Il faisait froid, et l'orage grondait. Habituellement, l'air glacial n'était pas un problème; et le bruit du tonnerre ne différait pas vraiment de celui des gros générateurs qu'ils utilisaient au centre. Alors pourquoi diable Winter n'arrivait pas à trouver le sommeil ? Il fixait le plafond sans bouger, la couverture lui ceinturant le torse, et ses paupières closes ne cessaient de s'agiter. Un mauvais film repassait devant ses yeux, le métrage de sa vie, une succession de souvenirs qui pourtant ne le touchait pas plus que ça. Il savait que certains moments avaient été difficiles, terribles même. D'autres, plus beaux. Quand il avait vu la mer pour la première fois. Quand il avait goûté une glace à la framboise. Lorsque Hannibal lui avait rendu son sourire. Se mêler à une foule, regarder les gens passer sur un bord du trottoir, voir une toile incompréhensible dans un musée. Winter avait l'impression de devenir humain. Il ressentait des émotions qu'il n'avait, auparavant, jamais ressenties. Probablement parce qu'il n'avait jamais eu l'opportunité de les ressentir : il y avait peu de changement dans le quotidien au centre. Peu de diversité, et aucun loisir. Seven n'avait pas été créé pour le loisir. A nouveau, il finit par ouvrir les yeux sur le plafond. La respiration calme d'Hannibal lui parvint. Son estomac se noua. Depuis qu'il avait rencontré son double, ce clone créé au même centre que lui, pour les mêmes raisons, il avait l'impression d'être à nouveau entier. Ils n'étaient pas frères, car il n'y avait aucune différence dans leur code génétique, même infime. Aucune, sinon les chromosomes responsables de leur mutation. Hannibal avait développé la capacité d'électrokinésie, et Winter celle de la dolorokinésie. Et si leurs pouvoirs différaient, leurs caractères aussi. Ils n'appartenaient pas à la même génération, après tout. Ils n'étaient pas tout à fait identiques. Pour autant, ils étaient les mêmes. C'était compliqué, et pas forcément clair pour Winter, mais il était l'autre moitié d'Hannibal. Il passa la main sur son estomac tout noué, et tourna la tête vers la douce respiration qu'il entendait. Il repoussa les couvertures et se leva. Dans la lumière de la lune, sa peau paraissait crème. Hannibal dormait, lui. Winter se glissa sous les couvertures de son autre, et glissa son bras sur le torse de Nine. Maintenant, il réussirait à dormir.


« Seven. » Il ne répondit pas. Ce n'était pas une question, à peine une affirmation. Un simple constant pour avoir son attention. Il était assis sur cette chaise depuis dix minutes déjà, et la voix grésillait pour la première fois par les haut-parleurs accrochés aux quatre coins du plafond. Ses bras étaient sanglés, ses jambes aussi, et une lanière de cuir lui ceinturait la taille. Un embout métallique avait été placé sur ses indexs droit et gauche. Il savait ce qu'il l'attendait. Ce n'était pas la première fois. Son rythme cardiaque s'accélérait néanmoins : il anticipait la décharge. Une porte s'ouvrit sur sa gauche mais il continua de fixer droit devant lui. Le visage fermé, il attendit qu'on installe l'autre cobaye sur la chaise opposée. C'était un homme, mais sa tête était recouverte d'une sorte de cagoule, qui l'empêchait de distinguer ses traits. Lui aussi fut sanglé, connecté au même dispositif électrique que lui. Sous l'un des doigts de Seven, il y avait un bouton. Une simple pression, et son vis-à-vis recevrait une décharge. S'il n'appuyait pas, il recevrait lui-même la décharge. Un jeu psychologique, un test auquel il s'était habitué - mais à chaque fois qu'on l'amenait dans cette pièce, à chaque fois qu'on observait ses prestations, le stress grimpait. « Inflige ou subis. » Et comme les fois précédentes, il garda les yeux rivés sur la cagoule, sur celui qui lui faisait face. Son doigt ne pressa aucun bouton. Il ne bougeait pas d'un pouce. Une minute s'écoula, puis il sentit le courant venir griller ses indexs, chatouiller ses paumes et lui traverser le corps. Il serra les dents, préféra lâcher un hurlement plutôt que briser sa propre mâchoire. Son cri déchira le silence. L'autre cobaye, la supposée victime, remua et lâcha un gémissement d'impuissance. Aucun des deux n'aimait la barbarie du test qu'ils passaient, mais ils n'avaient pas le choix. C'étaient les ordres.

La décharge s'estompa et Seven trembla encore quelques secondes. Il n'y eut plus aucun bruit à nouveau, jusqu'à ce que le grésillement ne revienne. « Inflige ou subis. » A nouveau, il resta stoïque. Son doigt caressa le bouton mais ne le pressa pas. L'horloge suspendue derrière lui faisait résonner son tic-tac comme un bourreau aiguise sa hache avant de découper une tête ou deux. Une minute, et le courant revint. Ses indexs, ses avant-bras, son corps entier lui paraissait puer le brûlé, et il songea un moment que son cœur allait peut-être s'arrêter. Serait-ce une mauvaise chose, vraiment ? Son glapissement de douleur se répercuta quelque part contre les murs, mais la voix qu'il entendit n'avait rien d'humaine. Enfin, la douleur s'estompa. Sa tête retomba mollement, alors qu'il expirait bruyamment, comme pour se débarrasser des impulsions résiduelles qui piquaient encore ses orteils et ses doigts, le bout de son nez. Ses extrémités étaient à fleur de peau. Il cracha un mollard ensanglanté : il s'était mordu la langue, et l'écarlate suintait à la commissure de ses lèvres. Mais il ne faiblirait pas. Il ne serait pas celui qui ferait mal, il n'avait pas été conçu pour ça. Ce n'était pas lui, le soldat. C'était l'autre génération, celle des Alphas. Sur les champs de bataille, il serait support, soutien, soigneur. Il n'ira jamais sur le front, il restera à l'arrière, une ligne de défense qui prendra peut-être des coups, mais n'en infligera que si nécessaire. Dans cette situation, il n'était pas nécessaire d'appuyer sur le bouton. Ce n'était pas ce qu'on attendait de lui. On testait sa résistance à la douleur, sa volonté, sa dévotion à la cause. « Inflige ou subis. » La voix était neutre, salie par le micro. Qui était derrière ? Qui donnait les ordres ? Seven n'en avait cure. Il ferma les yeux quelques secondes, appréhendant la décharge. Il savait qu'elle viendrait sous peu. Les picotements reprirent, chauffèrent la peau déjà brûlante. Son hurlement cette fois se fit sauvage. Quelque part sur sa joue se traçait le sillon de ses pleurs. Il n'avait pas honte pourtant, car ce n'était pas de la faiblesse. Seven était brave. Il exerçait son rôle de Bêta à la perfection. Il était un parfait soldat - et ses larmes étaient fierté.


« Dis bonjour à Winter Sekhmet ! » La jeune femme lui lança un sourire en tendant le bras. Elle tenait dans sa main des papiers d'identité, le nécessaire pour tout bon nouveau départ. Mais Seven ne souriait pas, lui. Il n'était pas encore habitué à ça. « C'est bien que ce que tu voulais, non ? » Cette fois, le regard d'Anya se posa sur lui avec sérieux. Winter - puisque c'était son prénom désormais - tourna vivement la tête, s'arrachant à la contemplation d'un enfant assis sur les épaules de son père. Il laissa ses yeux dériver sur Anya. Ses cheveux corbeaux étaient la première chose qu'il avait remarqué, les cascades de mèches ténèbres qui encadraient son visage angélique. Elle était jolie, sans aucun doute. Probablement excentrique, pour les autres; mais pas pour lui. Pas pour Hannibal non plus, de toute évidence. Il était la raison de leur rencontre: depuis plusieurs jours, peut-être même quelques semaines, il avait correspondu avec Anya. Il l'avait rencontrée à multiples reprises, et elle avait accepté de leur faire des nouveaux papiers. Leurs premiers documents officiels, leur première vraie identité. Nine était devenu Hannibal Sekhmet, et Seven jouerait le rôle de son frère jumeau. Ils n'avaient aucune parenté pourtant - bien qu'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Ils étaient bêtement les mêmes. Des clones, deux entités différentes issues d'un même matériel génétique. Anya ne savait pas tout cela. Hannibal ne lui avait pas donné toutes les informations les concernant, simplement parce qu'il ne lui faisait pas confiance. Ni à elle, ni à personne d'autre que Winter. Et ce dernier allait devoir se taire aussi; même si la jeune femme qui lui faisait face alors, lui paraissait tout à fait digne de connaître la vérité. Il prit les papiers, plongeant son regard dans celui d'Anya alors que leurs doigts s'effleurèrent. « Merci. » lâcha-t-il dans un souffle. Merci de nous donner une chance, pensa-t-il. Winter sentait le regard d'Anya sur lui, mais il l'ignora, et rangea ses nouvelles pièces d'identité dans la poche de son blouson. « Vous êtes carrément identiques. C'est flippant ... et fascinant, aussi. » Par pur automatisme, Winter sourit. Elle n'est pas idiote, elle sait qu'ils cachent un truc. Pourquoi voudraient-ils faire appel à ses services, s'ils n'avaient rien à se reprocher ? S'ils n'étaient pas en cavale ? Encore une fois, il répéta « Merci. » et elle leva les yeux au ciel. « Winter ! Même durant notre première rencontre, Hannibal a été plus loquace que toi. Et c'est dire beaucoup, le connaissant. » Elle s'était familiarisée avec leurs nouveaux noms à une vitesse folle, comme si c'était là leurs patronymes de naissance. Comme s'ils se connaissaient depuis longtemps, aussi. Winter songea à quel point ce serait agréable, d'avoir quelqu'un d'autre sur qui compter, en plus d'Hannibal. Immédiatement, il s'en voulut d'avoir osé y penser - ils ne pouvaient compter que l'un sur l'autre. Il essaya pourtant de faire un effort. « Nine est plus - je veux dire, Hannibal. Il est plus doué à ça que moi. » Devant le regard curieux d'Anya, il se tut, mais elle l'invita doucement à poursuivre. « Je ne pense pas pouvoir te dire pourquoi, mais le monde dans lequel tu vis .. c'est nouveau. Il y a tellement de gens, tellement d'espace. Ça me donne le tournis rien que de penser à tout ce qu'il me reste à voir. J'adore cette sensation. J'aime découvrir le goût de la framboise et le miaulement des chats de quartier, j'ai enfin bu de l'alcool et le feu dans ma gorge était exaltant. » Il rougit sans le vouloir, en imaginant ce qu'Anya pouvait bien penser. Son discours, pour n'importe qui d'autre, n'aurait eu aucun sens. Mais Anya écoutait seulement, et elle posa sa main sur celle du jeune homme. Il baissa les yeux sur leurs doigts enchevêtrés et les releva pour fixer les iris de la jeune femme. « Mais il y a un revers à cette médaille - à cette incroyable sensation de liberté. Je ne sais pas parler aux gens. C'est lui qui parle, moi je reste en retrait. Il sait faire semblant, c'est dans son caractère. Je suis un brave soldat, mais un piètre comédien. » Finalement, il reprit possession de ses mains, qu'il ramena dans ses poches, et son regard repartit se poser sur les enfants qui jouaient avec leurs parents, dans l'aire de jeux avoisinante. « Il n'a rien à t'envier, tu sais, fit-elle soudain, après un court silence. Vous êtes spéciaux, tous les deux. Un peu étranges, un peu communs, pratiquement identiques, mais spéciaux. » Winter s'adossa au banc, et poussa un léger soupir. « Je n'ai rien de spécial. »


Au réveil, Hannibal n'était plus dans son lit, et Winter se sentait tout d'un coup étranger aux draps qui l'entouraient. Qu'est-ce qu'il faisait dans le lit de son jumeau, de son autre ? Il se rappela l'orage, en jetant un coup d’œil par la fenêtre: le temps était maussade et les rues grises de pluie. La chaleur d'Hannibal - si semblable à la sienne - lui manquait déjà, et il tourna la tête vers la salle de bain en entendant le bruit de l'eau couler dans la douche. Il se leva, le corps presque nu si ce n'était un simple sous-vêtement, et un frisson le parcourut. Ses pieds firent grincer le plancher alors qu'il se dirigeait vers la cuisine, où il récupéra l'ipod que lui avait offert Anya quelques temps plus tôt. Winter tapa son code, et se lança dans la recherche d'une chanson parfaite pour commencer la journée. La musique était une formidable découverte; il y en avait pour tous les goûts, de tout style et de tout horizon. Ce qu'il préférait, c'était les instrumentales rigoureuses, mathématiques, celles qui avaient du sens et répondaient à sa logique. Il lança Salzburg de Worakls et écouta le début sans trop bouger, accoudé au comptoir. Finalement, il sortit sur leur balcon, qui était finalement plus un escalier de secours qu'un véritable appendice d'appartement aménagé. Il alluma une cigarette, l'un des premiers vices dont il était victime depuis leur libération, à Hannibal et lui. Ce n'était pas tant une histoire d'addiction, qu'un simple exutoire, un passe-temps. A eux deux, ils avaient pris l'habitude de partager le même paquet. La musique résonnait derrière Winter et il prenait de petites bouffées, appréciant la moiteur de l'air. Le bruit de la douche s'arrêta. Hannibal poussa la porte de la salle de bain, une simple serviette autour de la taille. C'était devenu une autre formalité, une façon de s'accorder aux conventions sociales; parce que la nudité, entre les Sekhmet, n'était pas un problème. Elle ne l'avait jamais été, car jamais il n'avait été conçu pour ressentir le désir, pour flancher à la moindre partie intime exposée. Mais ils voulaient jouer aux humains, alors ils appliquaient leurs us, leurs coutumes, leurs habitudes. Et puis, entre Hannibal et Winter, quelque chose se réveillait - une ombre de fantasme - et il ne servait à rien de l'entretenir, n'est-ce pas ? Hannibal sortit à son tour, et glissa sa main encore mouillée sur la nuque de Winter. Du bout des doigts, il marqua le rythme de la musique que tous deux entendaient parfaitement, et traça sa route sur le bras de Seven. Celui-ci resta stoïque, appréciant le contact sans pour autant le sur-interpréter. Les doigts de Nine agrippèrent la cigarette que tenait Winter, et il la lui vola des mains en dissimulant un sourire malicieux. Il en prit quelques bouffées à son tour, et la replaça entre les lèvres de Seven. « La douche est à toi. » murmura-il avant de retrouver la chaleur du salon.

Bienvenue chez les HOMO SUPERIOR.

  SUPER FICHE    

que dire de plus? fiche parfaite, personnage touchant, intéressant, j'ai hâte de voir son évolution et de rp avec toi et on est trop bons, c'est tout.


time to have fun. Maintenant que tu es validé, tu peux commencer par aller recenser différentes choses, comme ton métier ou ton pouvoir si tu en as un. Tu peux aussi te chercher des copains sur le forum, c'est à dire poster ta fiche de liens. Si ton personnage est du genre à passer son temps sur son téléphone ou sur le net, tu peux aussi te rendre sur la webosphère.
Nous t'encourageons fortement à te rendre dans la chat box pour y faire la rencontre des autres membres, si tu le souhaites ! Sinon, tu peux aussi aller te créer un scénario. Quoi qu'il arrive, n'hésite pas à te faire ton trou par chez nous, on te souhaite bien des RPs et une belle et longue aventure sur TNA !

ENJOY !