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 When the truth come out of the shadow. || Feat. Sharon

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When the truth come out of the shadow.
Feat. Sharon E. Carter


Se lever c'est une chose. On jette une jambe en l'air pour repousser la couette, on se bouge comme un peu jusqu'au bord du lit et on se redresse pour s'asseoir. Finalement on prépare ses jambes et on les déplie tout en poussant pour se mettre en position debout. De là tout dépend de qui vous êtes ou ce que vous êtes mais ça se passe entre la salle de bain, le café ou les toilettes. Je vous dirais pas ce que c'est pour moi, on est pas encore assez intime.
Non, se lever c'est facile. Se réveiller en revanche... C'est certainement pas la même histoire. On a beau être debout, se tenir sur ses jambes devant la cafetière qui chauffe en oscillant dans un sens puis dans l'autre sans parvenir à trouver l'équilibre, et bien on a toujours la tête profondément enfoncée dans un brouillard impossible.

J'avais visité la salle de bain, avait passé de l'eau froide sur ma tête, je humais la vapeur caféine qui s'extirpait de la tasse entrain d'être remplie du liquide sombre sans réussir à aligner mes yeux et mes orbites. Et le comble d'avoir ma bouche c'est que vous ne pourriez pas boire ce café de suite par impossibilité de ne pas vous brûler. Je ne comprendrais jamais ces gens capables d'avaler un café chaud tout juste sortit de la machine. A l'origine j'étais à un gars à thé, britannique oblige, mais depuis la Sokovie j'avais pris l'habitude de boire du café au réveil. Plus amer, plus fort que le thé, ça me réveillait plus facilement et plus vite. Enfin c'est ce que je me disais mais je pense que c'était surtout une question d'habitude. J'étais pas sûr de savoir si c'était une bonne ou une mauvaise mais au moins celle-là n'avait aucune conséquence sur quoi que ce soit sinon que si je n'avais pas mon café au réveil, je pouvais devenir très irritable.

Il était déjà 9h et des poussières quand j'avais réussi à finir mon café et j'étais déjà en retard. Pourquoi? Un rendez-vous de travail. Pas de le genre de rendez-vous auquel vous venez de penser. Pas celui-là non plus. Arrêtez d'imaginer une streep-teaseuse autour d'une barre de pole dance plantée au travers d'un bureau, en dessous rose et avec un pompom sur l'arrière train, c'est pas ça. Non, là en l’occurrence la danseuse était un danseur et il ne dansait pas du tout, non, lui il frappait. Un boxeur, ancien professionnel, reconvertit en dealer de drogues dopantes. Etre dans le milieu ça aide. Cet abruti avait suivit les traces de son ancien coach et était devenue dernièrement un intérêt pour Ivan ou peu importe qui d'autres dans l'organisation. Mon boulot était de le rencontrer dans le Queens, lui faire une proposition, lui offrir notre protection contre quelques... services le moment venu. Il travaillait principalement dans le Bronx, moi je vivais à Brooklyn, et savoir qu'il allait lui aussi faire le déplacement ne me donnait pas plus envie de moi-même sortir de chez moi.
Oui, c'était un de ces jours où tout ce que vous voulez faire c'est rester au fond de votre lit and chill.

Je m'habillais, prenais mes affaires, à savoir mon téléphone un couteau et deux trois bricoles, et je sortais. Concrètement je portais le même genre de tenue que d'habitude: des vêtements sobre, veste en tissus noire, t-shirt blanc, jeans sombre... Bref, le truc basique. Il me fallait le temps qu'il me fallait pour traverser la distance en moto et je la garais à deux rues du lieu de rendez-vous dans un coin tranquille avant de me mettre en route. Je prenais cinq minutes pour m'arrêter prendre un café dans un Starbucks avant de reprendre mon chemin. J'étais en retard, oui, je sais, mais j'avais pas envie de faire cette rencontre et Ivan le savait. M'en voulait-il toujours pour le dernier échange foiré, J'étais pas responsable mais allez lui expliquer ça. Enfin bref, mon moka dans la main, j'avançais sur le trottoir. Je n'allais pas tarder à pouvoir voir le banc sur lequel le boxeur était supposé m'attendre, ça ne serait plus très long.
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truth come out of the shadow


Elle trépigne. Les ongles tambourinent contre la table. Le regard fixé sur les écrans de surveillance. Toutes les caméras situées dans la rue sont utilisées pour voir l’avancée de la mission. Ses prunelles ne quittent pas la silhouette masculine qui déambule, gobelet à la main. Il pourrait passer inaperçu avec sa tenue passe-partout. Peut-être est-ce le but recherché. Il pourrait passer inaperçu, oui, mais elle le reconnaît. Le même gars qui a failli devenir fou alors qu’ils avaient été enlevés. Le même gars qui était à ses côtés dans cette merde pas possible. Ils n’ont pas pris le temps d’échanger leurs coordonnées ou même leur nom. Ils ne se connaissent pas vraiment, si ce n’est qu’ils ont survécu ensemble. Qu’ils ont vécu une expérience étrange et traumatisante. Elle trépigne. Elle ne parvient pas à maîtriser la tension. Elle sait que ça ne va pas se passer correctement. Elle le sent dans les fibres de son corps. Elle le sait, ça ne s’explique pas. “Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée ? Comment vous pensez qu’il va réagir face à un gars qui lui demande de le suivre ?” Elle est à peu près certaine qu’il va mal réagir. Qu’il va se demander ce qu’on lui veut. Qu’il va être sur ses gardes. Qu’il va refuser que l’agent sur le terrain lui parle. Elle s’en doute. Mais mettre en doute une opération menée par une autre équipe est grave. Signe d’un manque de confiance. L’agent Hunt pose une main sur son bras. Il attire son attention par ce simple contact. Elle s’arrache des écrans pour planter son regard dans celui de l’agent. Ils sont amis. Même plus que cela. Pourtant, elle doute de l’efficacité de cette mission. “Tu veux bien nous faire confiance cinq minutes ? On va voir comment il réagit et, au pire, on a un plan B.” Elle prend une inspiration. Une profonde et lente inspiration. Elle devrait lui faire confiance. Elle devrait. Mais elle n’y parvient pas aujourd’hui. Elle a lu le dossier de Dayle Strickland. Si les informations présentes dans ces papiers sont justes, il ne se laissera pas faire. Elle aurait dû être envoyée là-bas. Elle aurait dû insister pour aller à sa rencontre plutôt que de laisser un novice y aller. Elle pose sur regard sur l’écran qui montre l’agent marchant dans la rue. Il aurait quand même pu être plus discret. Porter une tenue plus discrète. Se fondre dans la masse. Ce n’est pourtant pas si compliqué. Ce n’est pourtant pas si incongru. Sur les images, les deux hommes se rapprochent. Les deux hommes marchent l’un vers l’autre. Les deux hommes vont bientôt se retrouver sur le même écran, dans le même décor.

∆∆∆∆

Il va faire ses preuves. Il en est certain. Il le veut. Son équipe compte sur lui. Il ne peut pas les décevoir. Alors, il avance dans la rue. Il a mémorisé le visage de la cible. Il a regardé plusieurs photos pour ne pas le rater dans la foule. Il sait qu’il le reconnaîtra et même s ce n’est pas le cas, l’équipe de surveillance l’aidera à le trouver. Cette mission va bien se passer. Même si la cible a des pouvoirs. Pouvoir ou pas, la cible voudra forcément ne pas attirer l’attention. Et de toute manière, ils ont de quoi l’assommer et lui retirer ses pouvoirs pour les trois prochains jours, si il s’avère peu coopératif. L’agent Wilson est confiant. Dans son oreillette, il entend les doutes de l’agent Carter, mais il ne les partage pas. Elle devrait apprendre à faire confiance. Elle devrait apprendre à lâcher prise. Qu’elle retourne surveiller ses super-héros si elle n’est pas heureuse. Ils n’ont pas besoin d’elle. N’est-ce pas ? Wilson continue d’avancer. Il sait que la cible n’est plus très loin. Il devrait la croiser après avoir tourné à gauche à la prochaine intersection. Il est prêt à l’intercepter. Il est prêt à agir. Il est prêt à lui intimer l’ordre de le suivre. Il s’est entraîné le matin même à prendre une grosse voix devant son miroir. Il y arrivera devant Strickland. Le trottoir tourne sur la gauche. Il le suit. Il cherche le visage de sa cible. Et il le trouve. “J’ai un visuel.” Sa phrase est marmonnée. Il s’adresse à l’équipe restée en retrait, au cas où. Les affaires sérieuses vont pouvoir commencer. Il se dirige droit vers l’homme. “Surtout, allez-y doucement, Wilson.” La voix autoritaire de Sharon résonne dans son oreille. Il lève les yeux au ciel. A croire qu’il est incompétent. A croire qu’il va faire foirer toute la mission. Elle ne le connaît pas. Elle ne peut pas savoir combien il est doué dans le métier. Il ignore son injonction. Répondre ne servirait à rien, de toute manière. Elle a son avis, il a le sien. Il continue sa progression jusqu’à la cible. Il finit par l’aborder. “Monsieur Strickland ? Je vous demande de bien vouloir me suivre.” Sa voix a légèrement perdu d’intensité et de gravité depuis ce matin, mais il est parvenu à maintenir un ton sévère. Il est fier de lui. Cependant, il ne doit pas le montrer. Il n’a pas le temps de le faire. Il est en mission, pardi ! “Nous pouvons le faire à la manière douce ou nous pouvons avoir recours à la violence.” La menace est claire. La menace est palpable. Si Strickland est un minimum sain d’esprit, il acceptera de le suivre sans attirer l’attention autour d’eux. Si il est un minimum sain d’esprit, il se laissera faire. L’objectif n’est pas de le maltraiter. Du moins, pas dans un premier temps.

∆∆∆∆

Quelque part dans New-York, Sharon s’impatiente. Quelque part dans New-York, elle se dit qu’elle n’aurait jamais dû laisser Wilson y aller seul. Quelque part dans New-York, elle s’imagine que l’agent se croit dans un film d’action. Sauf qu’ils ne sont pas dans une super-production de Hollywood. Ils sont dans la réalité. Elle lance un regard désespéré à Hunt. Elle aurait préféré que ce soit son ami qui y aille ou un autre agent de l’équipe, mais cela aurait compromis leur couverture auprès de l’HYDRA. Toute l’équipe aurait pu être mise en danger si quelqu’un l’avaient vue enlever un homme dans la rue. Raison pour laquelle, c’est Wilson qui a été envoyé sur le terrain. Raison pour laquelle ils ont dû choisir un agent inconnu de l’HYDRA et pas forcément compétent. Il a été choisi pour ses réflexes et pour ses aptitudes physiques. Face à un homme doté de pouvoirs, des réflexes pourront être utiles. En théorie. “Je vous conseille de ne pas jouer avec mes nerfs.” La voix de Wilson continue de remplir la pièce. Il sort des répliques piochées dans ses films préférés, elle en fait le pari. Ils sont foutus. Là aussi, elle en fait le pari.

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J'approchais du croisement. Du côté où je me trouvais il y avait des petits immeubles, de l'autre côté se trouvait un parc et le banc que je cherchais en longeait la barrière. En fait Je n'avais plus qu'à rejoindre la passage piéton du croisement et traverser. Quelques pas encore et je rejoignais l'angle, buvant une gorgé de mon moka. Je sais pas ce qu'ils mettent dans leurs café chez Starbucks mais ils sont vachement bon, et ils donnent des hallucinations aussi. Devant moi un homme venait de surgir. Enfin pas de surgir au sens strict du terme mais disons que ses compétences sociales mériteraient d'être améliorées, surtout avec ce qu'il venait de me demander. Toujours le gobelet collé sur les lèvres je le fixais, pas sur d'avoir bien compris, ni même sûr qu'il me parlait vraiment à moi. Il avait tenu un ton autoritaire mais j'étais certain d'avoir senti qu'il avait voulu aggraver sa voix. Et puis surtout, pire encore, comment connaissait-il mon nom? C'était qui ce type?

Je le jaugeais tout en baissant mon gobelet, j'observais discrètement sa carrure, sa silhouette et sa musculature autant que sa tenue. Propre, nette, louche. Son regard était vif, son corps était entraîné. Ce gars là n'était pas le dernier des troufions et j'assumais immédiatement qu'il n'appartenait pas au milieu criminel. Rien à voir avec son physique, juste un vilain aussi haut soit-il dans le hiérarchie de n'importe quelle organisation ne m'aurait jamais qualifié d'un "monsieur". J'allais sourire, curieux, mais son intervention me coupa dans mon élan. - « Nous pouvons le faire à la manière douce ou nous pouvons avoir recours à la violence. » - Pas de sourire mais un regard presque choqué, outré. Si j'avais songé jusque là à l'idée de jouer le jeu pour savoir ce qu'il me voulait, cette menace ne me convenait pas du tout et plutôt que d'en être effrayé, j'en devenais d'autant plus buté. Ce genre de menace frontale ne fonctionnait pas avec moi, plus depuis longtemps. - Non. - Clair, net, précis, sans fioritures. - J'ai pas le temps, prenez rendez-vous avec ma secrétaire. Bonne journée. - Je prenais pas de rendez-vous, j'avais pas de secrétaire, mais de toute façon c'était évident que c'était faux. Après tout, dire uniquement non, c'était pas poli.

Je lui lançais un sourire et le contournais et reprenant ma marche. Je ne pouvais pas rejoindre mon boxeur immédiatement, pas avec ce type à me fixer. La discrétion faisait partie du job alors je m'éloignais, tournait à l'angle, mais l'homme me suivait de prêt et je n'avais pas fait plus de pas que ça qu'il revenait à la charge. - « Je vous conseille de ne pas jouer avec mes nerfs. » - A quoi jouait-il? Se pensait-il si impressionnant? Sans un mot je posais mon gobelet sur un boitier électrique contre un mur et jetais un regard sur un autre mur, dans l'espère de coursive à l'arrière du bâtiment que je venais de passer, un petit cul-de-sac ouvert sur la rue. Il ne m'avait suffit que d'une seconde pour manipuler l'attraction de ce mur et contrebalancer la gravité pour que l'homme y soit irrémédiablement attiré. Au début j'avais fait ça doucement, pour ne pas attirer l'attention avec un homme volant, le forçant à marcher vers ce mur mais une fois entré dans la coursive j'avais augmenté l'attraction et il s'y était retrouvé collé, violemment, incapable de bouger le moindre membre, tous comme fusionné avec la brique.

Je ne manipulais pas la masse de cette homme, non, je manipulais l'attraction gravitationnelle de ce mur tout en annulant ses effets sur tous le reste dans le champ d'action, n'induisant donc un effet que sur mon interlocuteur et cette attraction, il devait la sentir. J'entrais dans la coursive, le pas léger mais mon visage était neutre, presque agacé. J'approchais de lui, sachant qu'il ne pouvait rien faire d'autre que parler et écouter, et je prenais les devant. - J'aurais dû vous conseiller de ne pas jouer avec les miens. - Je soupirais, le voyant devenir rouge à force d'essayer de se décoller de ce mur de brique pas si accueillant. - Ça suffit les répliques de vieux films. Vous devriez apprendre que lorsqu'on vous dit non, c'est non. Prenez des cours de communication et revenez me voir, peut être que je serais plus coopératif. Ou alors ne revenez pas, gagnons du temps, j'ai autre chose à faire et si c'est pour me faire agresser c'est pas la peine de me demander quoi que ce soit. - Vexé? Braqué plutôt. C'était le risque de menacer des gens comme ça sans même dire bonjour.

Oubliez moi ou je vous laisserais sur ce mur jusqu'à la fin des temps. - J'en étais pas capable, mais ça coûtait pas grand chose d'ajouter un peu de drama à tout ça. Je ne savais pas ce que ce type voulait mais maintenant j'avais plus envie de savoir. J'avais juste envie de rentrer chez moi puisque de toute façon rencontrer le boxeur n'était plus à l'ordre du jour avec ça qui venait de se produire. Je me retournais pour m'éloigner, laissant l'homme collé au mur. Lorsque je me serais suffisamment éloigné et qu'il serait sortit de mon champs d'action il retrouverait plein moyen de ses mouvements.
Enfin c'était ce qui était prévu.
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Ne pas jouer avec ses nerfs. Sharon pourrait dire la même chose. Elle est désespérée. Désespérée de voir un collègue agir de la sortie. Désespérée de voir que la situation n’évolue pas comme prévu. Désespérée de constater que Wilson est incapable de retenir leur cible. Désespérée. Elle lance un regard en coin à Hunt. Un regard qui veut dire “je te l’avais bien dit”. Ils ont beau avoir un plan B, elle aurait préféré ne pas en faire usage. Elle aurait préféré éviter. Parce que cela suppose de mettre à mal sa couverture. Parce que cela suppose de l’impliquer. Parce que cela suppose qu’elle va devoir entrer dans le jeu. Elle aurait aimé rester cette inconnue avec qui Strickland s’est échappé d’une situation incroyablement incongrue et dangereuse. Mais visiblement, ce ne sera pas possible. Sur les écrans, la cible se déplace. Elle passe à côté de Wilson. L’agent ne se démonte pas. Il le poursuit. Sharon ne quitte plus les écrans du regard. Elle s’inquiète. Elle sait Strickland puissant. Il a des pouvoirs. Des pouvoirs qui peuvent être utilisés contre Wilson. Autant éviter que l’agent finisse dans un piètre état. Alors, elle surveille. Elle balaye les images à la recherche d’un nouveau danger. Elle recherche une possible intervention de la mafia ou de l’HYDRA. Mais c’est autre chose qui attire son attention. C’est la scène entre Wilson et Stryckland. L’homme ne semble plus contrôler ses pas. Il semble attiré dans une ruelle. “Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qu’il fait, bon sang ?” Elle échange un regard avec les autres agents présents dans la pièce. Personne n’a d’explication, si ce n’est que leur cible fait usage de son don. Si ce n’est qu’ils se dirigent vers une ruelle sans caméra à proximité. Bientôt, ils ne voient plus que des ombres projetées contre un mur. Des ombres fusionnées. Confondues. Impossible de savoir qui est qui. Ils ont la même silhouette. La même corpulence. Il n’y a que le micro pour leur permettre de suivre. “J'aurais dû vous conseiller de ne pas jouer avec les miens.” La voix de Strickland leur parvient, comme étouffée, comme lointaine. Ils entendent le souffle court de Wilson. Ils devinent ses mouvements pour se libérer de l’emprise de Strickland. Pour autant, Hunt se précipite sur le micro pour hurler dans l’oreillette de l’agent sur le terrain. “Wilson ? WILSON ! Qu’est-ce que tu fous ? Bouge ton cul de là et embarque-le !” Ils ont sous-estimé la cible. Ils ont sous-estimé ses réactions. Ils ont sous-estimé les risques. Mais ils ont encore une solution. Ils ont encore une camionnette postée au coin de la rue. Ils ont encore un agent sur le terrain, armé d’un tranquillisant. Ils ont encore de quoi arrêter Strickland. Ils n’auront pas deux fois cette opportunité. “Hunt, il faut l’arrêter.

∆∆∆∆

Quelque part dans la rue, un agent se met en mouvement. Il rabat la capuche de son sweat par-dessus sur sa tête. Il sort de sa manche une seringue. Il suit les indications. Il se dirige vers la cible, déjà en mouvement. La seringue dépasse légèrement de la veste, à peine visible entre ses doigts. Un simple contact suffit. Une simple piqûre. La camionnette est en approche. Elle a reçu le signal, elle aussi. Elle est prête à charger la cible. L’agent sur place croise la route de la cible. Il se rapproche assez pour le percuter et laisser la seringue vider son contenu. Une douleur dans la cuisse pour Strickland. Une main qui le retient par la taille. Un fourgon qui s’arrête à leur niveau. La cible est transportée à l’arrière, sans trop de résistance. La situation est sous contrôle. La tension est relâchée dans les locaux du S.H.I.E.L.D. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

∆∆∆∆

Une cellule sombre. Une couchette placée contre un mur. Une table et deux chaises au centre. Il y a plus chaleureux comme pièce. Il y a plus froid, aussi. Sharon y entre. Elle a abandonné son arme de service à l’entrée. Elle est seulement entrée avec un dossier. Elle a décidé de ne pas partir dans l’agressivité. Strickland s’est montré réticent tout à l’heure, mais face à un visage connu, il se montrera peut-être plus calme. Sinon, elle saura le maîtriser. Le tranquillisant a été mélangé à un neutralisateur. Leur prisonnier est inoffensif pendant plusieurs heures. Il ne peut plus user de ses pouvoirs. Ils vont donc avoir une conversation calme et posée. En théorie. Elle ne manquera pas de changer de stratégie si il se montre fermé. Ce n’est pas la première fois qu’elle se trouve dans une pièce similaire. Ce n’est pas la première fois qu’elle doit interroger, soutirer des informations ou négocier. Elle a même eu la ‘chance’ d’être celle que l’on interroge. A plusieurs reprises. Souvent douloureusement. Souvent sous la torture. Elle sait quels sont les mécanismes. Elle sait quelles sont les méthodes à appliquer. Strickland n’a pas la même expérience. Il a seulement la malchance d’être lié à une branche de la mafia travaillant avec un vieil ennemi. Elle tire une des chaises pour s’y asseoir. Elle pose le dossier devant elle, sur la table. Pour l’instant, il est encore sous les effets du tranquillisant. Il ne devrait pas tarder à ouvrir les yeux. A se redresser de la couchette. Elle est prête. Même si elle en veut à Wilson pour le travail bâclé. Même si elle regrette que Strickland ait été endormi et emmené de force. Elle prend une inspiration. La concentration est obligatoire. La concentration est essentielle. Elle doit laisser de côté l’affect pour le professionnalisme. Barricader les émotions. Se couvrir de sang-froid. Se protéger avec son sérieux. Comme elle l’a toujours fait. Elle observe le jeune homme se réveiller. Quand il est enfin assez conscient, elle prend la parole. “Bonjour Dayle. Je suis désolée pour le traitement et pour la cellule.” Une excuse pour la forme. Une excuse pour essayer de l’apaiser. Une excuse pour se montrer un minimum civilisée. Mais ils n’ont pas le temps pour échanger des banalités. Ils n’ont pas le temps pour boire un thé. Le temps est compté et elle en a conscience. Alors, elle enchaîne. “Tu te rappelles de moi ?” Il était tellement sous le choc des événements qu’elle ignore si il a pris le temps de mémoriser son visage. Si il se souvient d’elle. Si il ne considère pas leur rencontre comme un mauvais cauchemar. Sharon est passée par cette étape. Elle a eu besoin d’accepter. Elle a eu besoin de comprendre. Elle a failli ne pas reconnaître Strickland quand elle a croisé sa photo. Et pourtant… Maintenant qu’il est devant elle, elle est certaine qu’il s’agit de la même personne. Qu’il était bien impliqué dans l’histoire de sacrifice.

Comment tu te sens ? Tu veux boire ou manger quelque chose ?” Elle joue le gentie agent. L’agent attentionné. L’agent concerné. Toutefois, elle se doute qu’il va y avoir une tentative pour utiliser son pouvoir. Elle se doute qu’il ne va pas apprécier la disparition de ses dons. Elle se doute qu’un café ou un sandwich ne le rendra pas plus docile. Elle plante son regard dans les iris de Strickland. C’est une longue conversation qui les attend. Une longue conversation qui va être éprouvante. Elle s’y est préparée. Elle est prête.

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Je m'éloignais. Je m'éloignais rapidement car je voulais pouvoir me fondre dans la masse avant qu'il ne puisse revenir à la charge. J'avais fais impression, je l'avais lu dans son regard. Ma mère m'avait appris à lire les visages et les corps et j'avais très bien vu la peur et la frustration dans les yeux de ce type. Je n'aimais pas provoquer la peur, je n'avais jamais apprécié être qualifié de monstre, mais il l'avait cherché. Enfin c'est ce que je me disais. Je n'avais pas perdu mon sang froid et cette petite démonstration de force avait été contrôlée du début à la fin, ça aussi je me le disais, parce que si je le croyais seulement, alors nous avions tous un problème. Je m'éloignais, je sortais de la ruelle, je marchais, je bousculais cet homme et sentais cette douleur dans la cuisse. D'abord je ne faisais pas vraiment attention, peut être un bouton métallique, et puis je retrouvais des souvenirs, des sensations que j'avais connu, la douleur d'une aiguille. Le processus avait été trop long et je comprenais pourquoi lorsque les effets de l’anesthésiant commençaient à venir. Ma vue se troublait et je sentais le bras fort qui me serrait à la taille. Je tentais vainement d'utiliser mes pouvoirs mais j'étais déjà ailleurs avant même de toucher le sol froid de la camionnette.

Lorsque j'ouvrais les yeux, je les ouvrais sur un plafond sombre et pas vraiment propre. J'étais allongé sur une couchette qui ne sentait pas le renfermé ou le moisi. La lumière, seule et pendante au dessus de cette table et de ces chaises, me faisait mal et je plissais les paupières pour m'en protéger. Une gueule de bois, c'était presque cette même sensation, sauf que je n'avais pas passé une soirée entière à faire la fête, non, on m'avait enlevé en pleine rue. Ça avait été méthodique, rapide et sans bavure et ce type que j'avais collé au mur avait dû être la diversion, ou le plan A. Je sentais la migraine venir, je sentais mes yeux s'habituer à la lueur, je sentais la colère jusqu'à poser mon regard sur la blonde assise en face. - « Bonjour Dayle. Je suis désolée pour le traitement et pour la cellule. » - Sur le moment, encore dans le brouillard, je ne faisais aucun rapprochement. Je me redressais sur la couchette et serrais l'arrête de mon nez entre deux doigts. Je regardais le sol, observait le maigre mobilier et me disais que cet endroit était peu chaleureux mais quand même entretenu. J'avais pas été enlevé par des criminels lambdas qui m'auraient enfermé dans un vieil entrepôt, non, c'était autre chose. Et lorsque je regardais à nouveau la blonde, je me disais que c'était peut être plus officiel que ça, enfin, toutes proportions gardées.

« Tu te rappelles de moi ? » - Sa tenue était droite et solide, la concentration inébranlable. Elle me regardait fixement et j'avais du mal à croire à sa compassion. Je devrais pouvoir déceler le vrai du faux mais cet anesthésiant avait été efficace, ou alors elle était très bonne... Et c'était aussi louche que pas pratique pour moi. Je la fixais, droit dans les yeux, voyant la familiarité de ses traits sans réussir à la remettre dans ma mémoire. - « Comment tu te sens ? Tu veux boire ou manger quelque chose ? » - Et pourquoi pas un club sandwich poulet crudités tient? Je me levais, difficilement, et posais les mains sur le dossier de la chaise libre sans la lâcher du regard. Je n'étais pas sûr de vouloir lui parler, pas sans savoir, pas sans comprendre, pas sans me souvenir, et plus je fixais ses yeux marrons plus je sentais m'approcher de la portion de mémoire que j'avais voulu reléguer au second plan. Jusqu'à y parvenir. Elle avait dû le voir à ma tête, voir que je cherchais, mais c'était un détail dont je me fichais. Elle était en position de force dans cette pièce, du moins en terme de connaissances, et si elle avait le même objectif que l'homme dans la ruelle, c'était allé trop loin pour que je ne pose pas des questions. De toute façon j'étais coincé, alors autant essayer de savoir. Oui, j'avais senti l'absence des picotements dans mes doigts, l'absence de mes pouvoirs, et ça participait à ma mauvaise humeur.

Je tirais la chaise en la soulevant pour éviter de faire du bruit. Y'a rien de plus agaçant qu'une chaise qu'on racle. - Une aspirine... - J'avais essayé de la plaquer au mur ou au moins de retirer sa pesanteur sans succès. Je n'avais plus mes pouvoirs. Je n'avais plus le couteau à ma cheville ni ma veste avec mon téléphone. Personne ne savait pour mes pouvoirs. Personne n'était censé savoir. Ils n'avaient pas pu trouver un inhibiteur aussi vite après mes frasques dans la ruelle. Soit ils s'étaient préparés, soit j'avais dormis longtemps. Mais s'ils s'étaient préparés alors ils avaient eu accès à des informations que seules certaines personnes avaient: HYDRA.

Je m'installais sur la chaise, méfiant après avoir fait ce raisonnement. - J'aurais pensé qu'après ce qu'on a vécu, on aurait pu éviter ce genre de... Façons de faire. - Je me souvenais, très bien, j'aurais préféré que non. Cette nuit avait été douloureuse et éprouvante. J'avais atteint un fond, un fond que j'avais déjà visité auparavant. Le fond d'un gouffre que je souhaitais ne jamais retrouver un jour. Je savais ne pas avoir été le seul à souffrir ce soir-là. L'avait-elle oublié? - Faudra dire à ton acolyte de revoir ses manières, je vais avoir un bleu. - Référence à ma cuisse encore douloureuse. J'avais assez été injecté de produits douteux pour deux ou trois vies, j'étais plus fan des piqûres depuis longtemps. Je ne la lâchais toujours pas du regard, cherchant le moindre détail à exploiter. Je ne faisais même pas l'effort de camoufler mon observation: elle saurait que je cherchais à la lire. Je ne pouvais pas tirer grand chose de cette cellule, qui soit dit en passant était bien plus luxueuse que ce que j'avais pu connaitre, alors il fallait bien que j'obtienne des informations autrement. D'ailleurs, autant commencer toute de suite. - Et donc? Que me vaut le plaisir?
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Il est là. Assis. Face à elle. Plus lucide que la dernière fois. Plus équilibré que la première fois. Il semble avoir retrouvé ses marques dans le monde. La folie semble lointaine. Un vieux souvenir. Un vieux démon. Mais elle se méfie. Les apparences sont trompeuses. Elle est bien placée pour le savoir. Si durant les surveillances, il n’a démontré aucun signe de déséquilibre mental, le risque n’est pas pour autant absent. Une personne lambda verrait un individu normal. Un jeune homme dans la fleur de l’âge. Un homme dont la vie est encore longue. Sharon voit plutôt un individu capable de choses extraordinaires. Elle voit une personne qui peut se montrer instable lors d’une situation stressante. Il n’y a pas de compassion à avoir. Il n’y a pas de sentiments à éprouver. Il n’en aura pas si il tente de la tuer. Mais elle joue les hôtes modèles. Une proposition de boire ou de manger. Une proposition de lui ramener quelque chose. Il a tout intérêt à accepter. La conversation risque d’être longue et éprouvante. Mieux vaut qu’il ait des ressources pour renouveler son énergie. Une aspirine est sa seule demande. Bien. Elle imagine très bien les dommages d’un tranquillisant. Elle peut deviner le mal de crâne rien qu’en le regardant. Une balle entre les deux yeux est autrement plus douloureux. Il s’en remettra. Elle fait tout de même un signe à un observateur invisible. Signe qu’une aspirine et un verre d’eau peuvent être apportés. Il n’y a pas de vitre sans tain, mais une caméra dissimulée dans un coin de la pièce. Pour une discrétion accrue. Pour favoriser les confidences. Pour rassurer l’interrogé et lui donner de l’assurance. Sharon le lâche pas du regard quand il trouve enfin le courage de se lever. Quand il se dirige jusqu’à la table. Elle ignore si il tente d’user de ses pouvoirs contre elle. Elle s’en doute, cependant. Elle aurait eu le même réflexe si elle en avait eu. Elle aurait cherché ses armes. Elle aurait cherché un objet tranchant. Strickland a des réflexes de survie, sauf que les siens se présentent sous la forme de pouvoir. Des réflexes moins faciles à contrer. “J'aurais pensé qu'après ce qu'on a vécu, on aurait pu éviter ce genre de... Façons de faire.” Le S.H.I.E.L.D. a ni la patience ni le temps de le travailler au corps. Le temps leur manque. Le temps joue en leur défaveur. Sinon, ils auraient payé des vacances à Strickland à Bora Bora. Ils lui auraient fait un virement d’un million de dollars. Ou pas. Il a raté sa seule chance d’être traité comme un être humain, en maltraitant un agent entraîné dans une ruelle. Wilson était revenu en éructant sa colère, blessé dans son orgueil.

Tu te rappelles du gars qui t’a demandé de le suivre ? Ça, c’était la méthode douce.” Si il avait accepté de suivre l’agent, tout aurait été différent. Il aurait été conduit jusqu’à la camionnette. Il aurait été conduit jusqu’aux locaux du S.H.I.E.L.D. en étant aveugle. Et il aurait été traité avec plus de respect de d’attention. Alors qu’il a simplement été jeté dans une cellule pour l’interroger. L’expérience a prouvé qu’en préservant un peu trop les prévenus, ils ne parlaient pas. Pas de télévision, pas de couchette confortable, pas de cafetière, pas de lecture. Rien. Seulement deux chaises, une table et un lit. La pièce est dépourvue de tout moyen de s’évader mentalement. La pièce est conçue pour se concentrer sur l’interrogatoire et pour être incité à parler. Un confort plutôt sommaire qui ne devrait pas déranger Kayden. Après tout, il a vécu des situations moins agréables. “Faudra dire à ton acolyte de revoir ses manières, je vais avoir un bleu.” L’humour. Mécanisme de défense. Mécanisme de protection. Stratégie pour montrer une image détendue, plutôt qu’occupée à trouver une sortie. Elle croise les bras sur sa poitrine. Il peut rire autant qu’il souhaite. Il peut faire semblant d’être cool. Elle ne marche pas. Elle a l’habitude de ces techniques. Elle a l’habitude des comédies. Il peut faire le gars détendu et l’instant d’après, renversé le table et profiter de la surprise pour se ruer sur la porte. Porte fermée à clé, d’ailleurs. Il ne risque pas de sortir. Sans ses pouvoirs, il reste un être humain qu’elle peut battre. Il reste un homme parmi tant d’autres. Il ne peut compter que sur son physique et son mental. Deux choses que Sharon maîtrise. Elle laisse le silence s’installer. Elle lui donne le temps de l’observer et d’évaluer sa détermination. Un interrogatoire est un duel. Un combat où chaque partie décèle les faiblesses de l’autre. Un combat où chaque geste est épié. Un combat où l’usure est de mise. Tout est une question de patience. “Et donc? Que me vaut le plaisir?” Elle décroise les bras. Le jeu peut commencer. Elle passe une main sur le dossier posé devant elle. Tout y est. Tout ce dont elle a besoin. Les éléments qu’ils ont réunis. Les photos. Les rapports. Les plans. Les schémas. Tout y est. Une partie de l’histoire de Strickland. Les liens avec l’HYDRA. Les rapports sur la mafia. Dans ce dossier, il n’y a que les éléments importants. Les preuves. Les arguments. Quelque part, dans le S.H.I.E.L.D. des versions papier et virtuelle existent. Plus complètes. Plus exhaustives. Mais il n’a pas besoin de tout savoir. Il n’a pas besoin de tout connaître. Du moins, pour l’instant. “D’abord, il faut que tu saches qu’on ne te fera pas de mal, à moins que tu nous y obliges. Tout dépend de toi.” Même si il ignore où il est situé, il n’ignore pas que de nombreuses personnes armées attendent qu’il fasse un geste brusque pour l’abattre. Mais Sharon tient à le rassurer, dans la mesure du possible. Aucun des deux ne bougera sans invitation, sans raison.

Les choses étant claires, ils peuvent passer au vif du sujet. “Voilà le topo : je suis l’agent Carter et je travaille pour le S.H.I.E.L.D. Tu as dû en entendre parler il y a quelques mois. Officiellement, l’organisation est dissoute. Officieusement, elle oeuvre toujours.” Deux ans que tout a été foutu en l’air à cause d’HYDRA. Deux ans qu’ils essayent de se reconstruire et de combattre ce vieil ennemi. Jusqu’à ce que l’équipe Foxtrot fasse appel à elle, Sharon avait le sentiment d’être inutile. Que rien n’était fait. Erreur de sa part. Le S.H.I.E.L.D. n’a pas perdu l’objectif d’anéantir cette organisation. La discrétion, la patience et la stratégie sont les maîtres mots. Ils ne peuvent pas simplement se précipiter chez les membres d’HDYRA pour les tuer. Ils oublieraient sûrement des personnes et ce serait trop dangereux. Elle passe un doigt sous la couverture du dossier pour l’ouvrir. “On s’est renseigné sur toi. On sait que tu te caches sous le nom de Dayle Strickland et que tu tiens tes pouvoirs des expériences menées à Sokovie. Tu t’es fait passer pour mort pour t’enfuir. Depuis, tu occupes tes journées en rendant des ‘services’ à la mafia russe.” Chaque parole est accompagnée d’un document. Une photo de lui. Un rapport. Une copie d’acte de décès. Une copie de carte d’identité. D’autres photos. Elle les tourne dans la direction de Kayden. Elle les pousse vers lui. Toute la vie du jeune homme est étalée sur la table. Des éléments majeurs de sa vie. Des événements qui l’ont mené jusqu’ici. Elle calcule ses mots. Elle avance précautionneusement. Elle doit découvrir ce qu’il sait. Elle doit lui soutirer des informations, des confirmations. Elle doit s’assurer qu’il est fiable. “Qu’est-ce que tu sais des personnes pour lesquelles tu travailles ?” Son passé ne les intéresse pas. Ce qui les intéresse est ce qu’il fait maintenant. Son rôle au sein de la mafia russe. Les relations de cette mafia avec des organisations peu recommandables. Le S.H.I.E.L.D. a besoin de ses informations.


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Je n'étais pas entraîné à déceler les expressions, pas comme elle probablement. J'en avais l'habitude, j'en avais... La compétence involontaire. Je pouvais lire le commun des mortels mais son visage restait de marbre et je ne pouvais rien tirer de plus que ce que je pouvais tirer du reste. Je la percevais méticuleuse et organisée, forte, maline mais sur le moment ce n'était que des déductions. Je devais être bien plus loquace dans ce silence mais elle devrait ne pas oublier que je l'avais vu dans des situations bien moins aseptisées. Seul et sans pouvoirs, enfermé, piégé, sans pouvoir tirer quoi que ce soit de ce qui m'entourait, il ne me restait plus qu'une chose à faire: suivre la voie qui demeurait. Coopérer, voir où ce labyrinthe allait bien pouvoir me mener. Quand je dis coopérer bien sûr je dis ça dans une certaine mesure, je n'allais pas non plus lui révéler les détails trépident de mon existence comme ça. Pas après ce qui s'était passé. D'ailleurs j'avais étouffé un rire, de façon audible, lorsqu'elle m'avait dit que la manière douce c'était ce type dans la rue. Je confirme, fallait sérieusement revoir leurs méthodes car c'était vraiment pas la bonne façon de faire.

Enfin bref, me voilà entrain de passer une main dans mes cheveux en écoutant ce qu'elle racontait, attentif. Riant intérieurement sur cette histoire de ne pas vouloir me faire de mal. Encore un mensonge de ce type d'interrogatoire. On veut pas vous faire de mal, mais si vous répondez pas on sera obliger de se faire souffrance, vraiment, et vous faire du mal pourquoi que vous répondiez. A d'autres. - Enchanté. - Avais-je dis après qu'elle se soit présenté officiellement. Enfin encore faudrait-il que je sois sûr que ce soit son vrai nom mais ça n'était pas bien important. Plus important était qu'elle se présentait comme un agent du SHIELD. Oui, l'organisation semi-clandestine mondiale infestée par HYDRA et dissoute publiquement y'avait pas si longtemps. Si j'étais pas méfiant, là je l'étais, encore plus. Je le gardais pour moi bien sûr, mais c'était quand même gros. La suite en revanche je ne m'y attendais pas vraiment et ça explique pourquoi j'ai laissé filtrer de la surprise. C'était probablement l'effet attendu alors c'était bien grave mais j'étais effectivement surpris.

Ces informations, mon passé, je pensais tout ça disparu, enterré avec moi, enfin l'ancien moi. Au fur et à mesure qu'elle parlait, quelle énonçait un nouveau pan de mon histoire, elle posait devant moi une photo ou un dossier qui l'appuyait, me montrant qu'elle ne disait pas des choses en l'air pour voir si elle tombait juste. J'étais surpris, oui, mais aussi impressionné. Ils avaient réussi à obtenir beaucoup de chose à mon sujet et c'était presque flippant. Il ne servait à rien de nier quoi que ce soit, ce serait une perte de temps et surtout une preuve de stupidité. Je n'étais pas stupide et je ne l'avais jamais été. Ces informations étaient vrai, c'était acquis, il fallait jouer avec. Je me demandais en revanche comment ils les avaient obtenu et encore une fois l'idée qu'ils étaient HYDRA me chatouilla les pensées. Au final, le fait qu'ils soient au courant pour la mafia ne me surprenait pas une seule seconde: avoir déterré tout ça était bien plus important et surtout on pouvait très bien m'avoir espionné. HYDRA, ou le SHIELD si c'était vraiment eux, avaient les ressources pour ça.

Au fur et à mesure qu'elle avait posé ces documents devant moi j'en avais bougé certains. Pas juste comme pour mieux les voir, non, je les avais vraiment déplacé, pour les mettre en évidence mais je n'avais fais aucun commentaire sur le pourquoi, d'ailleurs je l'avais fais plutôt distraitement, comme par automatisme. - « Qu’est-ce que tu sais des personnes pour lesquelles tu travailles ? » - A cette question j'avais souris en relevant mon regard vers elle. - Pas suffisamment si tu veux mon avis. C'est le soucis avec la mafia, le secret. Enfin tu dois savoir de quoi je parle. D'ailleurs comment je peux être sûr que vous soyez bien du SHIELD, et pas HYDRA? - Vous au sens large, englobant tout les gens sur le coup de mon enlèvement. - On sait plus à qui se fier de nos jours. - Avais-je ajouté dans un sourire. Pourtant je savais addition un et deux et en venais à cette conclusion que si elle m'avait décrit comme ça, si elle m'avait soumit tout ça, elle devait certainement dire la vérité à ce sujet. Déduction. Mais la preuve serait toujours la bienvenue. Baissant mon regard sur les papiers devant moi, j'en repérais un dernier que je déplaçais comme les autres, l'ensemble devenant deux lignes presque distinctes. La ligne que je venais de constituer était maigre cependant, quelques documents par rapport à tout le reste.

Dans tout ça, dans l'histoire qu'elle venait de retracer de moi, de réciter et de prouver par tout ces documents, j'étais ce traître britannique qui avait travaillé avec la Sokovie contre les US durant les négociations. J'étais ce jeune qui avais rejoint Hydra et qui avait simulé sa propre mort pour disparaître. J'étais ce type qui travaillait désormais pour la mafia russe, pas réputée pour être la plus gentille, bien au contraire. Quel beau tableau. J'étais pas vraiment dépeins comme un enfant de cœur dans tout ça. Et je me demandais à quel point le traitement qu'on m'infligeait n'était pas influencé par tout ça. Peut être était-il temps de leur rappeler qu'ils n'étaient pas encore roi sur la montagne. Perdu dans l'observation de cette seconde ligne je revenais à elle comme si je me réveillais. - Pardon, qu'est-ce que je disais? - C'est ça, fait ton spectacle. - Oui, alors, ça vois-tu... - Je désignais ma seconde ligne. Important de noter que cette ligne était constitué des événements clés de mon histoire. - Ce sont les lacunes. Faut vraiment mieux faire vos devoirs. - J'étais pas plus en position de force qu'avant, je le savais et je ne jouais pas avec ce fait. Cela dit, ne pas être en dominant dans cette conversation ne m’empêchait pas de me comporter comme je le faisais d'habitude. Rester tranquille avec la queue entre les jambes, très peu pour moi.

Je posais mon doigt sur le document qui me cataloguait comme traître à la nation. - Ceci est un mensonge. Maintenant que la Sokovie est tombée ça changera pas grand chose que je le dise: le gouvernement des Etats-unis filait des pots de vins au gouvernement sokoviens pour poursuivre les hostilités. C'est lucratif tout ça faut dire. J'en ai été témoin malgré moi, voilà pourquoi j'ai dû fuir le consulat ce jour-là. J'ai vécu dans les rues de la ville pendant des semaines après ça. - Sympathie? Non, j'en avais rien à foutre de leur pitié, j'énonçais des faits, les faits qu'ils leur manquaient. Ils avaient déjà l'histoire, je n'avais rien à mentir ou à nier alors si je pouvais paraître moins malfaisant c'était pas plus mal. Je posais ensuite mon doigts sur l'avis de décès. - Je n'ai pas simuler ma mort pour fuir. J'ai fuis, quelqu'un d'autres à fait courir le bruit de mon décès. Je sais pas qui, je sais pas pourquoi. J'ai pris ce nom d'emprunt pour survivre. Entre les Etats-unis qui me considérait comme un traître et HYDRA qui me traquait, tu comprends bien que j'avais pas trente-six solutions. - J'avais volontairement laissé le dossier contenant mon contrat avec HYDRA dans la pile des choses qu'ils savaient déjà tout simplement parce que c'était vrai. J'avais signé ça en connaissance de cause.

Je posais finalement mon doigt sur les photos de moi en compagnie de membre de la mafia. - Quand à ça, c'est plus compliqué qu'il n'y parait. J'ai pas choisi de bosser pour eux. En Russie y'a quelques années j'ai réussi à m'enfuir, à m'éloigner de ça. Vous pensez peut être qu'ils auraient laissé courir? Bien sûr que non. Ils ont kidnappé mon père et m'obligent à rester à leur service. - J'étais pas sûr qu'ils aient pu remonter jusqu'au MI6 en ce qui concernait ma fausse identité aussi je n'en parlais pas, elle le ferait probablement d'elle-même si c'était le cas. J'étouffais un sourire agacé. - Je suis avec eux uniquement pour cette raison, et le temps de trouver un moyen de sortir mon père de là. - Je reposais mon dos sur le dossier de ma chaise, sentant les picotements dans mes doigts, ce frisson dans mon dos à l'évocation de mon père. Je ne savais où il était ni ce qu'il pouvait subir et même si je savais son entrainement bien spécifique, je ne pouvais pas ne pas m'inquiéter et ça me bouffait de l'intérieur chaque jour. Pour ce que j'en savais il pouvait tout aussi bien être déjà mort et je suivais une carotte que le bâton avait déjà frappé. - Des lacunes. Tout est question de perspective, il suffit juste de suivre les faits et pas ce qu'on nous montre. - En tout cas s'ils s'étaient contentés de ces bouts de papier, aussi "officiels" soient-ils, je ne m'étonnais pas de ce qu'ils avaient pu penser de moi. - Et où est mon aspirine? - Sérieusement, mal de crâne.
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Dans ce genre de situations, il y a deux types de réaction. Le silence ou la parole. En exposant tous les éléments, Sharon n’est pas encore certaine de l’attitude qu’adoptera Kayden. Il pourrait très bien s’énerver, s’emporter. Il pourrait très bien devenir violent, menaçant, agressant. Au contraire, il pourrait s’obstiner au silence, aux échanges de regards. Pour un dialogue constructif, il vaut mieux qu’il choisisse de parler. Mais parler pour échanger. Parler pour avancer. Parler pour faciliter les choses. Elle a besoin d’évaluer ce qu’il sait. Elle a besoin de l’interroger avant d’aller plus loin. Alors, elle lance sur le sujet de la mafia russe. Ses employeurs. “Pas suffisamment si tu veux mon avis. C'est le soucis avec la mafia, le secret. Enfin tu dois savoir de quoi je parle. D'ailleurs comment je peux être sûr que vous soyez bien du SHIELD, et pas HYDRA? On sait plus à qui se fier de nos jours. ” La question est légitime. La question est logique. Bien des agents se la posent encore aujourd’hui. Même les employés de l’organisation doutent, se questionnent, s’interrogent. Ils ne sont pas certains de travailler pour ceux qu’ils pensent. Ils ne sont pas sûrs de servir les bons intérêts.Lorsque l’infiltration d’HYDRA a été révélée, tout a été remis en question. Mais maintenant, ils reconstruisent une organisation propre, sans taupes, sans failles. Du moins, ils l’espèrent tous. Elle hausse les épaules. “Si on était HYDRA, toi comme moi, nous savons que tu ne serais pas aussi bien traité.” Fuir n’est pas très apprécié. Fuir est une forme de trahison. Et même un faux certificat de décès ne change rien. Si Jefferson s’était vraiment trouvé face à HYDRA, il ne serait pas tranquillement en train de parler autour d’une table. Peut-être qu’il parlerait. Oui. Mais après quelques mauvais traitement. Après quelques tortures. Peut-être même qu’ils ne lui laisseraient pas le temps de discuter et qu’ils le tueraient directement. Peut-être. Comment peut-on savoir avec HYDRA ?

Le silence revient. Le calme est de retour. Elle attend. Tout simplement. Il semble se perdre dans ses pensées. Elle patiente. De toute manière, elle n’a rien de prévu aujourd’hui. Pas de super-héros à disputer. Pas de réunion avec Coulson ou Hill. Pas de conflit à régler. Elle aurait bien voulu passer quelques heures en salle d’entraînements, cela dit. “Pardon, qu'est-ce que je disais? Oui, alors, ça vois-tu...” Monsieur refait surface. Il retourne à la réalité. Elle suit son geste du regard. La deuxième ligne. Des photos. Des brides de sa vie. Des faits marquants. Elle relève les yeux sur Kayden. Elle n’a pas effectué les recherches. Elle a simplement lu et appris tout ce que l’équipe Foxtrot avait rassemblé sur lui. Elle a simplement cherché des détails qui l'interpellaient. Elle a simplement vérifié que tout tenait la route. Des zones restent encore à être éclaircies. Des questions attendent encore des réponses. Kayden devrait pouvoir les aider. Il devrait pouvoir leur permettre de retracer toute son histoire. Avec sa collaboration ou malgré lui. “Ce sont les lacunes. Faut vraiment mieux faire vos devoirs..” Une attaque pour le S.H.I.E.L.D. Un coup de poing aux agents qui n’ont pas cherché plus loin que les apparences. Pourtant, les apparences, c’est leur spécialité. Ils sont maîtres dans l’art de se dissimuler et de cacher leurs activités. Il n’y a qu’à voir leurs locaux actuels, cachés sous la couverture d’une entreprise, en plein Manhattan. “Ceci est un mensonge. Maintenant que la Sokovie est tombée ça changera pas grand chose que je le dise: le gouvernement des Etats-unis filait des pots de vins au gouvernement sokoviens pour poursuivre les hostilités. C'est lucratif tout ça faut dire. J'en ai été témoin malgré moi, voilà pourquoi j'ai dû fuir le consulat ce jour-là. J'ai vécu dans les rues de la ville pendant des semaines après ça.” Redorer son image parait important, d’un coup. A croire qu’il ne souhaite pas avoir de problème. A croire qu’il veut ressembler à un enfant sage. Ce qu’il a pu faire avant - qu’il ait trahi la nation ou pas - importe peur. Elle mémorise tout de même l’information. Tout détail peut être utile à un moment ou un autre. Tout élément peut être un argument ou une motivation. “Je n'ai pas simuler ma mort pour fuir. J'ai fuis, quelqu'un d'autres à fait courir le bruit de mon décès. Je sais pas qui, je sais pas pourquoi. J'ai pris ce nom d'emprunt pour survivre. Entre les Etats-unis qui me considérait comme un traître et HYDRA qui me traquait, tu comprends bien que j'avais pas trente-six solutions.” Lui aussi a encore des lacunes. Il a encore des choses à apprendre. Qu’il n’ait jamais cherché à savoir qui l’a fait passer pour mort est étrange. Simuler sa mort lui a permis d’échapper à HYDRA. Simuler sa mort lui a donné la chance de commencer une nouvelle vie. Il a une dette à vie pour les personnes qui ont rendu son échappée possible.

Quand à ça, c'est plus compliqué qu'il n'y parait. J'ai pas choisi de bosser pour eux. En Russie y'a quelques années j'ai réussi à m'enfuir, à m'éloigner de ça. Vous pensez peut être qu'ils auraient laissé courir? Bien sûr que non. Ils ont kidnappé mon père et m'obligent à rester à leur service.” Il n’y a rien d’étonnant. Les mafias apprécient peu de voir leurs membres s’en aller. Ils n’apprécient pas la désertion et la fuite. Alors, ils trouvent des moyens de pression. Ils trouvent des arguments impossibles à contrer. Et cela est tombé sur le père. Elle n’imagine pas qu’elle aurait été sa propre réaction en apprenant que son père, sa mère ou sa soeur avait été kidnappé à cause d’elle. A cause de son travail. Ce n’est pas pour rien qu’elle agit sous l’alias d’Agent 13. Ce n’est pas pour rien qu’elle prend des précautions en se cachant derrière une couverture. “Je suis avec eux uniquement pour cette raison, et le temps de trouver un moyen de sortir mon père de là.” Et comment il compte s’y prendre, au juste ? En fonçant dans le tas et en utilisant ses pouvoirs ? Face à des dizaines d’hommes armés, il se ferait tué. Sharon lève un sourcil sceptique. Il a besoin de soutien. Il a besoin d’une équipe avec et derrière lui. “Des lacunes. Tout est question de perspective, il suffit juste de suivre les faits et pas ce qu'on nous montre.” Elle commence à apprécier sa manière de penser. Il pourrait faire un bon agent. Ses pouvoirs pourraient être utiles durant les missions. Son esprit d’analyse ne l’arrêterait pas aux apparences. L’organisation a besoin de gens comme lui. “Et où est mon aspirine?” Si il s’imagine dans un hôtel cinq étoiles où l’on sert les captifs en moins de cinq minutes, il se trompe. Apporter un simple verre d’eau et une aspirine est une organisation. S’assurer qu’un apport liquide ne diluera pas les effets du tranquillisant. S’assurer que les effets de l’aspirine ne supprimera pas ceux du neutralisant. Vérifier que l’interrogé ne tentera pas de s’échapper à l’ouverture de la porte. Mais elle ne le pense pas. Pour le moment, Kayden ne montre pas de signe d’impatience, d’énervement, d’agacement. Pour l’instant, la conversation est calme. Posée. Sereine.

Je suis certaine que Wilson - l’agent que tu as rencontré - se fait un plaisir de préparer ton aspirine. Il ne devrait pas tarder.” Wilson a la rancoeur tenace. Il doit encore être en train de ronchonner dans un coin. Il doit encore rejouer la scène dans sa tête. Malheureusement, ils n’ont pas le temps d’attendre. Ils ne peuvent pas patienter. Chaque minute écoulée les rapproche de la fin du neutralisant. Elle ignore si Kayden se rendra compte lorsque le flux puissant reviendra couler dans ses veines. Elle ignore si il se sentira mieux. Elle ignore si il aura des fourmis dans les doigts pour lui signaler le retour de sa force. Elle a une chance sur deux qu’il s’en rende compte. Elle ne compte pas le découvrir. Alors, elle enchaîne. “Si je te dis que nous pouvons retrouver et sauver ton père, est-ce que tu consentirais à nous aider ?” Sauver son père est la motivation qui leur manquait. L’argument final. Leur choix s’est porté sur Kayden parce qu’ils ont estimé qu’il voudrait obtenir vengeance. Mais si en plus, il peut récupérer son père dans la bataille, voilà deux raisons d’accepter la mission du S.H.I.E.L.D. “Écoute, je sais que cela peut sembler fou et impossible, mais si tu nous aides, on t’aidera en retour. On fera notre possible pour localiser ton père, pour s’assurer qu’il va bien et pour le libérer.” Elle lui promet quelque chose pour lequel il se bat depuis tellement d’années. Elle peut comprendre qu’il n’y croit pas. Qu’il trouve cela bien drôle. Mais la vérité est là : ils ont les compétences, le matériel et le savoir pour libérer son père. Des moyens qu’il ne possède pas. Il doit se rendre à l’évidence. Entreprendre ce sauvetage seul est suicidaire. Il a besoin d’un soutien armé. Il a besoin d’un plan. Il a besoin d’un groupe. Elle appuie ses avant-bras sur la table pour se pencher légèrement en avant. “On ne t’a pas choisi par hasard, Kayden. On t’a choisi pour ton passé et pour ton lien avec la mafia.” Deux coups secs sont frappés contre la porte. Elle revient contre le dossier de sa chaise. L’aspirine est arrivée. La porte est déverrouillée. Wilson a le regard noir. Il pose la verre sur la table dans un claquement et dépose une aspirine juste à côté. Il n’est pas content. Il s’en remettra. Il ne peut pas être blessé par un homme optimisé par le sceptre de Loki. Personne ne peut le concurrencer, même pas Captain America. Elle attend que l’agent ait quitté la pièce pour reprendre la parole. “Comme tu l’as dit, il faut suivre les faits et pas ce qu’on nous montre. On a suivi les faits et ça nous a mené jusque là. Il s’avère que la mafia pour laquelle tu travailles a des liens étroits avec HYDRA. D’après nos recherches, l’organisation fournirait l’argent et les armes nécessaires pour le fonctionnement de la mafia. On les soupçonne même d’avoir le contrôle total sur cette branche russe. Dans un sens, tu travailles encore pour HYDRA.

Il ne veut probablement pas entendre cette vérité. Pourtant l’épargner n’est pas le servir. Elle reprend des photos encore contenues dans le dossier. Cette fois, ce sont des clichés d’inconnus. D’hommes qui se retrouvent. Des mains qui se serrent. Des silhouettes qui disparaissent derrière des portes. Ils ont des preuves. Beaucoup d’autres preuves. Mais elle ne peut pas tout lui montrer. Elle ne peut pas tout lui dire. Pas tant qu’il n’est pas avec eux. Elle pointe du doigt un visage. “Est-ce que tu reconnais cet homme ? Tu l’as peut-être déjà croisé. Et là, juste à côté, c’est un membre d’HYDRA, on suppose que c’est son interlocuteur. Ils se rencontrent régulièrement, toujours dans des endroits et à des heures différents.” La possibilité qu’ils boivent seulement un thé ou qu’ils parlent de cuisine est mince. Les sujets qu’ils abordent tournent plutôt autour des armes, de l’argent, des prochains “travaux” de la mafia. Ses prunelles se plantent dans celles de Kayden. “Avant que j’aille plus loin, j’ai besoin de savoir de quel côté tu es et si je peux avoir confiance en toi.” Et même alors, il y aura toujours le risque qu’il aille tout rapporter à la mafia et à HYDRA. Il y aura toujours la possibilité qu’il dénonce le S.H.I.E.L.D. Ce n’est pas pour rien que les membres de Foxtrot restent dans l’ombre. Ce n’est pas pour rien qu’elle est son interlocuteur. A partir de maintenant, tout ce qu’elle dira pourra être utilisé contre eux. Elle préfère être sûre.


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J'esquissais un sourire à la réflexion sur le dénommé Wilson qui préparait mon aspirine. Bien sûr, j'étais certain qu'il faisait ça avec la plus grande joie. - « Si je te dis que nous pouvons retrouver et sauver ton père, est-ce que tu consentirais à nous aider ? » - Je te dirais que j'attend d'être certain de ce que tu avances? Tu m'as assez observé pour savoir que je ne joue pas avec des variables, je saute pas dans le gouffre en espérant qu'un trampoline attend en bas pour me rattraper. J'installe d'abord le trampoline moi-même avant. - Image bien ridicule en soit mais c'était un peu l'idée. Je ne faisais plus confiance à personne, j'avais trop été trahis et je croyais encore moins en ce genre de promesse qui pouvaient très bien être abandonnées. J'avais besoin de garantis pour être certains de pouvoir croire quoi que ce soit. Je devais pouvoir leur faire confiance, ou faute de confiance, je devais avoir l'assurance de ne pas me faire canarder à la sortie. J'étais seul, pas désespéré. J'étais inquiet mais j'avais appris la patience: être seul voulait dire être discret. Je voulais obtenir des résultats en évitant un maximum de retombée. Utopie? Peut être, mais un plan se passe toujours avec des accrocs.

« On ne t’a pas choisi par hasard, Kayden. On t’a choisi pour ton passé et pour ton lien avec la mafia. » - Jusque là, rien d'étonnant. Deux coups à la porte et j'entend le verrou. J'aurais pu filer, retourner la table et décamper. En fait j'aurais pu partir n'importe quand, cette porte n'était pas un véritable obstacle, mais je n'avais pas bougé, je n'avais pas fais le moindre geste qui signifierait que je voulais partir. Je ne voulais pas partir, pas encore. Wilson entrait, un verre d'eau et un cachet à la main qu'il posa sur la table, ou plutôt jeta, accompagné d'un regard noir. J'aurais pu lui sourire, le narguer, mais ce n'était pas mon genre. Je n'avais pas besoin d'asseoir quoi que ce soit et je ne gagnerais rien à agir comme un imbécile. Je ne disais rien, je ne le provoquais pas, je ne faisais que le regarder sans répondre et attendait qu'il ait refermé la porte pour prendre le cachet. Imprudent? De prendre ça alors que je ne sais pas si je peux leur faire confiance? Oui et non. S'ils avaient voulu me faire quelque chose ce serait déjà fait. Appelez ça un test. Carter reprenait et je faisais passer le cachet blanc avec un peau d'eau avant de reposer le verre.

Au fur et à mesure de ses mots mes yeux s'écarquillaient. Ils n'allaient pas sortir mais je ne pouvais pas camoufler cette réaction. - « Dans un sens, tu travailles encore pour HYDRA. » - Mes épaules s'affaissaient alors que j'observais les documents qu'elle sortait de ce dossier et posait sur la table, par dessus les autres. Une boule se formait dans mon ventre, un mélange de colère et de dégoût. Ça ne se pouvait pas. Je ne pouvais pas travailler pour eux, je ne pouvais être vivant et être encore à leur service. Comment avais-je pu être si naïf? Si aveugle? - « Est-ce que tu reconnais cet homme ? » - Je posais mon regard brumeux sur la photo et sur ce visage avant d'étouffer un rire. C'était logique pourtant, ou du moins c'était pas étonnant maintenant que je considérais l'idée. - Bien sûr que je le reconnais... Il fait rarement les choses lui-même mais je suppose que si tu dis vrai, il ne pouvait pas déléguer ça... - Plus je regardais ce visage et plus j'avais des envies de meurtre. Depuis quand ce petit manège durait-il? Depuis le début? Ou était-ce arrivé plus tard? Impossible à savoir mais ce connard allait le payer. - Il est à la tête de cette branche de la mafia, c'est lui le patron. C'est lui qui m'a retrouvé en Russie... Ivan Pavlov. - J'étais pas sûr qu'ils sachent qui était cet homme avant que je ne leur dise, après tout Ivan était passé maître dans l'art de rester dans l'ombre. Quand on travaille dans ce domaine c'est plus malin de rester hors des radars et c'est aussi pour ça qu'il ne faisait jamais rien par lui même, pour n'être mêlé à rien, pour que son nom ne soit mentionné nulle part, pour que sa tête soit inconnu. Mais si tout ça était vrai, HYDRA n'aurait jamais traité avec un sous-fifre.

C'est à lui que je rend des comptes, directement. - Au quotidien j'agissais comme les autres, et lorsqu'un de ses lieutenants était là et donnait des ordres, je les suivais. Ils oubliaient seulement que si on regardait la hiérarchie de la mafia, j'étais au dessus d'eux, j'étais en dehors du tableau. J'étais l'électron libre qui travaillait directement pour le patron. Je devais être sous le contrôle d'Ivan, je devais rester sage, c'était vrai, mais les missions qu'il me donnait ne pouvaient pas être menées comme les autres. Ma liberté dans l'organisation n'était qu'une façade: je n'étais libre que tant que je restais efficace. Qu'il se rassure, je serais aussi efficace en réduisant chacun de ses os en poudre fine. - « Avant que j’aille plus loin, j’ai besoin de savoir de quel côté tu es et si je peux avoir confiance en toi. » - C'était plutôt à moi de me poser cette question non? Après tout c'est moi qu'on avait enlevé en pleine rue. Je m'adossais à la chaise, encore, et sans la lâcher du regard je visualisais le verre dans ma tête, le verre toujours sur la table et le liquide transparent à l'intérieur. L'eau se mettait doucement à flotter dans le récipient sans pour autant en sortir. - Je suis toujours là. - C'était clair. J'avais retrouvé l'usage de mes pouvoirs, leur produit ne faisait plus effet et je dois dire que j'étais passablement surpris de cette erreur de timing mais plus important encore: j'avais récupéré mes pouvoirs et avait choisi de rester. Elle avait sa preuve. Moi j'attendais toujours la mienne, celle qui me dirait que je peux leur faire confiance mais je suppose que je devrais d'abord voir ce qu'ils avaient pour me faire une idée.
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La nouvelle ne lui plaît pas. Elle peut le lire clairement sur ses traits. Pas besoin d’être un génie pour voir qu’il est en colère. Pas besoin d’être télépathe pour savoir ce qu’il se passe dans son cerveau. Pas besoin de lui demander pour imaginer toutes les questions qu’il se pose. Si il a fui HYDRA, ce n’est certainement pas pour finir encore entre ses griffes une fois à New-York. Et pourtant… Il réagit tel qu’elle l’espérait. Tel qu’elle le souhaitait. Sa colère est le signe qu’il n’est pas du côté d’HYDRA. Signe qu’il veut en finir. Signe qu’il peut être un allié du S.H.I.E.L.D. Il aurait ri et aurait esquissé un haussement d’épaules, elle aurait vu un homme qui s’en fichait et qui ne les aiderait pas. Mais là, il y a un petit espoir. Une infime possibilité. Une once de probabilité. Kayden pourrait les aider. Il pourrait être leur infiltré. Il pourrait être leur informateur. Il pourrait. Avant de sauter de joie et de lui faire une proposition, certaines étapes doivent encore être franchies. Certaines informations doivent être divulguées, vérifiées. Il y a d’abord les preuves. Les preuves sont nécessaires pour qu’il comprenne, pour qu’il voit, pour qu’il accepte. Les preuves sont primordiales pour le convaincre. Heureusement pour eux, les preuves ne manquent pas. Elle passe donc à la photo avec les deux hommes. Ils sont parvenus à mettre un nom sur chaque visage. Ils ont réussi à identifier chacun d’eux. Sans l’intervention de Kayden. Et c’est ce qui leur a permis de faire le lien, entre autres. “Bien sûr que je le reconnais... Il fait rarement les choses lui-même mais je suppose que si tu dis vrai, il ne pouvait pas déléguer ça...” Elle ne le quitte pas du regard. Elle se doute qu’elle vient de chambouler sa vie. Qu’elle vient de tout détruire. Depuis qu’il est parti de Sokovie, il pensait être débarrassé de HYDRA. En fait, non. Elle vient de tout bousculer sur son passage. Mais c’était obligé. Pour qu’il prenne conscience. Pour qu’il les suive. Détruire les fondations de sa vie pour l’inciter à faire confiance au S.H.I.E.L.D., organisation qui lui veut du bien et qui a besoin de lui. Pour l’obliger à s’accrocher à eux. “Il est à la tête de cette branche de la mafia, c'est lui le patron. C'est lui qui m'a retrouvé en Russie... Ivan Pavlov.” Elle hoche la tête. La confiance commence à régner. Les langues se délient. Les paroles sont plus fluides. Il y a cependant une variable qu’ils ne connaissent pas. Le seuil de violence et de colère que peut atteindre Kayden. Lui révéler qu’il travaille depuis toujours pour HYDRA peut déclencher des envies de meurtre. Des envies qui précipiteraient toute la mission. “C'est à lui que je rend des comptes, directement.” Elle a probablement toute son attention maintenant. Elle ne compte pas la lâcher. Elle laisse quelques secondes passer pour lui donner le temps de reprendre ses esprits. De chasser l’énervement. De retrouver son calme. Et lorsqu’elle sent qu’elle peut continuer, elle s’assure qu’ils peuvent lui faire confiance. Qu’il ne leur fera pas faux-bond. Qu’il ne tentera pas de se retourner contre eux, au profit de la mafia. Elle a besoin d’être certaine. Elle a besoin de savoir. Au moindre geste lui faisait comprendre qu’il n’est pas fiable, elle arrête tout.

Son regard est attiré sur le côté. Un éclat de lumière reflété dans l’eau. De l’eau en suspension. De l’eau en mouvement. Ce ne sont clairement pas leurs gestes qui peuvent causer des ondes. Elle darde ses prunelles sur Kayden. Elle ne montre rien. Parce que s’effrayer du moindre phénomène magique est inutile. Parce que paniquer devant de l’eau qui flotte est ridicule. Elle a l’habitude d’être confronté à des êtres surnaturels. Les super-héros sont son quotidien et même si elle a la plupart du temps une arme à sa ceinture, elle sait gérer. Elle s’en sortira vivante. Peut-être amochée. Sûrement blessée. Mais elle s’en sortira. Kayden a retrouvé ses pouvoirs. Très bien. Il sera plus enclin à discuter. Espérons tout de même que ses collègues aient vu le phénomène. “Je suis toujours là.” Effectivement, il est toujours là. Soit il est curieux, soit il est sain d’esprit. Dans les deux cas, Sharon est satisfaite. Elle va pouvoir aller jusqu’au bout. Elle va pouvoir tout lui expliquer. Du moins, la partie qui l’intéresse et qui ne met en danger personne. Elle prend une inspiration. Ils ont tous les deux un point commun : leur haine pour HYDRA. Cette organisation a failli prendre le contrôle. Elle a failli tuer un million d’individus aux États-Unis et ça n’aurait été que le début si elle n’avait pas été stoppé. Même si cette histoire a tendance à prendre des tournures personnelles, Sharon garde son sang-froid. Depuis longtemps, elle a appris que s’énerver est inutile. Elle reste mesurée et réfléchie. Le meilleur comportement à avoir. “Depuis que l’existence du S.H.I.E.L.D. a été révélée au monde entier, notre objectif est d’arrêter définitivement HYDRA. Ils ont déjà fait assez de dégâts, nous ne pouvons pas continuer à les regarder faire.” Il est le mieux placé pour le savoir. Il a pu y assister en intégrant leur programma d’optimisation. Il y a été confronté de plein fouet. Il en a été une victime. Alors, il sait qu’ils doivent l’arrêter. Ils doivent tout faire pour stopper HYDRA et ses partisans. Personne ne sait exactement ce qu’ils prévoient, ce qu’ils font. Personne ne sait où ils frapperont en premier. Personne ne sait quels dommages ils causeront. Le mystère reste total autour de leurs agissements, même en ayant une équipe infiltrée. “Si on est assez malins et que l’on parvient à démanteler cette branche de la mafia russe, on aura réussi à handicaper HYDRA. Assez pour lancer une autre attaque derrière. On a déjà une équipe infiltrée, mais on a besoin d’une personne au coeur de la mafia qui nous informe.” Infiltrer la mafia n’est pas facile. Encore moins obtenir la confiance du décisionnaire directement en relation avec HYDRA. Il faudrait plusieurs mois, peut-être même plusieurs années pour atteindre ce niveau. Alors que Kayden est déjà à ce stade.

C’est là que tu interviens. Ton lien avec Pavlov te donne accès à tous ses petits secrets. Tu peux découvrir où et quand sont leurs prochaines rencontres. Tu peux savoir quels sont les plans d’HYDRA pour la mafia. Tu peux tout connaître.” Il pourrait avoir le nez dans des dossiers, dans des projets. Il pourrait découvrir les prochaines actions d’HYDRA. Il pourrait leur rapporter des éléments précieux. Toutes ces informations permettraient d’amputer l’organisation d’un membre important. D’un membre actif et primordial à son équilibre. Sans la mafia, HYDRA serait dépourvu d’hommes de main. Elle serait obligée de se mouiller, de faire elle-même le sale travail. Et plus ils sortent de leur cachette, plus ils sont repérables et suivables. Ce sont dans ces moments là qu’ils sont les plus vulnérables et les plus faciles à arrêter. Encore faut-il y parvenir. Encore faut-il convaincre Kayden. “Tu as toutes les raisons de ne pas faire confiance au S.H.I.E.L.D. Nous ne sommes pas connus pour notre transparence, mais tu peux me croire. Je t’aiderais à retrouver ton père et à le libérer. Cette collaboration, si on peut l’appeler ainsi, ne sera pas en sens unique, je t’en fais la promesse.” Faire confiance à une entité secrète est difficile. Comment savoir qu’ils ne cachent rien, qu’ils ne prévoient rien, qu’ils sont totalement honnêtes ? C’est impossible. Mais Sharon est prête à l’informer autant que possible. Elle est prête à l’aider. Elle est prête à répondre des actes du S.H.I.E.L.D. Ils ont vécu une expérience bouleversante et traumatisante ensemble, il sait de quoi elle est capable. Elle espère par la même occasion que cela aura créé une espèce de lien entre eux. Un lien de confiance dans la survie. Une espèce de fraternité face à l’adversité. “Qu’est-ce que tu en penses ?” Elle est déterminée à écraser toute protestation, toute négation, tout contre-argument. Elle compte bien sortir de cette pièce en ayant la confirmation qu’il les aidera. Elle compte bien obtenir sa confiance et l’inciter à communiquer toutes les informations. Et quand elle a une idée en tête, elle n’en démord pas.


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Pas de réaction. Je m'attendais à quelque chose je suppose. De la surprise ou du soulagement. Je me contentais de son calme. Je préférais d'autant ça à quelqu'un qui aurait opté pour l'exaspération. Bon choix de sa part, parce que l'exaspération l'aurait fait passé comme se sentant supérieure et c'était pas bon, stratégiquement parlant. Enfin bref je me taisais et la laissais poursuivre, toujours attentif. Effectivement le SHIELD était un miroir brisé depuis le projet Insight. Le monde avait appris que la béquille sur laquelle il se reposait depuis tant de temps était en réalité bouffée par les vers depuis toujours. Ça aide pas pour la suite. Je n'étais pas vraiment surpris de leur subsistance finalement. Ils étaient retournés à l'ombre d'où ils étaient sorti pour mieux se reconstruire. Toute l'organisation n'était pas bonne à jeter, certains éléments étaient fiables, enfin c'était ce que je me disais pour beaucoup de choses. Même dans la mafia où je me trouvais. Je veux dire oui, c'était criminel comme organisation, tout le monde en prison, mais tout le monde n'était pas au courant pour HYDRA. Moi même je ne le savais pas et je doutais que les autres soient au courant, c'était justement tout l’intérêt de garder ça secret. Enfin je m'égare...

Mon lien avec Ivan était effectivement un plus dans toute cette histoire car si j'acceptais de participer, ils gagnaient un temps considérable dans le processus d'infiltration. Je ne l'avais jamais fais et n'avais pas été entraîné pour ça mais je n'avais pas besoin d'être un super-héro pour imaginer le boulot que ça demandait. J'essayais de monter les gang les uns contre les autres depuis un moment déjà. Cela dit Ivan ne me faisait plus confiance depuis ma fuite avec cette fillette. J'allais devoir être discret et obtenir ces informations sans être repéré. D'un autre côté, maintenant que je savais ça, cette histoire avec HYDRA, je pouvais combler des vides, enfin peut être. Un rendez-vous mystérieux, une absence, un coup de téléphone... C'était potentiellement eux. Je ne devais devenir parano à voir la pieuvre partout mais c'était toujours une possibilité. Je pouvais déjà commencer par le mettre sur écoute. Peut être n'avaient-ils pas encore pu y parvenir. Des petites choses comme ça qui pourraient faire avancer le truc. Enfin encore fallait-il que j'accepte la proposition de Carter.

Je me penchais en avant, comme pour rendre cette intervention plus personnelle. - Si je reste méfiant quand au SHIELD, tu comprends pourquoi, c'est toi que j'engage sur cette promesse. - A l’échelle d'une organisation entière, je n'étais qu'un informateur, ils pouvaient très bien se retourner comme tous l'avaient fait avant. Je m'adossais finalement à la chaise, encore. - J'en pense que ça peut fonctionner. Par contre... Va falloir trouver une solution pour une guerre de gangs. J'ai peut être ou peut être pas mis monté quelques organisations criminelles les unes contre les autres pour faire tomber Ivan. - Avais-je dis dans un sourire gêné avant de lever un regard presque outré vers Carter. - Bah quoi, tu croyais pas que j'étais resté inactif dans un coin quand même? - J'étais resté invisible, hors des radars, mais il faudrait trouver une solution pour apaiser tout ça sans que ça paraisse étrange ou trop rapide. - Autre chose. Kayden est mort, depuis des années. Et autant j'aime entendre mon nom, autant une fois dehors la seule personne à le connaitre c'est Ivan. S'il venait à l'entendre, il se douterait de quelque chose.
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Tout est une histoire de confiance. La confiance ne s’établit pas entre une entité et un individu. Elle se créé entre deux personnes. Deux personnes qui se respectent et qui se savent assez franches pour dire la vérité. Deux personnes qui sauront être là l’une pour l’autre. Sharon ne peut pas lui demander de croire entièrement à tout ce que dit le S.H.I.E.L.D. Ce serait hypocrite. Ce serait insensé. L’organisation ne dit pas tout. Elle garde certaines choses secrètes. Elle conserve une part de mystère. Cloisonner les informations permet de les garder en sécurité. D’assurer l’étanchéité de l’organisation. Croire en une entité secrète est donc impossible. Mais elle s’engage. Elle s’engage à lui fournir toutes les réponses à ses questions. Elle s’engage à l’aider à trouver son père. Elle s’engage à être digne de sa confiance. Elle sait dans quoi elle s’embarque. Que ce ne sera pas facile. Que ce ne sera pas de tout repos. Qu’il faudra trouver le juste milieu entre ce qu’elle peut lui divulguer et ce qui doit être gardé sous silence. Mais elle le fera. Elle espère que Kayden voit la même chose de son côté. Elle espère qu’il ait assez d’estime pour elle pour la croire. Tout est une question de sentiments. Tout est une question de ressentis. Elle a présenté une partie de ses arguments. Elle a étalé les preuves sur la table. Elle a expliqué ce qui était possible. Maintenant, si il refuse, il n’y aura plus que les mots. Les mots qui feront basculer la balance d’un côté ou d’un autre. Les mots qui convaincront ou pas. Il se rapproche. Comme pour faire une confidence. Comme pour lui avouer quelque chose. D’un même geste, elle se penche en avant pour recueillir ses paroles. “Si je reste méfiant quand au SHIELD, tu comprends pourquoi, c'est toi que j'engage sur cette promesse.” C’est dans la poche. Elle hoche la tête. Il est avec eux. Ils vont pouvoir compter sur Kayden. Ils doivent encore vérifier sa fiabilité. Ils doivent encore s’assurer de sa loyauté. Mais ils pourront le transformer en agent infiltré. Une source incroyable d’informations. Il ne réalise peut-être pas le soulagement qu’il vient de provoquer chez les agents de Foxtrot. Elle les aurait presque entendus soupirer. Le plus dur est donc passé. Le plus dur est derrière eux. Elle revient s’adosser à la chaise. Elle rouvre le dossier pour y ranger les photos du passé de Kayden. Pour l’instant, la mission du jour est terminée. Ils sont parvenus à tirer le jeune homme de leur côté. Ils sont arrivés à un accord et à gagner sa confiance. Elle peut donc remballer les preuves de l’existence et de la mort de Kayden Jefferson pour ne laisser que la mafia et HYDRA sur la table.

J'en pense que ça peut fonctionner. Par contre... Va falloir trouver une solution pour une guerre de gangs. J'ai peut être ou peut être pas mis monté quelques organisations criminelles les unes contre les autres pour faire tomber Ivan.” Elle suspend son geste. Elle lève un regard sévère à Kayden. Ce n’est pas possible. Il joue avec des forces dont il ne connaît rien. Il joue avec des criminels dangereux qui pourraient se retourner contre lui. Il est inconscient. Inconscient et imprudent. Qu’est-ce qu’il aurait fait si ses manipulations avaient été découvertes ? D’autant plus qu’il s’agit d’un problème que le S.H.I.E.L.D. va devoir régler au plus vite afin de ne pas foirer le plan. Elle note dans un coin de lui apprendre quelques rudiments de la vie d’agent. Comme de ne pas se lancer dans des coups d’état tout seul, par exemple. Pouvoir ou pas pouvoir, il est important d’être réaliste et de ne pas entreprendre des actions suicidaires. “Bah quoi, tu croyais pas que j'étais resté inactif dans un coin quand même?” En restant tranquille, il aurait au moins eu le mérite d’avoir un comportement normal. Le comportement d’un homme qui attend et qui cherche une autre solution pour se libérer de l’emprise de la mafia. Mais visiblement, Kayden ne fait rien comme les autres. Elle laisse échapper un soupir. Cette histoire ne serait qu’un contre-temps. Un fâcheux contre-temps. Ils trouveront bien un moyen de calmer les esprits. Des photos compromettantes. Du chantage. Peu importe. Il y a une solution à tous les conflits. “Autre chose à nous dire ? Des mercenaires payés pour tuer Pavlov ou des voitures piégées ?” Autant qu’ils soient au courant de tout. Sharon préfère que Kayden vide son sac maintenant, plutôt qu’ils découvrent par hasard toutes ses tentatives de tuer le chef de la mafia. Ce serait malheureux que Pavlov se fasse tuer, alors que Kayden et Sharon débutent seulement leur collaboration. Malheureux, oui. Alors, elle préfère être informée. Elle préfère s’assurer qu’il n’y a aucune autre tentative en cours. Elle préfère vérifier que Pavlov ne mourra pas demain, par la faute de Kayden. Quitte à devoir éteindre tous les feux allumés par leur nouveau infiltré. Quitte à devoir faire le ménage derrière lui. “Autre chose. Kayden est mort, depuis des années. Et autant j'aime entendre mon nom, autant une fois dehors la seule personne à le connaitre c'est Ivan. S'il venait à l'entendre, il se douterait de quelque chose.” Si il y a bien une chose qu’ils maîtrisent, c’est le maintien des couvertures. Tous les agents ont une double identité. Une identité de citoyen modèle. Une identité derrière laquelle ils se cachent. Plombier, livreur, pompier, employé de bureau… Ils ont tous un métier lambda et une vie bien rangée lorsque leurs voisins les interrogent. Sharon a opté pour être employée d’un service juridique. Elle a également adopté de nouveaux nom et prénom pour ne pas être reliée à la Sharon Carter dont les missions ont été révélées sur Internet. “Tu resteras Dayle Strickland pour nous. A aucun moment ton ancienne identité ne sera prononcée ou écrite.

A bien des égards, une fausse identité est le garant de la sécurité. Encore plus quand, dans le cas de Kayden, on est infiltré. Une erreur de la part du S.H.I.E.L.D. ou de sa part et il serait repéré. Dans ce cas là, Sharon ne donne pas cher de sa vie. Elle imagine déjà la colère de Pavlov et son envie d’étriper la taupe. Au contraire, il pourrait aussi demander au jeune homme de fournir de fausses informations pour tendre un piège aux agents. Les deux situations ne plaisent pas à Sharon. Elle n’a pas pour habitude de laisser un civil au milieu d’un conflit. Elle n’a pas l’habitude de faillir. Pour la sécurité de Kayden, mieux vaudrait qu’ils emploient un alias. “Alors, voilà comment ça va se passer : je serai ton agent de liaison. Tu auras uniquement affaire à moi. Je t’aiderai autant que possible à rendre indétectable ton travail d’infiltré pour ne pas que tu aies d’ennuis. Et on se chargera ensemble de retrouver ton père. Je serai disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Donc, si tu as le moindre problème, tu n'hésites pas à appeler au secours.” Pendant longtemps, l’infiltration a été son travail. Sa mission quotidienne. Elle ne compte plus les noms d’emprunt. Elle ne compte plus les pays visités. Elle ne compte plus les informations collectées. L’infiltration et l’espionnage ont été sa routine. Elle va pouvoir transmettre son savoir à Kayden. Elle va pouvoir l’aider à se faire le plus discret possible. Elle va pouvoir lui fournir des technologies de pointe pour le téléchargement de données ou les écoutes. Même si, elle doute qu’il les ait attendus pour rassembler des informations sur les activités de la mafia russe. Il ne semble pas du genre à se tourner les pouces, ni à attendre d’être sauvé par un super-héros. Il est du genre à agir. “Puisque tu as commencé à planifier la mort de ton employeur, je suppose que tu as fouiné dans ses affaires. Qu’est-ce que tu as découvert ?” Il n’y a pas une seconde à perdre. Une seconde peut être celle de trop. Celle qui aurait pu éviter une catastrophe. Celle qui aurait pu sauver des dizaines, des centaines de vies. Celle qui aurait qui aurait pu leur permettre d’agir. Peut-être qu’un projet est en cours actuellement et ils ne le savent pas. Peut-être qu’une attaque est prévue et ils sont en train de discuter sagement dans une pièce. Depuis l’évasion et l’attaque des mutants, il est impossible de savoir quand une prochaine catastrophe frappera. Impossible de savoir quand les mauvais mutants referont surface. Encore moins quand HYDRA sortira de sa cachette. Alors, si ils peuvent déjà maîtriser une variable, un danger, ce serait déjà un bon début.


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Non non, rien de ce genre. C'est pas comme ça que je travaille. - Avais-je répondu à sa question sur les mercenaires et les voitures piégées. Ça impliquerait un investissement personnel, et donc par extension de laisser des traces. Ivan avait beau être un salopard de première, suppôt d'HYDRA qui plus est, ce qui était dans ma tête signifié par des bien moins jolis que salopard, il avait au moins l'avantage de rester dans l'ombre. J'avais appris ça de lui. On peut apprendre tout un tas de choses de n'importe qui, même de ceux qu'on déteste. L'information n'a pas d’alignement. J'avais finalement acquiescé lorsqu'elle m'avait assurer que ma fausse identité demeurerait intacte avant de reprendre le verre d'eau pour en avaler une gorgée. Je ne me faisais pas de soucis à ce sujet mais j'avais préféré que ce soit dit, au moins une fois.

Passé la période des demandes, voilà venu le moment des instructions. Enfin c'était plutôt de l'ordre d'un mode d'emploi pour le moment. Je n'étais pas à leurs ordres, c'était plutôt une relation à double sens, comme toutes les relations devraient être d'ailleurs. Je n'aurais à faire qu'à elle et c'était très bien, je doutais que Wilson veuille encore me voir après la ruelle. Il l'avait cherché faut dire, mais on en était plus là. Enfin moi en tout cas. Je reposais le verre sur la table et croisais mes doigts entre eux. - « Puisque tu as commencé à planifier la mort de ton employeur, je suppose que tu as fouiné dans ses affaires. Qu’est-ce que tu as découvert ? » - Non, moi je ne planifiais que sa chute. Je ne veux pas sa mort. D'où je me tiens, il est le seul à savoir où est mon père, le tuer reviendrait à perdre ce lien. - Je ne réfléchissais pas comme un tueur. Je pouvais peut être analyser les choses froidement pour garder une forme d'objectivité quand aux résultats mais je ne voulais pas tuer. Ce n'était pas une option. Ça pouvait arriver mais ça ne serait jamais prémédité.

En réalité je n'ai pas grand chose. C'est bien pour ça qu'utiliser les gangs pour attaquer la mafia était une bonne idée sur le moment. Faut d'attaquer le roi, j'attaque ses défenses. - J'ordonnais mes pensées avant de reprendre. - Je connais ses méthodes, sa façon de penser. Je ne sais pas où il vit et il n'a pas de bureau assigné, que je sache. Je sais qui sont ses gardes du corps, il en a toujours au moins un avec lui mais jamais le même. Si un est compromis, il remplace toute l'équipe. - Je venais de lui donner une possibilité d'infiltration, je le savais, mais j'avais aussi fais un signe en disant le mot "remplacer". Un geste clair. Il remplaçait l'équipe par une nouvelle mais l'ancienne n'était pas simplement mise au chômage non, elle était supprimée. - Autant dire que ça n'arrive pas souvent, ces hommes savent se tenir à carreau. - Mais passons. - Autrement, il ne me tient pas au courant de tout ses faits et gestes donc je ne connais pas son agenda. Il ne me fait pas confiance, après tout il me fait chanter, il sait que je ne suis pas avec lui par choix.
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En une phrase, il est passé de criminel à infiltré. En une phrase, il est parvenu à calmer les inquiétudes des agents au courant de sa présence. En une phrase, la tension qui pouvait régner dans les couloirs s’est apaisée. Maintenant, ils ont un allié dans la mafia. Ils ont un interlocuteur qui va pouvoir les informer et les guider. Ils ont une personne sur qui compter pour collecter des informations. Probablement que les muscles se sont détendus et que l’attention est moins accrue. Parce qu’il n’y a plus de risque. Il serait étonnant que Kayden utilise ses pouvoirs maintenant. Il serait étonnant qu’il tente de s’enfuir, alors qu’il vient de leur donner ce qu’ils veulent. A moins que ça ne soit le plan. Mais Sharon ne s’en soucie pas. Elle ne s’inquiète pas de ce qu’il se passe derrière les murs. Elle ne s’interroge pas sur le comportement de ses collègues. Elle est dans une bulle. Coupée du monde extérieur. Coupée de ses coéquipiers. Elle est enfermée dans cette pièce avec Kayden. Elle reste avec lui jusqu’à ce qu’elle donne le signal d’ouvrir la porte. Elle reste dans la même salle jusqu’à ce que la conversation soit terminée. Elle fait assez confiance aux autres agents pour intervenir en cas de besoin. Elle fait assez confiance en ses réflexes pour réagir si jamais. Tout est une histoire de confiance. Elle lui présente le fonctionnement des prochains jours. Des prochaines semaines. Avec les infiltrations, on ne sait jamais vraiment pour combien de temps on en a. Il en faudra pour réunir les informations nécessaires, pour les traiter et pour les utiliser. Il en faudra pour qu’un plan soit établi. Si tout se passe bien, cela pourrait être rapide. Sinon, cela prendra une éternité. Mais dans tous les cas, elle sera là. Elle sera la seule figure qu’il connaîtra du S.H.I.E.L.D., à part Wilson, évidemment. L’équipe Foxtrot doit rester dans l’ombre, tout comme les autres agents. De la même manière qu’il ne doit plus revenir ici. Si les derniers recrutements de l’organisation ont laissé passer un membre d’HYDRA, il pourrait être reconnu et dénoncé. Sharon sera donc la seule à être en relation avec le jeune homme. La seule sur qui il pourra compter si quelque chose tourne mal. Mais rien ne tournera mal. La réussite des missions est primordiale pour elle. Surtout quand des civils sont impliqués. Elle va veiller à ce que tout se passe à la perfection. Elle va s’assurer qu’aucun élément ne soit laissé de côté. Elle va vérifier que Kayden ne risque rien. “Non, moi je ne planifiais que sa chute. Je ne veux pas sa mort. D'où je me tiens, il est le seul à savoir où est mon père, le tuer reviendrait à perdre ce lien.” La nuance est subtile. Ses tentatives de renverser Pavlov pourrait mener à la mort. Une balle perdue. Une personne trop énervée et Pavov pourrait finir six pieds sous terre. Si Kayden souhaite l’éviter, il ne s’y prend pas de la bonne manière. L’objectif maintenant est d’apaiser les esprits de ses ennemis. L’objectif est de rendre la situation plus stable et sûre pour que l’équipe puisse faire son travail, dans de bonnes conditions, et que chacun survive.

En réalité je n'ai pas grand chose. C'est bien pour ça qu'utiliser les gangs pour attaquer la mafia était une bonne idée sur le moment. Faut d'attaquer le roi, j'attaque ses défenses.” Elle ne peut qu’approuver la démarche. Sa réflexion est intelligente. Elle ne peut que le saluer. L’idée qu’ils puissent bénéficier du regard et de l’aide de Kayden pour l’élaboration de leur plan d’action est agréable. Il n’est pas du genre à rester en retrait, à attendre. Il voudra être actif. Avec son regard, il saura se montrer critique. Le plan ne sera que mieux accepté de la part de Kayden si il le comprend. “Je connais ses méthodes, sa façon de penser. Je ne sais pas où il vit et il n'a pas de bureau assigné, que je sache. Je sais qui sont ses gardes du corps, il en a toujours au moins un avec lui mais jamais le même. Si un est compromis, il remplace toute l'équipe.” Pavlov va être difficile à trouver. Le contraire aurait été étonnant. La mission aurait été trop facile autant pour le S.H.I.E.L.D. que pour ses adversaires. Il va donc falloir ruser. Profiter de quelques rares occasions. Sauter sur une opportunité. Tout cela sans se précipiter et sans faire d’erreurs. Pourtant, la précipitation est le moment où l’on commet le plus de bavures. Ils vont devoir s’entraîner, répéter les gestes, ressasser chaque élément du plan. Mais ils n’en sont pas encore là. La première étape de l’infiltration consiste à mettre Pavlov sur écoute et à collecter toutes les données possibles. “Autant dire que ça n'arrive pas souvent, ces hommes savent se tenir à carreau.” Il n’y aura pas la possibilité de placer un agent infiltré parmi ses gardes-du-corps. Soit. Ils ne comptaient pas beaucoup là-dessus, de toute manière. Ils trouveront un autre moyen d’être près du Russe, que cela soit physiquement ou virtuellement. La situation semble trop dangereuse pour intégrer un agent à son service. Cela supposerait que les précédents hommes soient tués et que possiblement, la nouvelle équipe subisse le même sort. Hors de question. “Autrement, il ne me tient pas au courant de tout ses faits et gestes donc je ne connais pas son agenda. Il ne me fait pas confiance, après tout il me fait chanter, il sait que je ne suis pas avec lui par choix.” Là encore, rien d’étonnant. Ils peuvent agir à distance. Ils peuvent pirater son téléphone et récupérer toutes les informations dont ils ont besoin, sans avoir à toucher à ses affaires. Seulement être quelques secondes à proximité. Seulement être dans la même pièce. Si cela ne suffit pas, il y a d’autres moyens existent comme installer un virus sur son ordinateur. Des dizaines de solutions existent. Elle ne se fait pas de soucis pour ça. “Très bien. Comme être seul avec son téléphone ou son ordinateur va être impossible, on te donnera de quoi récupérer ses données sans rien toucher. Tu prendras l’appareil avec toi la prochaine fois qu’il te donnera des ordres et quand tu repartiras, on aura tous les accès dont on a besoin.” Dit comme ça, l’opération semble facile. Elle l’est, au final. La seule difficulté est de rester assez longtemps pour que l’appareil fasse son job. La seule source d’angoisse et d’inquiétude. Sinon, tout ira bien. Kayden ne sera pas pris sur le fait. Il ne sera pas soupçonné d’espionnage. Il ne sera pas mis en danger.

Assez parlé de la mission qui intéresse le S.H.I.E.L.D. Les autres détails viendront plus tard. Les précisions seront apportées dans un second temps. Pour le moment, elle veut tenir sa promesse. Elle récupère tous les éléments disposés entre eux pour les ranger dans le dossier. Une fois fait, elle croise les mains sur la table. “Concernant la disparition de ton père, je suppose que tu as eu une preuve de son enlèvement. Qu’est-ce que tu as pu en tirer ? Est-ce que tu as pu obtenir des signes de vie de sa part ?” La difficulté avec les enlèvements est de savoir si la personne est toujours en vie. De savoir si les preuves apportées sont réellement obtenues le jour même ou il y a plusieurs années. Les enlèvements jouent sur la psychologie, sur le chantage. Il est difficile d’avoir les idées claires quand un proche est retenu prisonnier quelque part, dans le monde, sans pouvoir donner des nouvelles. Mais si Pavlov a consenti à fournir quelques photos ou quelques preuves physiques, peut-être qu’ils pourront remonter jusqu’au paternel. Peut-être qu’ils trouveront indice pour le localiser. Pour le savoir, elle doit tout connaître. Elle doit avoir tous les éléments en sa possession. Hill ne sera peut-être pas d’accord que l’un de ses chefs d’équipe outrepasse ses droits et ses missions. Elle ne sera peut-être pas conciliante. Sharon trouvera les mots pour la convaincre. Elle trouvera les arguments pour gagner son autorisation. Une promesse, ça se tient. En particulier lorsque l’on porte le nom de Carter.


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J'acquiesçais lorsqu'elle parlait de me donner le moyen de mettre ses appareils sur écoute sans rien toucher. - Ça ne devrait pas poser de problèmes. - Seul je n'avais pas accès à ce genre de technologie. J'aurais pu me débusquer un type qui s'y connaissait mais j'aurais perdu en discrétion et la confiance, c'était pas mon fort. Avec cet apport en ressources les choses allaient être bien plus simples. Pas faciles, juste, moins fastidieuses. Quand elle était revenu à mon père, je m'étais raidi. Parler de mon père en soit ça allait, je l'avais déjà fais un peu plus tôt. Mais penser aux preuves de son enlèvement était un point relativement tendu. Oui, j'en avais eu, bien sûr que oui. Et autant la première était soft, autant les autres... Je me recollais à ma chaise, croisant les bras. J'allais parler, j'allais répondre, j'avais juste besoin d'une seconde pour passer le souvenir un peu dégouttant de la seconde preuve. J'avais vu pire, bien pire, mais c'était mon père, ça n'avait pas le même effet.

Un jour on a glissé une enveloppe sous ma porte. Dedans il y avait une photo de lui, attaché à une chaise, passé à tabac et derrière la photo était inscrit un petit message d'Ivan. - Je passais les détails du message en question, elle pouvait très bien imaginer ce qu'il avait pu me dire pour signifier que l'état de mon père ne dépendait que de ma coopération. - Sauf que j'ai pas marché. Enfin j'ai pas voulu revenir sous sa coupe donc j'ai essayé de forcer son relâchement. Alors ils m'ont envoyé un petit colis avec une phalange dedans. Le bout de son annulaire. Je le sais parce que la semaine suivant j'avais une nouvelle photo avec le journal. - Je vous raconte pas mon état quand j'ai reçu ce bout de doigt. L'appartement a tremblé, vraiment tremblé. - Depuis je reçois une photo de façon régulière, toujours avec le journal du jour pour attester de la date... - Je faisais une pause. - Ils le gardent en vie mais clairement pas en bon état. Dans les dernières photos que j'ai eu il est pâle et amaigri. - Ça faisait plus d'un an qu'ils me tenaient avec ça, plus d'un an que mon père était avec eux.

Je tordais mon cou et faisais craquer ma nuque avant de me redresser. - Je te donnerais les photos, vous y trouverez peut être un détail que je n'ai pas vu mais crois moi, je les ai étudié pendant des heures. - De très longues heures à chercher un détail qui me permettrait de situer l'endroit sans succès. Il était toujours attaché à cette chaise, toujours dans un coin sombre, avec ce journal sur les genoux. - J'ai gardé la morceau de doigt. Au départ je l'ai conservé au frais dans l'espoir de pouvoir le recoudre mais c'est pas infini alors il est dans mon congélateur maintenant. - Je ne pouvais retenir un léger rire devant le ridicule de ma phrase.
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