savait. Son regard ne le quittait que lorsque Liam revenait, se concentrant davantage sur lui. « Oui ça va. » Un dernier regard à Reagan et elle se redressait sur ses jambes, s'appuyant volontairement sur son genou blessé. Ce n'était pas agréable mais elle n'avait pas affreusement mal non plus. Elle allait probablement avoir un bleu dans quelques temps mais rien d'important. « Les ambulanciers ont mieux à faire que de s'occuper de moi. Je vais rentrer. » Qu'il le veuille ou non, c'est bien ce qu'elle comptait faire. Rentrer, prendre une douche, retourner au boulot pour faire son rapport, pour comprendre ce qui avait foiré. Elle le savait. Elle allait feindre l'incompréhension. Une fois de plus elle allait mentir mais elle n'était plus à ça près, pas vrai?
Accueil
Ven 15 Juil - 13:25
